Comment faire pour qu'une émission culturelle soit un reflet fidèle et pertinent des multiples expressions artistiques du moment? La question revient souvent.
Elle m'est revenue cette semaine lorsque j'ai appris la mort de Méchant Contraste!
Animé par Matthieu Dugal et diffusé sur les ondes de Télé-Québec, ce magazine à teneur sociale et culturelle débusque aux quatre coins de la province des sujets qui étonnent et détonnent. Le conformisme vs la contre-culture. L'art anarchiste. Le marketing de la musique classique. Le théâtre saguenéen. Les effets pervers de la pub verte. La représentation médiatique de la femme.
Depuis quatre ans, cette émission a acquis de la maturité. Les critiques l'aiment. Et sans grands efforts de promotion, Méchant contraste! réussit tout de même à attirer une moyenne de 50 000 téléspectateurs par semaine. Une marque honorable pour Télé-Québec.
On s'explique donc mal le retrait de cette émission. Martin Roy, le nouveau directeur des programmes de la chaîne – celui qui a aussi tiré la plogue sur le plus gros succès de Télé-Québec, Ramdam -, dit vouloir changer la formule de Méchant contraste! pour en faire une sorte d'Enjeux panquébécois qui aborderait des sujets sociaux de façon "plus journalistique". Attendons de voir.
D'ici là, tout un pan de la culture locale perd une belle vitrine. Il faudra compter sur Ça manque à ma culture qui, à mon avis, manque surtout d'intérêt.
Mais revenons au propos initial. Pourquoi la culture a-t-elle tant de mal à se frayer un chemin jusque sur les plateaux de télévision? Peut-être faudrait-il poser la question autrement. Le petit écran est-il un transmetteur de culture?
Lorsqu'on effleure la question, on ne peut s'empêcher de rappeler la glorieuse époque des émissions culturelles de Radio-Canada. Les Beaux Dimanches et les téléthéâtres. Ah! Que c'était donc plus mieux jadis qu'aujourd'hui!
Il est vrai qu'aux balbutiements de la télévision, les jeunes intellectuels qui s'étaient emparés de la chaîne d'État voulaient rapprocher la Grande Culture des masses laborieuses.
Or, ce fut un rêve éphémère. Naguère, si des téléthéâtres purent rassembler plus d'un million de téléspectateurs, c'est d'abord parce que le public était captif d'un seul poste. L'arrivée des émissions plus frivoles de Télé-Métropole, en 1961, brisa le monopole radio-canadien et révéla la véritable nature de la télévision: le divertissement.
"Essentiellement, la télévision cherche surtout à divertir. Elle s'est avérée un assez mauvais vecteur de contenus de type pédagogique", explique en entrevue Michel Lemieux, sociologue et auteur de La Télé cannibale (Écosociété). "Il faut relier tout ceci à la structure de la télévision, explique-t-il. Les gens y consacrent énormément de temps. Ainsi, pour que les téléspectateurs restent aussi longtemps devant leur téléviseur, les producteurs doivent mettre en ondes des émissions très légères, pas trop compliquées."
Voilà pourquoi, selon le sociologue, les émissions culturelles ont tendance à verser dans l'amusement hypocalorique.
La culture est en faillite à la télévision généraliste. Tenez, l'unique magazine culturel de Radio-Canada, On fait tous du show business, est balayé dans les marges les moins courues de la grille horaire: le dimanche à 15 h. J'appelle cela une abdication.
"Il ne faut pas compter sur la télévision généraliste pour documenter de nouveaux courants culturels, dit Michel Lemieux. Elle ne l'a jamais fait. Le cour du problème vient du fait que les cultures en train de s'inventer, de se former, ne sont jamais spectaculaires. La télévision ne fait que ramasser la culture lorsqu'elle est déjà faite."
Et ARTV? La chaîne culturelle grappille à peine 1 % des parts de marché. Si on y trouve quelques émissions culturelles originales (Mange ta ville, Viens voir les comédiens, Cabine C), force est de constater qu'ARTV connaît plus de succès lorsqu'elle remet à l'antenne de vieilles séries pigées dans les archives de Radio-Canada.
Que l'on vire le sujet de tous les bords, le constat est le même: la télévision n'est pas un lieu privilégié d'expression culturelle. Elle prend la culture au rebond, lorsque celle-ci devient populaire. C'est tout.
Il faut s'y résoudre. Les poètes, artistes visuels, chorégraphes, chanteurs d'opéra et comédiens de théâtre qui ne jouent pas dans Virginie manqueront toujours à notre télé…
Méchant contraste!, à Télé-Québec, les lundis à 19 h.
Plusieurs entrevues sont archivées sur le site de l'émission: http://www.mechantcontraste.telequebec.tv
Qui regarde la télévision? Je n’ai pas fait d’enquête, mais je croirais que ce sont des gens âgés comme moi. Les jeunes sont accrochés à Internet. Je comprends que les téléromans ou les téléséries soient si populaires. Ces émissions touchent à des problèmes humains que les vieux ont eu l’occasion de vivre un jour ou l’autre. Transcender ces situations n’intéressent personne. On ne veut pas le savoir comme disait Yvon Deschamps, on veut le voir. Montrez-nous des filles enceintes, des meurtres, mais évitez de nous faire savoir ce qui se pourrait. L’âge nous a enseigné q
Qui regarde la télévision? Je n’ai pas fait d’enquête, mais je croirais que ce sont des gens âgés comme moi. Les jeunes sont accrochés à Internet. Je comprends que les téléromans ou les téléséries soient si populaires. Ces émissions touchent à des problèmes humains que les vieux ont eu l’occasion de vivre un jour ou l’autre. Transcender ces situations n’intéressent personne. On ne veut pas le savoir comme disait Yvon Deschamps, on veut le voir. Montrez-nous des filles enceintes, des meurtres, mais évitez de nous faire savoir ce qui se pourrait. L’âge nous a enseigné q
Intéressantes et passablement véridiques sont ces réflexions sur la télévision. Mais, quant à moi, je suis, dans l’ensemble, assez indulgent vis-à-vis de la télévision. Celle-ci «donne» ce qu’elle peut «donner». Dans certains cas, comme à TQS, elle pourrait donner mieux et plus.
Mais en ce qui me concerne, le grand facteur du rapetissement de la télévision, c’est ce «mal nécessaire» appelé la publicité. Il est rare que je sois extrémiste. Mais vis-à-vis de la publicité je me montre radical et enragé. C’est un emmerdement majeur et, qui plus est, c’est une forme déguisée de propagande qui, parfois est pire que la propagande officielle des sociétés dictatoriales.
Et vlan! Il fallait que je le dise et l’écrive!
JSB
Nous (À CHOQ FM) on essaie de produire du contenu intelligent…
Mais c’est comme essayer de réchauffer le vent en criant…
publications-universitaires.qc.ca
Lors des nombreuses conférences que je prononce, que ce soit à Saint-Hyacinthe, Moscou ou Saint-Hyacinthe