Femme libérée
Angle mort

Femme libérée

C’est un beau paradoxe. Si, en 2006, des fillettes peuvent se présenter en classe vêtues de l’uniforme officiel des guidounes de petite vertu, c’est en grande partie à cause des luttes féministes des années 70.

Tout à fait.

Car si les femmes ou les fillettes sont aujourd’hui libres d’interpréter leur féminité comme bon leur semble, c’est à cause du féminisme. Et si les femmes ont aujourd’hui le droit d’investir le marché du travail, de se faire avorter, d’être jurées ou de gober bêtement un oeuf dans le vinaigre au fond de la taverne la plus crado en ville, c’est encore et toujours à cause du féminisme.

Il y a encore du travail à faire, mais les femmes sont libres au Québec. Libres, donc, de porter des vêtements sexy. Est-ce un gain ou un effet pervers du féminisme? La question porte à réfléchir.

Ce qui m’étonne, cependant, c’est d’entendre des jeunes femmes au look plus que suggestif parler avec mépris des "féminissses". Un peu comme si ces dernières n’étaient que de tristes reliques frustrées, des fossiles vivants incapables de s’adapter au présent.

Un simple "merci" serait plus approprié, car sans ces femmes qui ont levé le poing, il y a plus de trois décennies, nos wannabe guidounes du 3e millénaire seraient encore considérées comme des choses appartenant à leurs maris, prisonnières de leurs casseroles, habillées en Môman Plouffe.

Deux émissions cette semaine abordent le thème du féminisme.

D’abord, le dernier épisode de Tout le monde en parlait, à Radio-Canada, nous replonge dans les combats du Front de libération des femmes. C’est fou combien on a évolué depuis! Oui, la révolution féministe a bel et bien fait entrer le Québec dans la modernité.

Ensuite, Jeux de société, à Canal Vie, examine le phénomène des "poupounes". S’habiller sexy: une forme de pouvoir sur son corps ou une soumission à l’homme? Malgré la pertinence des nombreux invités, aucune réponse n’est donnée.

Il faut toutefois entendre la "poupoune" en chef du Québec, Anne-Marie Losique, s’exprimer sur le sujet. Elle qui assume ses décolletés abyssaux, et qui dirige "une PME qui fait des millions", que pense-t-elle de l’hypersexualisation des femmes?

Eh bien, voilà: pour elle, le sujet n’a aucune espèce d’importance. Selon la productrice, on devrait plutôt parler des millions de femmes, ailleurs dans le monde, qui vivent dans des pays où la libération de la femme n’est pas même un vague sujet de discussion. "On ne parle jamais d’elles", selon Mme Losique.

Elle a raison: la situation des femmes en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique est à ce point pathétique que cela rend bien insignifiants nos petits débats sur la signification sociale des chandails bedaines.

J’y pense… Puisque qu’Anne-Marie Losique produit des émissions de télévision, pourquoi ne produirait-elle pas une série documentaire sur l’état des femmes dans le monde? Put your money where your mouth is, après tout…

Tout le monde en parlait, la lutte des femmes (1964-1975), à Radio-Canada, le mardi 5 septembre, 19h30

Jeux de société, la poupoune: pouvoir ou soumission, à Canal Vie, le lundi 4 septembre, 21h

Si vous souhaitez, vous aussi, qu’Anne-Marie Losique produise une série sur les femmes du monde, demandez-le-lui par courriel: [email protected].

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RADIO

C’est lundi prochain que Christiane Charette s’installe officiellement sur le trône de Marie-France Bazzo, réchauffé cet été par Patrick Masbourian. Pour sa première, une tournée des vedettes de la rentrée de Radio-Canada (radio et télé). Oui, car Quebecor Média n’a plus le monopole de la convergence désormais. Cette année, Radio-Canada saute aussi dans la parade. Christiane Charette, à la Première chaîne (95,1 FM), dès le lundi 4 septembre, 9h

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WWW

Le Panoptique, une revue mensuelle en ligne, concoctée par une vingtaine d’universitaires montréalais. Des textes bien fignolés qui abordent sept volets "nécessaires à la compréhension de l’expérience humaine", soit les arts et la littérature, l’économie, l’environnement, la politique, les sciences et la société. www.lepanoptique.com

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MAGAZINE

Dans la plus récente édition du magazine Harper’s, l’histoire fascinante d’un jeune propagandiste américain en Irak. Aussi, une réflexion intelligente sur l’apprentissage de la lecture à l’ère des jeux vidéo… Harper’s, septembre 2006.