Vous, moi, nous tous fréquentons Google. Souvent plusieurs fois par jour et pour toutes sortes de raisons.
Une recette de cupcakes? Google. Le nom du gars qui jouait dans tel film? Google. Un restaurant indien à Val-d'Or? Il n'y en a pas, mais Google quand même.
Il y a toujours quelque chose à "googler", et l'on se fie à l'algorithme développé en 1998 par deux whiz kids de l'Université Stanford pour dénicher en 0,28 seconde 1 144 000 réponses à nos questions.
Mais qui se soucie des dessous de l'omniscient engin de recherche?
Google caresse l'ambition (modeste) "d'organiser toute l'information du monde". Les sites Web, les blogues, les images, les clips vidéo, les fichiers sonores. Tout. Même le contenu des livres.
C'est simple, Google veut devenir l'intermédiaire entre vous, moi, nous tous, et les océans d'information qui nous submergent désormais.
Les visées de l'archiconnu moteur de recherche ont de quoi faire frémir. D'abord, parce que celui qui "organise" l'information a aussi le pouvoir de cacher ou de montrer ce qu'il veut.
Pour calmer ces craintes légitimes, Google a une célèbre devise: "Don't be evil." (Ne sois pas méchant.)
En d'autres mots: "On s'occupe de tout, et on ne fera de mal à personne."
Or, les notions de "bien" et de "mal" s'étant avérées jusqu'ici d'une incroyable relativité, Google commence à trouver sa devise un peu lourde à porter.
En 2006, pour pouvoir conquérir le lucratif marché chinois, Google a foulé ses propres principes en acceptant de bloquer l'accès aux sites mis à l'index par l'État.
L'affaire a fait couler beaucoup d'encre, et encore plus de pixels.
Avant cette histoire, le Code de conduite de Google précisait que l'engin de recherche ne censurait "aucun résultat pour aucun terme de recherche".
Après l'épisode chinois, le Code de conduite a été amendé: "Il n'est pas dans notre politique de censurer des résultats. Cependant, pour être conforme aux lois, règlements ou politiques locaux, nous pourrions le faire."
En pliant devant les autorités chinoises, Google a-t-il fait le Bien ou le Mal?
Les patrons de la compagnie de Mountain View prétendent qu'il vaut mieux un Google censuré que pas de Google du tout.
C'est un point de vue.
Il y a eu d'autres cas où Google a usé de son pouvoir de contrôler l'information qu'il organise.
Le mois dernier, le site a refusé la publicité d'un groupe chrétien qui s'oppose à l'avortement, alors qu'il accepte les liens sponsorisés de cliniques d'avortement. En mars, à la demande du Pentagone, Google a retiré de Google Maps des images satellites de bases militaires. En 2002, Google a aussi effacé de ses résultats certains sites critiques envers l'Église de scientologie, après avoir reçu une plainte pour violation de droits d'auteur de la part des copains de Tom Cruise.
Bon. Jusqu'ici, les censures connues de Google m'apparaissent justifiées.
C'est plutôt le principe qui inquiète.
Un groupe de recherche du nom d'Ippolita a décidé d'explorer l'ombre que projettent les lettres de noblesse de Google. Dans l'essai La Face cachée de Google, on trouve une réflexion sur ce moteur de recherche "pas méchant", mais qui pourrait bientôt détenir le monopole de l'accès au savoir. "L'espace blanc de Google où l'on tape les mots-clés de recherche est une porte étroite, un filtre sans aucune transparence, qui contrôle et dirige l'accès aux informations", lit-on dans le bouquin. "Par là, Google se trouve en mesure d'exercer un pouvoir énorme, s'attribuant une autorité absolue dans un monde clos. Le modèle culturel de Google est donc l'expression directe d'une domination technocratique."
Google a acquis sa renommée grâce à une interface simple et épurée, et aussi parce que l'engin de recherche développé par deux petits futés représentait une solution de rechange cool aux autres moteurs de recherche pollués d'annonces publicitaires.
L'image de Google a bien changé depuis. Le gentil géant soulève maintenant les suspicions. Certains vont même jusqu'à lui coller un nom épouvantable: Big Brother.
La Face cachée de Google
d'Ippolita
Manuels Payot, février 2008, 236 p.
TELE /
Complément d'enquête explore les liens entre olympisme et politique, à quelques mois des Jeux de Pékin. Visite chez les athlètes chinois à l'entraînement, ces fonctionnaires au service de l'État et de sa propagande. On entre aussi dans les coulisses de Reporters sans frontières, alors que l'ONG organise son coup médiatique à l'occasion du passage de la flamme olympique à Paris. Aussi, une entrevue avec John Carlos, un des athlètes afro-américains qui avaient levé un poing ganté sur le podium des J.O. de Mexico, en 1968. À TV5, le jeudi 22 mai, 20 h.
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On tente de pirater le Voir, attention!