Sincèrement, je ne suis pas un grand adepte de la nostalgie. Vous savez, le genre "Ah, le bon vieux temps, c'était donc plus mieux qu'aujourd'hui"? Non. J'aime bien mon époque.
Mais là, j'avoue que j'envie un peu le temps jadis.
C'est que je suis plongé dans la lecture d'un bouquin fascinant, The Gang That Wouldn't Write Straight, de Marc Weingarten.
L'auteur nous transporte au cour des années 60. L'ère des turbulences sociales, culturelles et politiques; du sexe, de la drogue et du rock'n'roll.
Je n'étais pas né, mais j'ai vu des films.
Or, pour décrire cette époque échevelée, l'approche journalistique basée sur les faits et rien que les faits s'est vite avérée inadéquate. Il fallait trouver autre chose.
C'est ainsi que certains journalistes ont eu l'idée farfelue d'écrire leurs textes sur le ton du roman. Ils ont ajouté à leurs reportages des points de vue personnels, des dialogues, des personnages, des décors. Pour y arriver, ils ont dû s'imprégner totalement de leurs sujets.
Dès 1964, Tom Wolfe ignorait toutes les conventions journalistiques et documentait avec brio la sous-culture émergente des jeunes baby-boomers (et leur engagement indéfectible envers les substances hallucinogènes).
C'est lui qui, en 1973, a donné à ce genre le nom de "nouveau journalisme" (new journalism).
D'autres grands noms s'en réclameront: Hunter S. Thompson – le père du gonzo journalism -, Truman Capote, Norman Mailer.
Ces gens-là ont produit des pièces d'anthologie que l'on cite encore avec révérence.
Oui, c'était une grande époque pour la presse écrite.
Je n'étais pas né, mais j'ai lu des choses.
On ne fait plus tellement référence aux Tom Wolfe de ce monde lorsqu'on parle aujourd'hui des "nouveaux journalistes". Dans le métier, le grand changement des dernières années est plutôt l'arrivée des journalistes Web. Ce sont eux, les petits nouveaux.
Ils sont jeunes, mal payés, bossent pour de grands sites d'informations, et leur quotidien n'a rien à voir avec les aventures de Tintin.
Selon le site français Bakchich.info, ces nouveaux journalistes seraient ni plus ni moins que des "ouvriers spécialisés de la presse". L'essentiel de leur travail consiste à reprendre des dépêches d'agences de presse, à "organiser, réécrire, hiérarchiser, titrer, trouver une illustration" et mettre en ligne à la vitesse du Web ce que l'on nomme du "contenu".
Notez la froideur du terme. Le site Internet est un contenant, dans lequel il faut intégrer du contenu qui générera des clics. Plus de contenu, plus de clics.
Ces "nouveaux journalistes" ne sortent que rarement, voire jamais, de leur bureau. Ils se contentent de faire ce que des chercheurs ont nommé "le retraitement industrialisé de l'information".
Une job de bras, en fin de compte.
Bien sûr, il se fait encore de l'excellent journalisme, mais il est clair que la nouvelle tendance en matière d'information est la production en accéléré de contenus pas chers, par des "ouvriers spécialisés".
Dans les années 60, les Wolfe, Thompson, Capote et consorts ont su réinventer le journalisme pour l'adapter aux remous de leur époque. Le new journalism.
En fait de bouillonnement social et culturel, notre époque n'a pourtant rien à envier aux sixties. Or, il me semble que pour la raconter, nous méritons mieux que ces "nouveaux journalistes" du Web.
TELE /
En 1987, le gouvernement islamiste du Nord du Soudan a décidé d'éliminer les chrétiens et les animistes du Sud du pays. Tous les garçons ont été pourchassés. On a enfermé les uns dans des maisons qu'on a ensuite incendiées. On a charcuté les testicules des autres avec des aiguilles pour les rendre stériles. Pour échapper à la mort, plus de 20 000 garçons de 5 à 10 ans ont fui leur village. Ils ont traversé le désert à pied, mangé de la boue et bu leur urine pour survivre, avant d'atteindre un camp de réfugiés en Éthiopie. Trois ans plus tard, après la chute du gouvernement éthiopien, ces garçons ont dû traverser une nouvelle fois le Sahara pour rejoindre le camp de Kakuma, au Kenya. On a nommé ces réfugiés les "garçons perdus". Un documentaire touchant, gagnant du Prix du public au Festival de Sundance en 2006, raconte l'histoire de trois de ces garçons, alors qu'ils sont conviés à s'installer aux États-Unis. Dieu s'est lassé de nous, à Canal D, le dimanche 16 novembre, 19 h.
RADIO /
Du 13 au 16 novembre, CIBL Radio-Montréal tient son radiothon annuel en direct d'une tente plantée au 2-22, rue Sainte-Catherine (à l'angle du boulevard Saint-Laurent). Pourquoi là? C'est dans ce futur édifice à vocation culturelle que la station de radio entend déménager. Si tout va comme prévu, CIBL devrait donc quitter son local pourri du boulevard Pie-IX pour mieux s'installer au cour du Quartier des spectacles. Dans le cadre du radiothon, dont l'objectif est d'amasser des sous pour concrétiser ce projet, j'aurai le plaisir de coanimer la soirée MaTerre.ca, le jeudi 13 novembre, de 19 h à 21 h, sur les ondes du 101,5 FM.