Angle mort

Le débat sur le débat

En secret, Françoise David et Amir Khadir (respectivement "porte" et "parole" de Québec Solidaire), ainsi que Scott McKay (chef du Parti vert du Québec), doivent jubiler de ne pas avoir été invités à participer au grand débat des chefs.<p>En effet, quelle occasion rêvée de faire parler d'eux lors de cette campagne électorale.<p>Soixante-douze heures après l'annonce de leur non-invitation au débat télévisé, 10 000 personnes avaient signé la pétition <i><a href="http://www.debatpourtous.net" target="_blank">www.debatpourtous.net</a></i> réclamant un débat "juste" et "démocratique". Au moment d'écrire ces lignes, la pétition avait été signée par plus de 17 000 personnes.<p>La question semble galvaniser le public plus que tout autre enjeu dans cette campagne.<p>La semaine dernière, 15 % de toutes les nouvelles traitant des élections provinciales ont porté sur ce débat des chefs, selon Influence communication. Ce fut le deuxième sujet abordé par les médias, après le sondage CROP plaçant le PQ troisième à Québec.<p>Donc, jusqu'à maintenant, les deux plus importants dossiers "électoraux" couverts par les médias ont porté sur un sondage et la structure d'un débat télévisé. Les "vrais" enjeux? Ils sont tous loin derrière. Mais bon, l'intérêt du public vs l'intérêt des médias, c'est une autre histoire.<p>Toujours est-il que, petit à petit, Québec Solidaire et le Parti vert sont en train de se cristalliser dans l'esprit des électeurs comme étant les "petits" affrontant les "gros". David contre Goliath. Dans le récit, c'est David qui gagne, en passant.<p>Québec Solidaire et le Parti vert, forts leur non-invitation au débat, gagneront de la sympathie de la part des électeurs, toujours prêts à dénoncer les injustices… À l'urne, cela pourrait même s'avérer payant. <p>En 1994, Mario Dumont, jeune chef d'un jeune parti, l'ADQ, avait rué dans les brancards lors de sa première campagne électorale. Lui non plus, à l'époque, n'avait pas été invité au débat des chefs. "Le débat sur le débat a attiré l'attention du public sur son parti et fait passer les intentions de vote à son endroit de 3 % à 9 %", écrivait Denis Monière, professeur au département de science politique de l'Université de Montréal, dans <i>Le Devoir</i> la semaine dernière.<p>Mario Dumont, il y a 13 ans, a donc pu tripler le nombre de ses électeurs à cause d'un débat auquel il n'a jamais participé. Jouons aux Jean-Marc Léger de pacotille: si Québec Solidaire et le Parti vert triplent, eux aussi, le nombre de leurs intentions de vote, cela pourrait donner à chacun des partis 15 % du vote aux prochaines élections. Bon, ça n'arrivera pas. Une chose est sûre cependant, ne pas participer au débat des chefs est actuellement la meilleure stratégie pour QS et le PV.<p>Ces deux partis vivent présentement une petite lune de miel avec les électeurs. On les découvre tranquillement. On parle d'eux dans les journaux tous les jours. Ils gagnent de l'influence sur le terrain. Petit à petit, l'oiseau fait son nid. Pour eux, un débat raté pourrait tout gâcher. Il y a un risque. Pas de débat du tout? Aucun risque.<p>Voilà pourquoi je suis convaincu que, dans leur for intérieur, les chefs de Québec Solidaire et du Parti vert remercient le ciel chaque soir d'avoir été écartés du débat. Rien de tel qu'une apparence d'injustice pour rallier le peuple à sa cause…<p>*<p>Le débat des chefs 2007, à Radio-Canada, TVA et Télé-Québec, le mardi 13 mars, 20 h.<p>À noter: RDI présentera un débat à cinq au cours duquel des représentants du PLQ, du PQ, de l'ADQ, de QS et du PV seront invités à confronter leurs programmes. À RDI, le jeudi 15 mars, 19 h. Les participants n'étaient pas connus au moment de mettre sous presse.<p>ooo<p><b>TÉLÉ</b><p><img src="http://media.voir.ca/_images/montreal/2110/texte/media_punk_2110.jpg" align="left" alt="" /> Imaginez deux punks qui se lancent en politique. En janvier 2006, lors des dernières élections fédérales, Roach s'est présenté comme candidat indépendant dans Outremont. Son but: promouvoir la représentation proportionnelle afin que les marginaux soient enfin entendus. Son copain Starbuck, "un <i>freak show</i> ambulant qui se rentre des drapeaux du Canada dans le cul", souhaitait plutôt détruire le système. Il y a quelque chose d'absolument irrévérencieux dans ce petit film sans prétention, mais aussi un regard complètement neuf sur la chose politique. <i>Punk le vote</i>, à Canal D, le dimanche 11 mars, 21 h.<p><b>TÉLÉ</b><p>Un documentaire en trois parties sur l'envers des grands magazines tels que <i>Vanity Fair</i>, <i>Playboy</i>, <i>Times</i>, <i>Rolling</i> <i>Stone</i>, <i>Paris</i> <i>Match</i> ou <i>Wallpaper</i>. À Télé-Québec, première partie le dimanche 11 mars, 19 h.<p>