J'aime la pub
Angle mort

J’aime la pub

J’en conviens, mon journal n’existerait pas sans la publicité. C’est d’ailleurs le cas pour à peu près tous les médias privés. Donc, être journaliste et dénoncer la pub, c’est un peu mordre la main qui nous nourrit.

Fort heureusement, ce n’est pas mon problème. Car j’aime la pub.

La pub me propose des produits et des services destinés à me rendre plus heureux. En me poussant constamment à réviser ma définition du bonheur, la pub me garde en alerte, me rend plus vivant…

Chaque jour, c’est avec un plaisir renouvelé que je gobe les quelque 3000 messages publicitaires qui me sont destinés. Du subtil panneau d’affichage le long de l’autoroute au moindre courriel non sollicité promouvant un moyen efficace d’augmenter le volume de mon appendice pénien.

J’aime toutes les formes de publicité. Mais j’avoue avoir un faible pour les camions publicitaires. Vous savez, ceux qui sillonnent les rues du centre-ville en traînant leurs messages illuminés et porteurs de sens? Ajouter de la pub à la densité du trafic urbain, quelle trouvaille!

Oui, j’aime la pub. Tellement que j’ai étudié en pub! À peine pubère, je caressais déjà le rêve que ma créativité serve de nobles visées: aider le peuple à choisir une meilleure assurance-vie, guider les femmes vers la crème des crèmes (celles avec micro-nutriments suractivés et boucliers antioxydants).

C’est à ce genre de cause que je désirais consacrer mon passage sur terre. Les choses ayant mal tourné, j’ai plutôt atterri en journalisme, condamné à traiter de sujets déprimants comme la politique ou les changements climatiques.

N’empêche, j’ai toujours la pub tatouée sur le coeur. Et les publicitaires sont mes héros. D’ailleurs, j’ai vu récemment la pub de Rogers qui revisite la chanson L’été, c’est fait pour jouer, de Passe-Partout. Brillant. Vendre des téléphones cellulaires en se servant du souvenir nostalgique d’une série télévisée financée par le ministère de l’Éducation, et dont l’objectif général était d’aider les enfants à s’affirmer en tant qu’individus à part entière… Il fallait y penser!

Or, par la plus heureuse des coïncidences, le nouveau docu-feuilleton Histoires de pub, qui démarre cette semaine à Radio-Canada, nous fait justement entrer dans les coulisses de l’agence responsable des publicités de Rogers, Marketel. La création publicitaire, vue de l’intérieur. Les tourments de ces créateurs, qui ne comptent pas leurs heures afin d’aider les entreprises les plus riches à communiquer plus efficacement. Le quotidien de ces glorieux, dont le génie sert à alimenter ce qui est devenu le principal système culturel de notre époque. Les voir à l’oeuvre, c’est un pur bonheur…

Histoires de pub, à Radio-Canada, dès le lundi 19 juin, 19h30.

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WWW

Jadis, lorsque je voulais m’informer sur le monde de la pub et des communications, je lisais Mickaël Carlier dans le site du magazine Infopresse. Puis, un jour, il est disparu. J’apprends aujourd’hui que le journaliste était en voyage en Afrique et en Asie du Sud-Est. Il en est revenu transformé. Plus sensibilisé que jamais aux enjeux sociaux et environnementaux, il a décidé de donner une orientation nouvelle à sa carrière. En alimentant le site Internet Novae, Carlier souhaite informer la population (et particulièrement les gens d’affaires) sur des sujets comme la responsabilité d’entreprise et le développement durable. Son but: "rapprocher l’écologie de l’économie". Inspirant. www.novae.ca

MAGAZINE

Le magazine britannique Bulb en est déjà à son 10e numéro. Sachez-le, ce n’est pas un magazine ordinaire, mais une coopérative sans but lucratif dont les profits sont réinvestis dans les objectifs sociaux visés par la publication. Bulb est bourré d’articles portant sur l’altermondialisme, l’environnement, la politique, la sous-culture, la gauche en général. Un magazine pour une jeune génération qui, comme bien des générations avant elle, souhaite refaire le monde sur de nouvelles bases. L’idéalisme est un passage obligé. Bulb Magazine www.bulbmag.com

TÉLÉ

Pour la 4e saison de la série Dossiers justice, un retour sur le procès opposant Sophie Chiasson et le roi déchu de la station radiophonique de Québec CHOI FM, Jeff Fillion. Ironiquement, ce dernier a toujours invité ceux qui se sentaient diffamés par ses propos à le poursuivre en justice. Il n’aura fallu qu’un seul procès pour le détrôner. Vie et mort d’un colosse aux pieds d’argile. Dossiers justice – Jeff Fillion K.O., à Canal D le lundi 19 juin, 20h.