<i>AVERTISSEMENT: Veuillez prendre note que la chronique de cette semaine est le fruit d'une expérience unique. Il s'agit d'une oeuvre collective. Car, voyez-vous, ce texte a été rédigé en grande partie par les internautes à l'aide d'un outil collaboratif en ligne de type wiki. Je n'ai opéré çà et là que quelques points de suture afin de contenir l'hémorragie. Je tiens à remercier Ginette, Patrick, Jean, Anne et les autres auteurs anonymes pour cette toute première chronique Médias "en gang"…</i><p>Voici une brève et hypothétique histoire du journalisme. Les détails comme le fond ne sont probablement pas exacts, mais on s'en fout.<p>Au temps des hommes des cavernes, il y en a un qui se faisait le porteur des nouvelles des grottes environnantes. Le premier journaliste était donc une sorte de messager/potineux.<p>Un beau jour de la nuit des temps, le chef d'une tribu influente, voyant que ce premier journaliste était écouté et respecté, lui a demandé: "Ô toi, homme de mots sacrés! Proclame dans la tribu voisine que MA tribu est la meilleure. En échange, je t'offre le plus gros steak de brontosaure que tu n'as jamais savouré."<p>[Bien sûr, le brontosaure a disparu plusieurs millions d'années avant l'apparition de l'homo sapiens. Mais tant qu'à être inexact sur les détails, allons-y à fond.]<p>Bref, le premier journaliste a accepté l'échange. Ventre affamé n'a point d'oreilles, et encore moins le sens de l'objectivité. Notre potineux des temps anciens a donc adapté ses actualités du jour afin de placer la promo de la tribu voisine avant les grands titres habituels. Tout le monde n'y a vu que du feu.<p>[Remarquez, comme le feu était la grosse nouveauté technologique de l'époque, nos ancêtres avaient toujours "le nez collé sur la braise". D'ailleurs, les mères n'en pouvaient plus de dire à leurs enfants: "Ne regarde pas le feu de trop près! Tu vas abîmer tes yeux!"]<p>Mais revenons à nos Cro-Magnon. Ce jour-là, le premier journaliste est devenu la première courroie de transmission. Dès cet instant, les médias ont cessé d'être libres et désintéressés. En fait, la pleine liberté de la presse a dû être une réalité préhistorique très ponctuelle. En tout et pour tout, elle a peut-être duré, quoi, trois semaines?<p>Après ce steak de bronto, jamais plus les médias n'ont été entièrement libres. Quoi qu'on en pense, toute communication médiatique est influencée par quelqu'un, quelque part, qui cherche à atteindre un certain but. Aussi subtil est-il.<p>Tenez, même à l'époque de la Révolution française, lors de la naissance de la presse, le pamphlet servait de moyen de communication. Or, il avait des intérêts idéologiques: ceux de promouvoir l'idée de la Révolution. Peut-on parler de médias "libres"? Pas sûr.<p>Aujourd'hui, la majorité des médias des pays dits "capitalistes" sont mercantiles. Voilà tout le problème! On ne le dit pas assez souvent: c'est un gros problème.<p>Ces médias sont soumis à la loi de l'offre et de la demande. L'actualité est influencée par ce que les annonceurs doivent vendre. Ainsi, on aura régulièrement un cahier <i>Auto</i> dans un grand quotidien afin de permettre aux riches vendeurs d'autos d'annoncer leurs soldes qui feront vendre encore plus d'autos. On aura moins souvent un cahier <i>Transport en commun</i>, parce que les vendeurs de transports en commun n'ont pas une <i>cenne</i>. Dans le choix même des sujets abordés, le contenu médiatique est influencé par l'argent. <p>J'exagère? Considérez plutôt ce récent sondage du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier – le syndicat le plus important des médias du Canada – réalisé auprès de 850 journalistes canadiens. 77,4 % des répondants estiment que les questions bêtement promotionnelles influencent la politique rédactionnelle de leur média. Pire: 49,3 % des répondants affirment que leur journal ou leur station ne fait aucune différence entre la publicité et les nouvelles! Et ce sont des journalistes qui parlent…<p>Lorsque le premier journaliste des cavernes a découvert qu'il pouvait se payer du steak de bronto en jouant les <i>publireporters</i>, savait-il quelle boîte de Pandore il ouvrait?<p>ooo<p><b>TÉLÉ</b><p><table cellspacing="0" cellpadding="0" align="left"><tr><td><img src="http://media.voir.ca/_images/montreal/2132/texte/media_fanny_2132.jpg" align="left" alt="" /></td></tr><tr><td><font color="gray" size="1"><i>Fanny et Alexandre</i></font></td><tr></table> Alors que l'on célèbre le triste anniversaire d'Hiroshima et de Nagasaki, un documentaire montre que les survivants des bombes atomiques auraient servi de cobayes aux Américains. Une thèse inquiétante, soutenue par plusieurs films d'archives. <i>Blessures atomiques</i>, à Télé-Québec, le dimanche 12 août à 23h51.<p>Voyez ou revoyez <i>Fanny et Alexandre</i>, long métrage <i>oscarisé</i> du maître Ingmar Bergman, décédé le 30 juillet dernier. À ARTV, le jeudi 9 août à 21h.<b></b><p>
Je reviens tout juste d’un voyage, sans télévision, Internet et journaux… Je décide de le terminer en allant rendre visite à ma famille, à Baie-Comeau, là où il y a une dizaine d’années, il n’y avait qu’un seul journal local, l’Objectif Plein-Jour, distribué deux fois semaine. Puis, il y a environ cinq ans, un deuxième journal local a fait son apparition, sans trop nuire au premier, puisque ce dernier est publié dans la région de la Côte-Nord au complet et non plus seulement dans la ville.
Je suis venue rendre visite à mes parents et mes soeurs il y a à peine un mois, toujours les deux mêmes journaux locaux au service de la population.
Voilà que j’arrive ici hier, et que vois-je sur le bord de la table? Le Journal de Baie-Comeau. Qu’est-ce?? L’Objectif Plein-Jour aurait-il changé de nom? Le Journal de la Haute-Côte-Nord, peut-être? J’approche mes yeux, farfouille la première page pour voir ce qu’il y a de nouveaux dans ma p’tite ville natale, et puis hop! Eurk! Dégoût et déception: Québécor Média. Juste là, en petit mais pas trop, en haut, sous le titre du nouveau journal.
Il n’y a pas là un lien direct avec ce que vous soulever sur l’intérêt caché derrière chaque journal, derrière chaque canal télévisé, etc. Mais chose certaine, il y en a un indirect. Québécor Média a trouvé le sien dans une petite ville, là où il sait que son Journal du Québec est «le seul» quotidien lu par tous, là où il sait être capable d’avoir l’argent pour défaire rapidement les autres journaux établis depuis si longtemps, là où il sait très bien que les gens cherchent du travail, qu’il leur en créera et qu’en en plus, ils sont peu à voir l’urgence de préserver leurs médias locaux. Ils seront même pour la plupart fiers de travailler pour une compagnie qui a si bien réussi!
Pas tous, non j’en suis convaincue (je l’espère fort du moins), mais je sais bien qu’ici les gens sont plus «civic montée» que «préservons notre culture».