Angle mort

Qui sont ces gens?

Quelles qualités ont permis aux éditorialistes d'accéder au gratin hyper relevé des fabricants de points de vue? On les traite de vendus, de gauchistes bourgeois, de petits soldats du néolibéralisme, de fast thinkers, de provocateurs, d'"André Pratte"…

Ils sont chroniqueurs, éditorialistes, columnists et ils occupent les places V.I.P. de nos grands quotidiens nationaux francophones.

Oh! ils ne sont pas très nombreux. Peut-être une trentaine à vraiment avoir la plume pesante. On les cite à Salut, Bonjour! et dans les revues de presse à la radio. On commente ce qu'ils pensent sur les blogues et à La fosse aux lionnes. On les voit sur toutes les chaînes télévisées, s'exprimer sur tous les sujets. On les appelle souvent par leurs noms de famille: Foglia, Petrowski, Martineau, Marissal…

On les méprise quand ils osent ne pas penser comme nous. On salue leur clairvoyance lorsqu'ils confortent notre propre opinion…

Ils ne changent peut-être pas le monde, mais ils animent, orientent, nourrissent et parfois même créent de toutes pièces une perpétuelle "conversation nationale" (à ne pas confondre avec l'autre que pense avoir inventée Pauline Marois).

Mais qui sont ces gens? Qui sont ces leaders dans l'industrie québécoise de l'opinion? D'où sortent-ils? Portent-ils plus à gauche ou plus à droite? Quelles qualités leur ont permis d'accéder au gratin hyper relevé des fabricants de points de vue?

Dans la nouvelle édition de son petit livre Lire le Québec au quotidien (Typo Essai, 2008), le collaborateur au Devoir Louis Cornellier fournit au citoyen ordinaire des outils pour décoder nos grands journaux. Lire un journal, pour l'auteur, est une "dépendance qui déniaise". Jolie formule.

Or, pour décoder nos grands quotidiens (La Presse, le Journal de Montréal, Le Devoir), il n'est pas inutile d'en savoir un peu sur leurs "vedettes". Voilà pourquoi Cornellier consacre plusieurs pages à des portraits de "ces gens" qui donnent chaque jour matière à penser.

Ensemble, ils forment une galerie de personnages éclectiques où se côtoient d'abord toutes sortes de plumes. Celle, rugueuse, de Pierre Foglia, "prince des chroniqueurs d'ici". Celle, inventive, de Jean Dion (Le Devoir), "qui élève le cynisme au rang des beaux-arts", selon Cornellier.

Toutes les générations aussi sont représentées. Il y a de jeunes loups, comme Patrick Lagacé (La Presse), décrit comme étant "à l'aise dans les "petits débats" de société, [mais] qui a tendance à confondre la démagogie populiste avec "les vraies affaires"". Il y a les vétérans tels que Denise Bombardier qui, dans sa colonne du Devoir, "s'est donné pour mission de critiquer sans relâche les dérives modernistes de notre époque".

Les opinioneurs professionnels défendent une riche palette d'idéologies, de l'altermondialisme de Gil Courtemanche (Le Devoir) à la "boîte à idée versée dans le capitalisme sauvage" de Nathalie Elgrably (Journal de Montréal).

Il y a les modérés à tendance centriste tels que Joseph Facal, toujours au Journal de Montréal, dont les chroniques "rehaussent la qualité du débat québécois", ou encore Yves Boisvert "qui est peut-être celui qui incarne le mieux l'esprit de La Presse, c'est-à-dire la voix d'une classe moyenne instruite, informée, à peu près satisfaite de sa situation…"

Il y a enfin ceux dont l'arrière-pensée est difficile à cerner. Louis Cornellier entre dans cette catégorie Richard Martineau (Journal de Montréal), qui "se complaît à lancer des débats à gauche et à droite, sans souci de leur pertinence réelle, pour le seul plaisir de faire l'actualité", son collègue Benoît Aubin, qui distille dans ses chroniques "une sorte d'individualisme du "gros bon sens"", ainsi que Nathalie Petrowski (La Presse): "A-t-elle des idées de fond? Impossible de le savoir."

En lisant ce que Louis Cornellier pense de ceux qui dispersent, chaque jour, leur grain de sel dans la basse-cour de l'opinion publique, je me suis mis à rêvasser…

Ne serait-il pas distrayant, tout de même, d'enfermer ces gens pendant 70 jours dans un loft, et de les filmer 24 heures sur 24?

Qui se crêperait le chignon? Qui coucherait avec qui? Qui se ferait éliminer en premier? Qui en sortirait vainqueur?

TELE /

La quatrième aventure de la série du Rebut global (Télé-Québec) se veut cette fois beaucoup plus humaine qu'environnementale. Les apprentis du rebut global suit le destin d'un groupe de jeunes laissés-pour-contre de la Rive-Sud, qui met sur pied une entreprise de récupération de déchets électroniques. J'en ai visionné un seul épisode, mais déjà… ça sent le Gémeaux. Les apprentis du rebut global, à Télé-Québec, dès le mardi 9 septembre, 19 h.

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