Cela m'est rentré dedans le 16 juin dernier, dans une salle de l'hôtel Hyatt du Complexe Desjardins. C'était le dévoilement des finalistes de la 23e édition du gala des Prix Gémeaux.
Il y avait rassemblée dans cette salle une bonne partie de la faune télévisuelle locale.
Des producteurs, des réalisateurs, des vedettes, des gars du son, des directeurs photo, des patrons de réseaux qui se faisaient "cruiser" par les producteurs susmentionnés…
Et comme je le disais, cela m'est rentré dedans ce soir-là.
J'ai regardé cette foule compacte s'empiffrant de petits fours et de vin blanc et je me suis dit: "Voilà le petit monde de la télévision."
Nous sommes quelques millions, chaque semaine, à regarder ce qu'ils créent.
Ce petit monde, qu'on le veuille ou non, règne sur la culture québécoise. On le sait, à eux seuls, ils rassemblent plus de gens que toutes les salles de spectacles de la province réunies.
L'an dernier, même Bazzo.tv, une émission dont on a tant souligné les cotes d'écoute faméliques, réussissait malgré tout à attirer chaque soir plus de téléspectateurs que ne peut en contenir le Centre Bell pendant un match du Canadien en pleines séries éliminatoires.
Ceci pour dire qu'on célébrera, encore cette année, le travail de ces artisans lors du gala des Prix Gémeaux.
Or, au-delà de la fête, il y a une chose que fait ce gala: il révèle la petitesse du milieu de la "tivi".
Les finalistes? Comme il n'y a pas grand monde à gémelliser au Québec, ce sont toujours les mêmes qui se disputent les trophées. C'est sans compter l'orgie de catégories. Tenez, juste pour le job de monteur, il y a cinq catégories différentes.
En fait, tout ce qui tourne autour d'une caméra peut espérer récolter une mise en nomination sans trop se forcer.
QUE VAUT UN GEMEAUX, AU JUSTE?
Au cours des 20 dernières années, Guy A. Lepage en a récolté 27. Ça en fait des trophées à garrocher.
Prenons aussi Vincent Leduc. Il est producteur chez Zone 3. Depuis 2001 seulement, il a remporté 34 Gémeaux. Et cette année, son nom apparaît 15 fois parmi les finalistes.
Même le plus oscarisé des Américains, un certain Walt Disney, n'a pas remporté autant de statuettes dorées (seulement 26).
La comédienne Guylaine Tremblay a, pour sa part, obtenu 6 Prix Gémeaux en 10 ans. Chez nos voisins du sud, celle qui a remporté le plus grand nombre d'Emmys (l'équivalent états-unien de nos Gémeaux) s'appelle Cloris Leachman. Elle a 9 trophées en tout. C'est trois de plus que notre Guylaine nationale, mais il faut mentionner que Mme Leachman est âgée de 82 ans et a commencé sa collection… en 1972.
Combien de Gémeaux aura Guylaine Tremblay à 82 ans?
Le gala des Gémeaux est hautement prévisible.
Chaque année, une production sort du lot. L'an dernier, c'était Minuit, le soir (7 prix). Cette année, ce sera Les Lavigueur. La série a récolté 15 mises en nomination. Pas besoin de savoir lire les feuilles de thé pour prédire que la famille de millionnaires gagnera le jackpot dimanche prochain.
Comprenez-moi bien: j'aime les fêtes. Mais j'aimerais que la fête de la télé soit grandiose. J'aimerais regarder ce gala assis au bout de mon fauteuil, à me ronger les ongles en attendant de connaître le nom du gagnant…
Ce ne sera pas le cas. On aura droit aux mêmes têtes, aux mêmes discours de remerciement. Et puis, certains montent si souvent sur scène que le geste symbolique de recevoir un Gémeaux est devenu banal.
Je pose la question: notre petit monde de la télé est-il suffisamment dynamique pour qu'une remise de prix annuelle donne lieu à une compétition relevée?
Pourquoi pas un gala aux quatre ans, comme les Jeux olympiques? Imaginez. Quelle aurait été la performance des Lavigueur si Minuit, le soir avait été dans le décor?
Avec un gala tous les quatre ans, on aurait une cérémonie enlevante… au lieu de cette traditionnelle distribution de prix, qui nous fait réaliser ô combien il est petit, le monde de la télévision.
La 23e édition des Prix Gémeaux, animée par Véronique Cloutier, à Radio-Canada, le dimanche 14 septembre, 19 h 30.
C'est juste de la TV – Spéciale Gala des Prix Gémeaux, à ARTV, le dimanche 14 septembre, tout de suite après le gala (vers 22 h).
TELE /
Un jeu-questionnaire basé sur les règles du poker, commenté par un Antoine Bertrand qui tourne tout en dérision et une Marie-Christine Trottier qui semble ne pas trop comprendre dans quelle galère elle s'est embarquée. L'émission s'appelle Bluff. Et j'aime beaucoup. À Télé-Québec, le vendredi à 19 h.
La comparaison entre Bazzo.TV et les matchs des Canadiens est l’une des plus boîteuses qu’il m’ait jamais été donné de voir. S’il fallait payer 175$ pour écouter Bazzo.Tv, je ne suis même pas sûr que sa mère l’écouterait. Par contre, mettez l’admission au Centre Bell gratuite… En fait, il suffirait probablement d’augmenter suffisamment le nombre de sièges disponibles au Centre Bell pour qu’il clanche Bazzo.TV en séries, même au gros prix.
Je pense que vous réfléchissez un peu trop M. Chouinard. Je suis bien conscient que la télé est gratuite.
Tout ce que je voulais illustrer, c’est ce que représente visuellement, en terme de sièges dans une aréna, l’auditoire moyen d’une petite émission de télé (qui attirait l’an dernier 28 000 personnes).
Pas bête du tout votre idée.
Avant même d’être rendu là dans votre texte, je me disais qu’ils devraient tenir ça aux deux ans. Et même… abolir complètement ces galas !… Depuis belle lurette que je ne les regarde plus. Belle perte de temps.
Surtout qu’il y a toujours un super résumé dans les journaux du lendemain.
Et il y a même pire !… des photos et des reportages dans certains magazines. Reportages, le mot est fort, en fait ce sont plutôt des photos sur les robes, les belles, les laides, et les couples ou les non couples… *soupir*
Vive les galas !