Quand Eve Duranceau raconte Chantal Pary. Photo: Nathalie Bergeron
"Ma vie n'a rien d'extraordinaire et je suis la première à m'en rendre compte."
Sur ces mots s'ouvre l'autobiographie de Chantal Pary… qui fait malgré tout plus de 300 pages!
Quelque part dans l'ouvre, la chanteuse relate ses 11 années passées avec un homme qui, dans son sommeil, crachait sur elle en rêvant à des viet congs.
Bienvenue en Absurdie.
Ce passage épique de la vie qui "n'a rien d'extraordinaire" de Mme Pary a été lu au Café Cléopâtre le 7 avril dernier devant 140 personnes.
Et tout le monde était crampé.
Le truc s'appelle Bio Dégradable – Les écrits restent. Il s'agit d'un cabaret mensuel où des comédiens lisent des extraits choisis d'autobiographies de veuuuudettes locales (à prononcer en insistant sur le "u").
On rigole en entendant Anne Létourneau raconter son voyage astral. On pouffe lorsque Louise Deschâtelets décrit sa présence dans Peau de banane comme un moment charnière de l'histoire des femmes du Québec: "Simone et son patois Sainte-Fesse deviennent l'étalon de mesure de la femme libérée." On n'en peut tout simplement plus lorsque Andrée Boucher se répand (littéralement) en détail au sujet de son irrigation du côlon.
On finit par se dire: "Comment des gens ont-ils pu publier ça?"
En assistant au spectacle le mois dernier, une question m'est venue. Sont-ce les passages autobiographiques qui sont absurdes, ou le fait que 140 personnes se soient déplacées un lundi soir et aient déboursé 20 $ pour entendre le gars qui jouait dans Les Invincibles et d'autres comédiens lire lesdits passages?
Je n'arrive pas à trancher.
Le concept de Bio Dégradable est né à Los Angeles, en 1998. L'idée vient d'un auteur de télévision, Eugene Pack, qui l'a eue en écoutant des autobiographies sur livres audio. "J'étais stupéfait par ce que les gens écrivaient, écrit Pack sur son site Internet. J'ai pensé qu'amener ce matériel devant un public serait extrêmement divertissant."
En effet. Le concept a fait fureur. Après L.A., le cabaret Celebrity Autobiography s'est déplacé à New York où, récemment, Matthew Broderick a lu des extraits de l'autobio de Vanna White (la tourneuse de lettres dans Wheel of Fortune).
Au Québec, Bio Dégradable en sera lundi prochain à sa troisième présentation. Mais déjà, l'événement fait jaser.
Ce cabaret improbable est peut-être la revanche du simple citoyen sur l'hyperpipolisation de nos médias.
Il y a des gens – et j'en suis – qui n'en peuvent plus d'entendre des vedettes tartiner ad nauseam des tranches et des tranches de leur existence. Partout. Tout le temps.
Les p'tits magazines z'artistiques invitent la veudette à raconter ses vacances en famille. La veudette confie ses petites déceptions à telle émission de radio, avant d'aller parler de sa passion pour le bricolage à telle émission du matin. À force de s'étaler de long en large et de bas en haut sur toutes les tribunes, la veudette finit par croire que tout ce qui la concerne mérite d'être entendu.
C'est le corollaire d'une culture obsédée par le nombril de ses artisans.
Et l'autobiographie est probablement l'expression la plus pure de ce système culturel.
Dans son bouquin, la personnalité se livre et se délivre, sans contraintes. Entière. Elle noircit des pages de "je, me, moi". Elle met en scène sa propre personne dans un exercice souvent narcissique et encore plus souvent pathétique.
Bio Dégradable démontre par A+B que toute vie n'est pas autobiographiable. Janette Bertrand ou Hubert Reeves publient leurs mémoires? Pas de problème. Anne Létourneau ou la gagnante de Loft Story? Pense pas.
Voilà pourquoi, afin de souligner le gaspillage de papier causé par la publication de plusieurs autobiographies, les organisateurs de Bio Dégradable versent une partie des profits à la fondation Arbres Canada, qui encourage la plantation d'arbres… Gentiment cynique.
Au prochain Bio Dégradable, on ajoutera au menu des extraits de l'autobiographie d'une artiste qui dit avoir vécu "10 vies en une seule": Danielle Ouimet. Un récit qui, selon la quatrième de couverture, est "tantôt drôle, tantôt fantastique – à la limite du surréalisme".
Ça promet.
Bio Dégradable – Les écrits restent, le lundi 5 mai, 20 h, au 2e étage du Café Cléopâtre (1230, boulevard Saint-Laurent).
TELE /
Puisque la ville est hockey, Radio-Canada diffuse en première télévisuelle le documentaire Junior d'Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault. Un film sur les coulisses d'une équipe de hockey junior qui a reçu la semaine dernière le prix du meilleur long métrage documentaire canadien au prestigieux festival Hot Docs de Toronto. Le jeudi 1er mai, 20 h.
Et puisque le prix du pétrole revient hanter les pompes, un documentaire en deux parties s'intéresse aux conséquences géopolitiques de notre dépendance aux combustibles fossiles. Pétrole et pouvoir, à Télé-Québec, le mardi 6 mai, 23 h 15.
Mai qui diable a dit que la littérature ne se portait pas bien au Québec?!
Un jour Vincent Lacroix décide d’écrire ses déboires financiers. Ou un autre l’écrit à sa place avec rémunération. Ou encore qu’un troisième ait eu commende de produire le chef-d’oeuvre en devenir. Même si ce genre de bouquin ne contient généralement aucunes trouvailles littéraires, ca va se vendre à la tonne et le bon public voudra y trouver des petites phrases anodines que chacun interprétera à sa façon. La publicité aidant, le tour est joué! Tant mieux si on y apprend des histoires salaces pour ne pas dire cochonnes. Si en bout de ligne la vente s’avère un must, (pourquoi ne serait-ce pas le cas?), les télévisions locales ou le cinéma s’arracheront alors les cheveux pour acquérir les droits d’exclusivité. Au fond, les autobiographies ou biographies sont une affaire de gros sous. Pis faut qu’ça roule. Pour la gloire? Moi non plus! Mais pour l’argent, simonack!
Les bonnes âmes tenteront de dédramatiser ce scandale; elles diront que c’est une démarche personnelle intérieure de l’individu pour une meilleure réhabilitation dans la société.
Ce genre de scénario est répugnant. C’est une plaie de société que de se vautrer dans ce genre de marchandage émotif. Une imposture pure et simple!
C’est par curiosité que j’ai regardé « Junior » d’Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault qui ont amplement mérité leur prix à Toronto. Chose extrêmement bizarre j’ai adoré, alors que le film traitait de hockey dans les lignes mineures, d’où le titre « Junior ».
Belles images, bon rythme, pas de temps morts, les acteurs étaient vrais, au naturel, ce qui est surprenant pour des gars qui jouent leur propre rôle. Pour la plupart ce devait être une « première », du moins pour le grand écran. I. Lavigne et S. Thibault ont su capter l’essentiel de leur expérience côté documentaire. J’ai ri à mort avec la scène dans le car où les gars chantent en choeur: Le Seigneur est avec nous, Alleluia. Transposer un psaume archi connu dans un contexte pareil c’est original, génial même! Un genre d’humour que je ne connaissais pas. Mais après, ce ne fut plus drôle du tout…
Donc le hockey n’est pas ma tasse de thé. Pourtant en général la gent masculine semble y trouver le vrai bonheur. Ce que je n’ai nullement ressentit un seul instant pendant le film. C’est le coach je crois qui gueulait, c’est-à-dire qui crachait sur les gars du Drakkar! Pas aimé. Trop bête. Le joueur qui a pris une bière, l’autre qui s’en va l’IPE tout fier pour aller à l’université mais qui se fait ensuite virer vers Chicoutimi, etc. Pas de place aux subtilités encore moins à la dentelle dans les sports violents. Seuls comptent le sport, le hockey et les $$$. C’est à prendre ou à laisser.
Pis se défoncer l’cul pour ÇA! Ça alors! J’sus ben content d’häïr les sports physiques pis violents.