En avril 1993, devant des journalistes du National Press Club, l'auteur de Jurassic Park, Michael Crichton, annonçait que les grands médias américains allaient disparaître dans 10 ans. Sa sombre prédiction a fait jaser d'un bout à l'autre des États-Unis, et même jusqu'ici.
Pour l'écrivain, les médias de masse qui ne font plus qu'effleurer des sujets insignifiants et qui carburent à l'infodivertissement seront tout simplement incapables de vendre leur camelote lorsque l'information sera démocratisée grâce au Web. Et comme les dinosaures, ils s'éteindront. En revanche, plusieurs personnes seront prêtes à payer cher pour de l'information de très haute qualité. Un marché pour l'info béton naîtra.
Bon. Crichton s'est trompé.
Quinze ans après sa diatribe, les médias de masse vivent des heures mouvementées, certes, mais sont toujours bien vivants. Et plutôt qu'un marché pour "l'information payante de très haute qualité", le Web a surtout ouvert la porte à l'information gratuite de qualité très discutable…
Le magazine en ligne Slate a interviewé Michael Crichton en mai dernier pour savoir où en étaient ses réflexions sur les médias. Le gars est toujours aussi pessimiste.
À son avis, "le plus grand changement [des dernières décennies] est que les médias sont passés du fait à l'opinion et à la spéculation". Cette tendance est visible. Des journaux remplis d'articles écrits au conditionnel, basés sur des suppositions ou des sources anonymes. Des débats interminables sur des hypothèses du genre: "Est-ce qu'Hillary pourrait être candidate en 2012?" Sur les chaînes d'information continue, il y a aussi ces experts en résidence qui commentent pendant des heures les moindres remous de l'actualité. Tout cela, pour Crichton, fait que les faits foutent le camp.
"L'exactitude n'est même plus prise en considération, ajoute-t-il. Je pense que plusieurs jeunes reporters ne savent plus tout à fait ce que signifie ce mot, au-delà de l'exactitude orthographique."
Bref, la médiocrité médiatique lui fiche la trouille. "Une démocratie a besoin d'une bonne information. Nous ne l'avons pas. Nous n'avons rien qui s'en rapproche", soutient-il.
Je suis le premier à l'admettre, l'information que je trouve dans les médias me déçoit souvent. Surtout après des enflures médiatiques violentes comme la récente affaire Julie Couillard. Depuis, je ne peux plus voir un décolleté sans avoir la nausée.
Sauf que, n'en déplaise à Michael Crichton, le rôle des médias dans le bon fonctionnement de la démocratie doit être relativisé.
C'est ce que nous dit Anne-Marie Gingras dans son livre Médias et démocratie, le grand malentendu (Presses de l'Université du Québec, 2006). Cette professeure en sciences politiques déconstruit la thèse voulant que les médias soient des maillons de la démocratie. Eh non.
Cette fausse idée vient du fait que l'on considère souvent l'information médiatique comme étant de l'ordre de la "sphère publique", cet idéal démocratique "qui permet aux citoyens de se faire une opinion éclairée et de procéder à des choix politiques avisés".
Malheureusement, les médias ne sont pas une agora. Ils ne l'ont jamais été, d'ailleurs.
Selon Anne-Marie Gingras, les médias sont plutôt un outil au service des pouvoirs politiques et économiques. Ils tendent à être ce qu'elle nomme des "appareils idéologiques". "[Les médias] présentent l'ordre des choses [c'est-à-dire le système libéral capitaliste] comme le meilleur qui puisse exister de manière réaliste et visent à générer du consentement à son égard."
Parce qu'ils sont dépendants des pouvoirs politiques et économiques, les médias de gauche, de centre ou de droite "fabriquent du consentement" (manufacturing consent, selon l'expression de Noam Chomsky).
Ce consentement s'obtient d'un million de façons, et ce n'est pas le fruit d'un quelconque complot. Par exemple, lorsque les journalistes acceptent de couvrir une conférence de presse organisée pour eux, ils s'intéressent à des sujets financés par des élites économiques ou politiques, et non aux affaires publiques.
En somme, les médias ne sont en aucun cas un reflet fidèle de la "sphère publique". Est-ce une menace à la démocratie? Les pessimistes comme Michael Crichton répondront "oui" sans hésiter.
Il faut cependant considérer un détail: les médias n'exercent pas un contrôle total des esprits. L'information n'est pas reçue de la même manière par tous les auditoires. Les téléspectateurs ou les lecteurs de journaux ne sont pas (tous) de sombres crétins malléables à volonté. Comme l'indique Anne-Marie Gingras: "La production du consentement [à travers les médias] ne s'exerce pas sans remous ni conflits: elle donne lieu à des luttes qui constituent le fondement de la vie collective."
Les médias, chiens de garde de la démocratie? Pas vraiment. Mais pour faire japper le monde, par contre…
«Depuis, je ne peux plus voir un décolleté sans avoir la nausée.»
Tu est devenu homosexuel, Steve?
Outre cette blague facile, merci pour la suggestion lecture!
Il y a une lassitude générale envers les médias. L’un et l’autre se répètent en modifiant la formule quand ce n’est pas le fond même du propos. Je ne connais aucun média apolitique, ce qui est pourtant essentiel pour être plus intéressant ou moins partisan.
Il est strictement interdit de cataloguer untel ou unetelle d’être pro ou anti. La chose est carrément anathème. Chaque idée écrite énoncée est interprétée selon chaque lectorat visé où parfois une nouvelle n’en est plus une finalement. Des potins anodins peuvent prendre des allures grotesques comme ce fut le cas dernièrement avec Paris Mach et son numéro spécial sur le 400e de Québec. En conséquence il faut lire plusieurs informations de sources diverses pour se faire sa propre idée à soi, autrement on s’en va à hue et à dia. C’est à ce moment-là que le cheval prend le mors aux dents.
Le fin fond de toute cette histoire, c’est la trivialité voilée qui existe entre les grands médias pour faire la « UNE ». Ceux-ci sont obsédés de trouver le scoop potentiel sans même devoir rendre compte de la vraie teneur de l’évènement qu’ils veulent créer de toutes pièces.
Nous apprenons de source sûre que…
Si, comme Madame Gingras le soutient, les médias de masses n’ont jamais été les agoras de la démocratie libérale «moderne»; le pessimisme des gens comme Michael Crichton est complètement superflu. Si les médias de masse n’ont été que des véhicules idéologiques, force est de constater que les pessimistes sont nostalgiques des idéologies politiques du passé plutôt que des défenseurs des agoras publiques. La nuance est importante car nous pourrions être porté à croire que le passéïsme de Crichton soutient le retour à des valeurs démocratiques. Or, sa pensée est erronnée et ce dernier ne se rend même pas compte qu’il milite pour un retour à des idéologiques passés plutôt qu’à un renforcement démocratique.
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Aussi, on pourrait échanger son pessmisme contre un optimisme tout aussi superflu. En suggérant que les médias de masses sont des outils de propagande visant le consentement des masses vis-à-vis des idéologies, on serait alors tenté de croire que le virage internet serait le symbole même de l’émancipation des masses. Or, ce serait d’oublier le fait brut qu’internet est lui-même un média agissant uniquement sur des idéologies et non sur les structures même des pouvoirs. Le recours à internet est effectivement une prise de liberté des masses vis-à-vis les médias de masses. Cependant, cette liberté est sans conséquence et même renforce les structures de pouvoir. Les structures se libèrent d’une exigence épuisante : celle de construire une narration sociale capable de légitimer les pouvoirs en place. Dorénavant, chaque citoyens du cyberespace est libre d’écrire sa propre narration dans la plus parfaite indifférence. Les pouvoirs n’ont pas à craindre une quelconque révolte des masses, ils n’ont qu’à négocier avec des éléments hétérogènes qui parfois s’intègrent merveilleusement bien à leurs propres structures.
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Parfois je me demande si ce malaise qu’on attribut au recul de la démocratie; n’est pas plutôt attribuable à l’absence gradissante de nos élites. Ceux-ci s’affranchissent graduellement de leurs devoirs de maîtres et ne nous fournissent plus aucune narration capable de faire sens avec le monde qu’ils produisent. Ils nous laissent le soin de nous rassurer, chacun pour soi. Mais ça… personne ne militera pour que nos maîtres remplissent leurs devoirs…
Bravo pour ce petit tour de piste sur le rôle des médias en rapport avec la démocratie.
Il est bien vrai que les médias sont en général au service de l’ordre établi, parce qu’ils sont généralement entre les main d’entreprises privées et premières bénéficières de cet ordre. Mais il y a aussi tout le travail des firmes de relations publiques qui se donnent pour mandat d’agir sur les pulsions (de désir, de volonté, d’esthétique, d’identité, etc.) de tous et chacun, et ce travail n’épargne pas les journalistes. Pour faire image, je me permets de simplifier les choses : l’homme n’est qu’un vecteur de transmission de codes (d’ordre génétique et culturel). Qu’on soit garagiste iranien, pianiste chinois ou journaliste texan, nous transmettons à nos descendants le code génétique que nous avons hérité d’un grand pool, et on fait de même avec notre code culturel. Nous avons l’esprit formaté par notre culture particulière (qui comprend tout ce que nos sens ont capté depuis notre naissance), et c’est ce formatage que nous tentons de transmettre à nos pairs. On croit raisonner, alors qu’on ne fait que résonner.
Mais pour revenir aux médias, lorsqu’un journal ou réseau de télé est détenu par un holding qui détient également d’autres entreprises dans d’autres sphères industrielles, il est plus que probable que les artisans qui seront sélectionnés pour œuvrer au sein de ces médias auront le discours qui convient pour au moins ne pas nuire aux intérêt du dit holding. C’est-à-dire qu’on embauchera celui ou celle qui a fait ses preuves, et que son discours (connu) cadrera avec les intérêts de l’entreprise. Mais admettons aussi qu’il est gênant de mordre la main de celui qui nous nourri.
Enfin, je suis de ceux qui ont de la difficulté à imaginer un meilleur système que le capitalisme, tout en trouvant absurde que le contenu offert par les médias (pensons à Loft Story, Le banquier, etc.) soit d’abord motivé par souci de rentabilité. Parce que si les bébés son fabriqués à partir d’un code génétique, les adultes eux sont fabriqués à partir d’un code culturel, et les médias occupent une place super importante dans la transmission de ce code.
Crichton ne s’est peut-être pas trompé tant que ça. Il a exagéré au niveau timing (10 ans) mais le phénomène se met en place.
Les élites lisent des trucs dans le style The Economist, un magazine qui fournit de l’information de qualité, bien que biaisée par l’idéologie libérale. Presque à l’extrême-gauche, on a le Monde Diplomatique, qui lui aussi fournit de l’information de qualité bien que très colorée à gauche. Ces deux magazines coûtent plusieurs dollars et se vendent néanmoins bien.
Quant à la médiocrité de la presse écrite traditionnelle, elle ne fait qu’empirer et le lectorat baisse. Encore une fois, Crichton n’a pas vraiment eu tort là-dessus. Par exemple, La Presse est rendue une feuille de chou la plupart des jours de semaine, Le Soleil est devenu pathétique depuis sa conversion en tabloïd.
Je vous trouve bien dur M. Schübreit envers La Presse.
D’abord, son lectorat n’est pas en décroissance, ni celui du Soleil. Ensuite, La Presse n’a jamais publié autant d’enquêtes, de grands dossiers et envoyé des journalistes à l’étranger…
En fait, les quotidiens du Québec s’en tirent somme toute assez bien comparativement à la baisse de lectorat que l’on remarque aux États-Unis…
Les médias québécois qui perdent beaucoup d’auditoires en ce moment, ce sont surtout les magazines et les chaînes de télé généralistes.
M. Schübreit, j’aimerais connaître vos sources pour dire de telles affirmations.
Comme les tendances de fond, tant du côté de la démocratie que de la façon dont les médias s’acquitent de leur mandat (deux sujets intimements relié), sont fortement influencées par le modèle américain, je pense qu’il est plus qu’intéressant d’y jeter un coup d’oeil. Et comme par hasard, je viens de lire l’un des articles des plus intéressant sur le sujet. Le voici: http://www.zcommunications.org/znet/viewArticle/18257
Bon, je m’explique.
OK, le lectorat semble se maintenir pour nos «grands» journaux montréalais bien que le Journal de Montréal et La Presse disent tous deux battre leur concurrent lorsque les enquêtes de ventes/lectorat sortent (en montant en épingle des chiffres différents).
Prenons la Presse du samedi, censée être la plus «dense» au niveau contenu. On y retrouve un cahier économie de 8 pages au mieux. La cahier popote (gourmand) en fait autant. Le cahier habitation est bien plus gros. Les cahiers dits «culturels» (cinéma, vedettes, etc.) sont passablement volumineux. Le cahier A est rempli de faits divers, bien qu’on y retrouve quelques bons chroniqueurs. Pour ceux qui aiment la propagande fédéraliste et/ou pro-ordre établi, les impayables éditorialistes sont toujours au poste, accompagnés du «courrier des lecteurs» dont les lecteurs semblent curieusement le plus souvent d’accord avec la thèse du journal (sauf quand il y a un tollé que la rédaction ne peut pas taire)… Les autres cahiers sont presque vides, bourrés d’annonces. Mais de temps en temps, on retrouve, je le concède, une bonne enquête.
Je n’ai rien contre les anecdotes, la popote, le cinéma et l’entretien du jardin et je ne dis pas que cela n’a pas sa place dans un journal (la vue quotidienne a certainement droit de cité) mais le problème est que cela prend une place prépondérante par rapport à la «vraie» actualité.
Et ça, c’était la Presse du samedi… Les autres jours de la semaine, le contenu véritable de la Presse (donc pas le cahier Auto du lundi) est souvent mince comme du papier à cigarettes bien que, je le concède, on retrouve une bonne enquête de temps en temps.
Je suis en train de réfléchir d’ailleurs à cette question. Si vous avez des pistes… Qu’est-ce que « l’actualité »?
Quand on y pense un peu… C’est un choix d’événements jugés d’intérêts publics.
C’est une invention du journalisme, c’est un fait.
Que considérez-vous être « l’actualité ». Et encore mieux: la « vraie » actualité…
Je vois l’actualité comme ce qui permet de découvrir et de comprendre le fonctionnement des sociétés et des individus. Ce sont les évènements rattachés à un portrait global, le «big picture» en bon franglais.
Donc la popote et le jardinage n’entrent pas dans ce schéma. Le potinage «artistique» ou sportif (les vedettes) non plus mais le vedettariat en tant que phénomène serait, lui, un beau sujet d’étude relié à l’actualité.
Si vous permettez… L’actualité (au singulier), cela réfère à ce qui est actuel ou récent tandis que les actualités (au pluriel), ce sont les informations des médias. C’est ce que dit le dictionnaire.
Mais toutes les actualités médias ne se ressemblent pas. On ne peut s’estimer convenablement renseigné si l’on stationne constamment au même endroit.
Pour ma part, j’opte préférablement pour Radio-Canada/RDI et TV5. Et à l’occasion pour PBS. Mais si je m’en tenais à ces préférences, je passerais à côté de plein de choses qui, bien qu’elles ne m’intéressent pas personnellement, en intéressent plusieurs, par contre. TVA, par exemple. Et TQS, dont je regrette le régime amaigrissant, parce que les nouvelles à caractère populiste de ce réseau permettaient un coup d’oeil révélateur sur les préoccupations du monde « ordinaire ».
Enfin, et c’est là son gros point fort, VOIR (surtout la version internet) s’avère une belle synthèse de ce qui se passe concernant ceci ou cela, que ce soit ici ou ailleurs, avec en prime des opinions de membres aux points de vue souvent divergents. Alors, avec VOIR ajouté au reste de mon menu, il m’arrive (parfois) d’aller à la fin de la journée me coucher en ayant l’impression d’être « un peu moins niaiseux » que la veille, selon une expression chère à un vieil ami…
«Depuis, je ne peux plus voir un décolleté sans avoir la nausée.»
j’ai ri tout seul dans mon sous-sol.
Je vous ai suivi tout au long de l’article, mais une question me reste en tête. Que sont les «affaires publiques». Bon, je comprends le raisonnement voulant que les fameuses conférences de presse auxquelles assistent les journalistes sont la plupart du temps commandées par l’élite, mais qu’est-ce que les «affaires publiques» si l’annonce, par exemple, d’une politique en éducation n’en est pas.
Apologie:
M. Proulx, j’imagine que les commentaires comme celui-ci sont beaucoup moins nombreux que les autres de bitchage et de frustrés. M. Proulx, j’adore vous lire. Vraiment. Tout les jeudis, en me rendant à l’école, je saute sur le Voir avant de prendre le métro. D’abord c’est Legault, ensuite c’est Parenteau et après c’est vous (vous êtes très souvent mon meilleur). Vous êtes extrêmement éclairant. Les questions que vous posez dans vos textes stagnent souvent dans mon esprit pendant des jours. Celles sur la «magazination» de La Presse entre autres. Le texte plus haut était tout aussi solide. Je vous lève mon chapeau. Maintenant que je me suis inscris sur ce site, vous recevrez certainement plus de fleurs (mais toujours autant de pots hélas…) à chaque jeudi. Bonne journée et/ou soirée.
M. Morin.
Contrairement à certains autres blogues, je me réjouis qu’ici les échanges soient civilisés. Ce blogue n’est pas (encore) pris en otage par des trolls et je pris le ciel chaque jour pour cela (Bon, je ne prie pas tant que ça, lorsque les trolls arriveront, je peux les bloquer et ça ne me fera pas un pli sur la différence).
Cela dit, oui, pour l’annonce d’une politique en éducation, il s’agit d’affaires publiques et donc d’actualités…
Merci pour vos réflexions (message à tous) sur « les actualités »… Ça m’inspire beaucoup!
L’évènement. Objet conceptuel de troisième ordre. Après l’Histoire, le Social, voilà qu’arrive l’Évènement. Comme toute objectivation d’un phénomène, sa réduction en à l’état d’objet court-circuite son apparition, son existence.
On objectifie l’Histoire au tournant des Lumières et 1 à 2 siècles plus tard, force est de constater que l’Histoire a cessé de se « produire » (Fukuyama). Les mécanismes de l’Histoire (le Social) ont eux aussi passé à la réduction par l’objet et leur existence en a été affaibli. À grand coup de technique social (éducation, propagande, etc) on court-circuite le fonctionnement « naturelle » des mécanismes, on installe une nouvelle machine, de nouveaux codes; ceux-ci étant beaucoup plus limité puisque mis en place en quelque génération et par la puissance scientifique. (Virilio) Ne reste plus que l’Évènement mais qu’on court-circuite par sa diffusion et son analyse en temps réel. L’Évènement qui mettait des mois, même des années parfois avant de se conclure, avant de faire connaître ses effets les plus inattendus, se produit maintenant dès qu’il naît, de sorte que plus rien ne se passe réellement. (Baudrillard)
Tous les concepts : Histoire, Social, Évènement, sont de faux-objects conceptuelles. Ils sont plutôt des outils, des techniques qui remplacent les phénomènes qu’ils prétendent décrire. Ils se substituent à la réalité qu’ils cherchent à s’emparer… Et on se surprend alors de l’inertie avec laquelle nos systèmes économiques et politiques se déploient. On désespère de leurs fonctionnements aveugles. On cherche des raisons historiques, sociales, évènementielles à un état des choses qui n’obéit plus à l’Histoire, au social, à l’évènement puisqu’il précède maintenant ces trois pilliers de ce qu’on apelle la Réalité.