Un service public
Angle mort

Un service public

En 1964, l’arrivée des "sacres" dans le téléroman Septième nord créait au Québec un petit scandale. La télé d’ici venait de transgresser un autre interdit.

Depuis, c’est fou les tabous qu’on a abattus! Il y a eu le premier noir à la télé, le premier couple partageant le même lit (Janette Bertrand et Jean Lajeunesse), le premier gai, le premier père incestueux (dans L’Héritage) et Éric Salvail.

Puis, il y a eu Les Bougon. Une soupe aux tabous. Une série dédiée exclusivement au grattage des bobos les plus honteux de notre société. Radio-Canada s’attendait à un torrent de plaintes.

Or, Dolorès Bougon a eu beau tenir un bordel en milieu familial, une seule scène a vraiment soulevé l’ire de l’auditoire: celle où Junior a fait disparaître le cadavre d’un chat dans les toilettes.

Pour le reste, les Bougon n’ont pas choqué pour la peine. Pourquoi? L’auteur de la série, François Avard, a une explication mathématique du phénomène: "Les intégristes que l’on voulait picosser ne nous regardent plus, dit-il un brin déçu. Quand les premiers épisodes ont été diffusés, jusqu’à 2,5 millions de personnes nous ont regardés. Mais depuis janvier dernier, on a un public steady de 1,8 million de téléspectateurs chaque semaine. Ce sont des fidèles qui s’attendent à ce qu’on les pique."

Un livre pourrait être écrit sur l’utilité sociologique de cette émission. À mon avis, Les Bougon ne choquent pas, car ils font du bien.

C’est peut-être ce que l’on retiendra de cette épouvantable famille lorsqu’elle quittera les ondes dans quelques semaines. Car au-delà des gros mots et des scènes disgracieuses, cette série a été la soupape d’évacuation qui a permis à une tranche cynique de la population d’évacuer un peu de pression… Plus qu’un divertissement abêtissant, la famille Bougon a été un service public. Un des rares services publics, d’ailleurs, dont personne ne s’est vraiment plaint.

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DANS MA TÉLÉ…

Dictée des Amériques

Amoureux de la langue française, à vos crayons! Luck Mervil est l’auteur de la 13e Dictée des Amériques. Il en fera la lecture devant quelque 100 participants réunis dans la salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale du Québec.

Télé-Québec, le samedi 18 mars, 19h

Les Chiefs

Dessous peu reluisants d’une équipe de hockey semi-professionnelle inspirée du film-culte Slapshot. Pour les Summum-Chiefs de Laval, il n’y a pas de hockey sans sang. Joueurs, gardiens de but, entraîneurs… Tout le monde prend part aux bagarres. Décidément, il y a des degrés de débilité que je n’arriverai jamais à saisir.

Canal D, le dimanche 19 mars, 19h

La Soirée des Jutra

La grande fête annuelle du cinéma d’ici, animée pour la première fois par Normand Brathwaite. Si l’on se fie aux probabilités, C.R.A.Z.Y. et Maurice Richard devraient faire le plein de statuettes.

Radio-Canada, le dimanche 19 mars, 19h30

L’EAU: BIEN PRIVÉ OU BIEN COMMUN?

À Méchant contraste! cette semaine, un sujet dont on n’a pas fini d’entendre parler. À qui appartient l’or bleu? Un reportage sur des municipalités confrontées au manque d’eau potable et un débat sur la nationalisation de l’eau.

Télé-Québec, le lundi 20 mars, 19h