Dehors, les intellos!
À quelles sources d'information Éric Duhaime, du Réseau Liberté-Québec, s'abreuve-t-il pour déclarer sans rire que les idées de droite sont absentes du débat public?
Il lit uniquement la page Idées du Devoir? Il n'allume sa radio que pour écouter Par quatre chemins avec Jacques Languirand? J'essaie de comprendre.
La droite jouit d'une tribune privilégiée au Québec, non seulement dans le plus grand quotidien francophone d'Amérique du Nord, mais aussi dans les pages de son plus proche rival. La droite est partout dans la presse affaires. La droite a ses porte-voix, qu'on entend partout, qui chroniquent, bloguent, twittent, qu'on invite aux émissions d'affaires publiques. La droite est au pouvoir à Québec et encore plus à Ottawa.
Malgré tout, M. Duhaime est venu dire à Tout le monde en parle que la droite était pratiquement muselée au Québec. Il l'a dit à Tout le monde en parle. Devant 1,3 million de téléspectateurs. C'est ce qu'on appelle avoir du tape gris sur la bouche.
Cessons donc tout de suite ce débat stérile.
La droite et la gauche ont droit de cité au Québec. Les deux possèdent leurs tribunes. Les idées circulent et souvent s'entrechoquent. C'est sain.
Par contre, au-delà de la gauche, de la droite ou du centre, un groupe a manifestement du mal à se faire entendre. Ceux-là sont boudés, méprisés, ridiculisés. J'ai nommé: les intellectuels.
Une note d'abord: hormis Denise Bombardier, rares sont les personnalités publiques qui s'avoueront ouvertement intellectuelles. C'est évidemment suicidaire. La plupart du temps, un simple faux pas leur aura valu l'abominable étiquette.
Par exemple, citez Tocqueville dans une déclaration publique et paf! Vous êtes marqué au fer rouge. Saupoudrez d'un peu de latin vos discours et vous êtes foutu. Intervenez à titre de "lologue" ou de docteur (dans un domaine non relié à la médecine) et brûlez en enfer.
En politique, c'est pire. Être catalogué "intellectuel" est l'équivalent de la lèpre.
Hélas, Michael Ignatieff aura beau "flipper" toutes les boulettes de bouf haché dans tous les barbecues de Whitehorse à St. John's, il ne se débarrassera jamais de son brassard d'intellectuel.
On votera pour n'importe qui, sauf pour un intellectuel.
Tenez, la semaine dernière, Toronto a élu comme maire un collectionneur de propos racistes, homophobes, démagogiques et/ou carrément idiots.
Les citoyens de la métropole économique du pays ont élu un méchant "toto", mais au moins ils n'ont pas élu un intellectuel. Ça, jamais.
La pire tare de l'intellectuel n'est ni son savoir ni ses diplômes. C'est l'impression de condescendance qu'il dégage chaque fois qu'il ouvre la bouche.
Parce qu'il s'exprime autrement qu'à coups de clips racoleurs et simplistes, il fait chier tout le monde. Et plus particulièrement le "vrai" monde.
Le vrai monde est cette secte de gens convaincus d'être plus vrais que les autres. Parce qu'eux, ils ont de vraies jobs, paient de vrais impôts et ont de vrais problèmes. Par conséquent, ils exigent de leurs élus de vraies solutions.
Et ce qu'ils réclament, c'est rien de moins que le gros bon sens.
La Révolution du gros bon sens
Au Québec, dans le reste du pays et aux États-Unis, cet insaisissable gros bon sens est plus que jamais l'idéal politique du vrai monde.
Or, même le plus légèrement intello des politiciens aura du mal à naviguer dans ces eaux troubles, dans ce contexte où le vrai monde vote pour une ou deux idées simplistes, mais jamais pour une idéologie.
Parce qu'entendons-nous: on peut être de gauche ou de droite, mais politiquement parlant, il est impossible d'être "de gros bon sens". C'est juste n'importe quoi.
N'importe quel intellectuel vous le dira. Mais personne ne l'écoutera.
/
L'anti-intellectualisme est une forme de rejet d'une élite qu'on a depuis longtemps associée au pouvoir.
Il y a 50 ans, le Québec a mis dehors son élite religieuse et l'a remplacée par des intellectuels. C'est ce qu'on a appelé la Révolution tranquille.
On a créé des universités et toutes sortes de structures pour que s'épanouissent ces philosophes, "lologues" et autres penseurs. On les a laissés parler. On a écouté leurs grandes idées humanistes. On s'est fié à leur science. On les a élus et ils ont bâti une société bourrée de nobles principes, comme celui voulant que tous les citoyens, pauvres ou riches, soient égaux devant la maladie.
C'est fini tout ça. Dehors, les intellos! Il semble que nous soyons maintenant prêts pour une nouvelle révolution. La Révolution du gros bon sens.
J'ai quasiment hâte de voir où elle nous mènera, cette révolution. Quasiment.
@ Excellente chronique. Fort pertinente.
Une des manifestations les plus patentes de cet anti-intellectualisme, version années 2000, est la prolifération du «tout à l’opinion» et d’anecdotes personnelles en lieu et place d’analyses et de ces petites choses que l’on nomme des «faits», l’«histoire» et la «culture».
Que cela alimente également une certaine montée du populisme de droite – autre manifestation de l’anti-intellectualisme -, n’a donc rien de bien surprenant. Le supposé «gros bon sens» et les lieux communs érigés en autant de «vérités» – si faciles également à mettre en «clips» – en sont le produit.
Signé: une politologue – une de ces nombreux «lologues» – et fière de l’être…
« J’ai quasiment hâte de voir où elle nous mènera, cette révolution. Quasiment. « …Est-ce une forme d’attentisme malsaine ou la frustration de se sentir dépassé par une vague qui avance sûrement malgré tout effort possible?
Est-ce que ce problème relève simplement d’un désir surfait de « performer » sans sacrifices et sans efforts depuis la tendre enfance? Celle d’une volonté qui finit par se transmettre du parent logeant dans son petit confort de peur de déplaire au petit enfant-roi puis à l’adulte qu’il est devenu. Seul, désabusé et ne sachant plus quoi faire sauf consommer pour nourrir son corps et son être du fruit de ses propres vanités. Non ce n’est pas qu’un problème de droite ou de gauche mais de pauvreté d’esprit car on a oublié qu’avant d’aimer l’autre il faut s’aimer soi-même. Comment se définir de telles ou telles idées politiques si on ne sait les nommer, les comprendres.
Non, il ne suffit pas de mettre le bel habit-cravate et d’avoir une belle coupe de cheveux pour bien s’exprimer. Également, seulement de bien écrire avec style, sans fautes évidemment, mais produire un texte creux; vain verbiage, car il peut s’agir que d’un texte inutile construit à partir de mauvaises prémisses.
Dans une course de rat, le rat qui gagne la course ne se transforme pas en étalon, selon le dicton.
…mais il gagne parfois des élections!
La droite est au pouvoir à Québec et Ottawa? Vous me faites rire, l’ami.
J’habite aux USA depuis maintenant 9 ans, et lors d’une conversation avec un collegue qui me demandait quel était le taux d’imposition au Canada, je lui appris la bonne nouvelle:
-Incluant les taxes de ventes et l’impot sur les gains en capitaux, on donne plus de 60% de nos revenus à l’état, « give or take ».
Il m’a regarde un moment, incertain de savoir si je blaguait ou essayait de me payer sa gueule. Puis il me demanda, le plus serieusement du monde:
-Do people know about this?
Bien à vous,
JSJ
La lacune la plus grossière de votre analyse prend forme dans votre vision unidimensionnelle des accomplissements de ces intellectuels. Toutes ces cartes dont vous nous montrer que la face ont un revers dont vous taisez l’existence. À vous lire, le Québec a pris avec la révolution tranquille une direction qui ne doit pas être remise en question. Tout cet endettement, ces récidivistes, ces réformes scolaires, ces listes d’attentes, ces infrastructures désuètes sont réduits à un moindre mal cautionné par de bonnes intentions très humaines mais combien irresponsables financièrement et socialement à moyen et long terme.
On peut espérer que le peuple reprendra confiance en ses élites lorsque ces derniers nous montreront un début de remise en question. Depuis longtemps, le discours dominant intellectuel parle de réhabilitation des criminels, d’universalité dans les programmes publics, de l’élimination du facteur de compétitivité au niveau scolaire, de subventions à toutes les sauces, de taxes et d’impôts élevés, etc.. Bref, le discours intellectuel se traduit très bien dans les actions de nos gouvernements des dernières décennies. L’échec des actions de nos gouvernements auquel nous ne faisons que commencer à faire face est donc aussi l’échec des intellectuels. Nos intellectuels sont lâches, ils se vautrent dans un système qui les sert bien financièrement.
Maintenant, peut-on critiquer les intellectuels sans se faire taxer d’anti-intellectuels, comme s’ils n’avaient pas de « sang » sur les mains?
Ah! que je m’ennuie de Pierre Bourgault. Merci pour cette chronique.
Elle ne me fait que me rappeler à quel point les Libéraux ont été élus pour la première fois depuis des décennies dans le comté de mes parents parce qu’ils ont promi le tracé sud de l’autoroute 30. C’est le gros bon sens.
Cher Steve Proulx, vous m’éblouissez et me ravissez!
Pour cette première réaction de ma part (il y en aura éventuellement d’autres si ma santé le permet), je vous dirai que LE PIRE ENNEMI de «la vérité», de la «lucidité» (Lucien B. et sa coterie ont piégé ce beau mot qui signifie aussi «clairvoyance) et de «l’intelligence», c’est LE GROS BON SENS!
Et pourtant, dans le prétendu «gros bon sens», il y a le mot GROS dans le sens de grossier, de balourd, de cul-terreux, de mal embouché, de malséant et de POPULACIER.
Il y a aussi le mot BON. Or, le gros bon sens est rarement appétissant, délicat, savoureux ou goûteux. Le gros bon sens débouche régulièrement sur des analyses crasseuses, erronées, simplistes, fétides, imbuvables et immangeables.
Et, bien évidemment, il y a aussi le mot SENS. Or, le gros bon sens est régulièrement insensé et il ne mène nulle part ailleurs que vers de gros préjugés éculés, vers des poncifs dénués de toute originalité, réflexion ou recherche, vers des clichés et stéréotypes. Et j’en oublie!
Quant à moi, je suis un modeste intello. Je ne tiens aucunement à être insultant, prétentieux et snob. Et j’essaie, autant que faire se peut, de ne pas vivre dans UNE TOUR D’IVOIRE!
Quand j’entends ou lis certaines analyses insultantes et dénigrantes qui vouent les intellectuels aux gémonies, je deviens vulgaire, l’espace d’une fleur ou d’un petit moment. Et alors, imitant ce vieux con de père Ubu, je crie: «MERDRE!».
Bref, l’essentiel, c’est d’avoir, si possible, une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine. N’oublions jamais que lorsqu’une tête est pleine d’idées préfabriquées, il n’y a aucune place pour des analyses plus raffinées, plus nuancées. Et nous savons que le formatage des idées et des cerveaux est toujours à l’ordre du jour.
Enfin, je vais la boucler avant de me faire traiter de malotru snobinard et je propose cette citation:
*****«La dénonciation des « intellectuels », responsables de tous les maux de la société, est l’un des grands classiques de l’injure politique. L’anti-intellectualisme, qu’il vise des intellos de droite ou de gauche, a toujours été l’une des caractéristiques des mouvements politiques, tentés par la dictature (…). Aussi, « intello » doit être pris comme une insulte à revendiquer avec orgueil.»*****
Cette citation est tiré d’un tout petit livre de Marc Lemonier: «Insultes, gros mots et injures» (éditions «minipoche»)
Je note que le commentaire de Josée Legault est éminemment juste et pertinent! La politicologue (une intellectuelle) rejoint le sociologue (un intello)!
Steve Proulx, en ce matin un peu maussade, «you made my day». MERCI!
JSB, intello
BONJOUR, ENCORE UNE FOIS. EN TOUTE MODESTIE (OU EN TOUTE PRÉTENTION), JE SOUMETS ICI UN TEXTE QUE J’AI «COMMIS» HIER SUR LA RELATIVE DÉCONVENUE D’UN INTELLO APPELÉ BARACK OBAMA:
***Hauts-bas! Hauts-bas! Obama: hauteurs et bassesses!***
Barack Obama a manifesté une hauteur éblouissante lors de l’élection présidentielle. Il a «hypnotisé» de nombreux citoyens états-uniens et la majorité des Terriens. Il a été un orateur hors-pair et il en a convaincu plusieurs en leur permettant de rêver que «Yes we can». Il a incarné une émouvante filiation en relation avec Martin Luther King et son «I have a dream» (j’étais moi-même à Washington le 28 août 1963).
Qui plus est, après le lamentable W, être rustre et cul-terreux, les États-Unis ont enfin élu un intello, un homme cultivé et aux capacités intellectuelles vraiment remarquables. Quel soulagement après huit années d’horreur présidentielle, après huit années imprégnées par la bassesse de ce «minus habens» appelé George W. Bush, être dénué de toute hauteur ou grandeur!
Maintenant que Barack Obama a le pouvoir, il doit éviter de sombrer dans une bassesse délétère, dans un aplatissement indigne d’un homme de son calibre, de sa hauteur.
Obama pourra gouverner s’il ne renonce pas à sa hauteur. Il doit savoir rester un intellectuel tout en sachant communiquer clairement au peuple états-unien quelles sont ses intentions et réalisations. Face à des adversaires «populistes», hargneux et souvent barbares (des béotiens!), il doit éviter à la fois le populisme et l’élitisme.
Aussi, Obama doit cesser de jouer la carte d’une illusoire «unité» états-unienne. Malgré certaines apparences, les États-Uniens ne pensent pas tous la même chose et il n’y a pas d’unanimité dans ce pays dans lequel le rêve unanimiste ne cesse de hanter de nombreux citoyens, fiers de vivre dans un pays riche, prospère et «dominant» (sinon «dominateur»).
Oui! Obama pourra gouverner et renaître de ses cendres s’il joue la carte de sa hauteur et de sa grandeur. J’en suis romantiquement persuadé! Cet homme est un phénix!
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias
Dans le billet de Steve Proulx intitulé TUER SON PÈRE, il y avait des considérations intéressantes sur le clan (la secte?) Péladeau.
Personnellement je n’ai aucune admiration pour PKP. Il est normal qu’un homme d’affaires déploie de gigantesques efforts pour maintenir son entreprise et enregistrer des profits et bénéfices. Mais dans la vie il y a toujours LA MANIÈRE et LA MATIÈRE.
Que LA MATIÈRE de Pierre-Karl consiste à gagner de l’argent, on peut l’admettre tout en se posant des questions pertinentes sur le néo-libéralisme et sur où tout cela conduit l’humanité!
Mais il y a aussi LA MANIÈRE, laquelle modifie LA MATIÈRE!
Avec ses employés Pierre Péladeau (ici, pas de Karl comme dans Kark Marx) avait, semble-t-il, de bonnes manières, ce qui n’en fait pas pour autant un saint ou un nouveau Frère André.
Mais le père Péladeau, durant la période de son alcoolisme radical, pouvait se comporter comme un authentique malotru, comme un cul-terreux dénué de tout raffinement ou de bonnes manières.
Papa Péladeau véhiculait aussi un anti-intellectualisme et un populisme primaire qui ne le grandissaient pas, bien au contraire. Ses paroles préférées face à ceux et celles qui travaillaient avec lui, c’était KISS: «KEEP IT SIMPLE STUPID!»
Permettez que j’y aille d’une anecdote qui me semble révélatrice. Au cours des années 1970 j’ai assisté, à l’Université Laval, à un colloque sur les médias et sur LE DROIT DU PUBLIC À L’INFORMATION.
Après quelques exposés «savants» (donc prétentieux aux yeux des populistes!), l’invité était Pierre Péladeau. Il s’est présenté dans un état d’ivresse indescriptible et il s’est mis à invectiver et à insulter les intellos et «logues» de tout acabit qui se masturbaient intellectuellement en parlant d’un droit qui n’existe pas. Les propos étaient d’une virulence telle qu’en peu de temps la salle s’est vidée et que Péladeau a prononcé son «sermon» devant des chaises vides et quelques sbires.
Péladeau détestait les intellos. Pourtant son rêve était de créer un jour un NOUVEL OBSERVATEUR québécois. Il en parlait souvent. Aussi, il a souvent soutenu LE DEVOIR d’une manière partiellement intéressée. Comme l’un de ses rêves était de faire disparaître LA PRESSE, il pensait qu’augmenter le lectorat du Devoir pourrait éventuellement nuire à La Presse.
Toutes ces considérations ont comme objectif de maintenir et de soutenir l’essentielle discussion proposée par Steve Proulx.
L’anti-intellectualisme et le populisme risquent de «gangrener» nos sociétés théoriquement démocratiques.
JSB, «amant» des médias et de la pensée
Mais ça faisait déjà un bon bout de temps que ça dure, cette révolution. C’est presque même révolu. Nous en sommes à un stade ultérieur, celui de l’institutionnalisation de la bêtise.
Du sang sur les mains ou du sang dans le cerveau? J’attends des explications «intelligentes»!
JSB
Je porterais la réflexion plus loin en soutenant, pour ma part, que ce ne sont pas seulement les intellectuels qui sont visés par la démagogie populiste. Avec la montée de la droite religieuse, la qualité de réflexion se retouve dénigrée en elle-même. Après tout, quand on croit que l’Évangile doit être intégré à la politique en ayant valeur… d’évangile, le débat intellectuel devient, au mieux, un bruit de mouche agaçante.
L’aspect religieux se fait peut-être moins présent dans la politique québécoise qu’aux États-Unis. Il n’en reste pas moins qu’il demeure dans l’intérêt des classes dominantes de réduire l’accès au savoir à un niveau où celui-ci ne représente plus de danger potentiel. Ce n’est pas innocemment que les gouvernements successifs ont affamé le réseau d’éducation. Autrefois, les curés proscrivaient la lecture de la bible. Aujourd’hui, les pontifes du néolibéralisme affichent un air de béatitude dès lors que l’idée de débat public peut être circonscrite à quelques individus qu’on n’hésitera pas à étiqueter comme hurluberlus.
Le gros bon sens (et l’anti-intellectualisme?) défendu par les « groupes de droite » est, je crois, une réaction aux échecs des idées des intellectuels. Car avouons-le, plusieurs idées et/ou réformes commencées par les intellos n’ont pas eu le succès espéré (au contraire, certaines ont eu un échec cuisant). Il n’y a qu’à regarder la crise aux États-Unis ou notre système scolaire… Alors le peuple en a marre de devoir subir des grandes idées qui ne marchent pas et auxquels il ne comprend rien et se tourne donc vers ceux qui font la promotion du gros bon sens, qui ont des « solutions » simples qu’il peut comprendre.
Si les intellos sont incapables d’accepter que le peuple ne veulent rien savoir d’eux et de leurs grandes idées, peut-être qu’ils ne sont pas fait pour notre imparfaite démocratie, où le peuple, même le plus ignorant, le plus cynique et/ou le plus désillusionné, a raison (apparemment). De toute façon, les idées vont et viennent dans le cycle de la vie. Le gros bon sens revient en force pour tasser les échecs des intellectuels, mais un jour les intellos reviendront « sauver » le peuple quand celui-ci aura marre des solutions simples qui ne marchent pas et le cycle recommencera.
LE PEUPLE, TOUT COMME LES INTELLECTUELS (ou les intellos), cela n’existe pas au sens strict!
Il y a de très nombreux intellectuels de diverses idéologies qui ne constituent pas un bloc homogène.
Dans l’entité appelée LE PEUPLE, il y a une pléthore de groupes et de sous-groupes qui ne sont pas homogènes et qui ne pensent pas la même chose.
Comme le peuple n’existe pas (dans un certain sens du terme), les intellectuels de toutes catégories n’ont pas à avoir raison avec ou contre le peuple. Leur rôle est de proposer leurs visions et analyses, lesquelles seront valables ou non.
JSB
Je connais quelqu’un qui détestait les intellectuels, au point de les persécuter : Mao. J’en connais un autre : Staline. J’oubliais Pol Pot et… Hitler. Comme quoi, les dictateurs détestent les gens qui réfléchissent. Normal, ils sont difficiles à manipuler.
Ce mouvement du gros bon sens, qui se présente sous des dehors libertaires, est en fait une perversion de la notion de liberté. Depuis quand la liberté est-elle la loi du plus fort, en dehors de tout arbitrage de l’État, présenté comme limitant la liberté ?
Cette dictature du gros bon sens porte un autre nom : l’obscurantisme. C’est le rejet de la réflexion, de la rigueur intellectuelle, le diktat de l’impression personnelle présentée comme une opinion, alors qu’elle n’est que préjugée et et répétition de clichés répandus par certains pouvoirs qui ont intérêt à faire primer leur intérêts sur tout contrôle extérieur. Ce sont les vrais ennemis d’une société ouverte, comme l’écrivait Popper, un libéral pourtant :
« C’est pourquoi nous exigeons que l’État limite la liberté dans une certaine mesure, de telle sorte que la liberté de chacun soit protégée par la loi. Personne ne doit être à la merci d’autres, mais tous doivent avoir le droit d’être protégé par l’État. Je crois que ces considérations, visant initialement le domaine de la force brute et de l’intimidation physique, doivent aussi être appliquées au domaine économique. […] Nous devons construire des institutions sociales, imposées par l’État, pour protéger les économiquement faibles des économiquement forts. »
Je n’aime pas tomber dans l’emphase ou l’alarmisme, mais c’est l’avènement d’un nouveau totalitarisme populiste qui nous pend au bout du nez. Ce nouveau pouvoir ne peut que se sentir menacé par ceux qui pensent.
Je connais quelqu’un qui détestait les intellectuels, au point de les persécuter : Mao. J’en connais un autre : Staline. J’oubliais Pol Pot et… Hitler. Comme quoi, les dictateurs détestent les gens qui réfléchissent. Normal, ils sont difficiles à manipuler.
Ce mouvement du gros bon sens, qui se présente sous des dehors libertaires, est en fait une perversion de la notion de liberté. Depuis quand la liberté est-elle la loi du plus fort, en dehors de tout arbitrage de l’État, présenté comme limitant la liberté ?
Cette dictature du gros bon sens porte un autre nom : l’obscurantisme. C’est le rejet de la réflexion, de la rigueur intellectuelle, le diktat de l’impression personnelle présentée comme une opinion, alors qu’elle n’est que préjugée et et répétition de clichés répandus par certains pouvoirs qui ont intérêt à faire primer leur intérêts sur tout contrôle extérieur. Ce sont les vrais ennemis d’une société ouverte, comme l’écrivait Popper, un libéral pourtant :
« C’est pourquoi nous exigeons que l’État limite la liberté dans une certaine mesure, de telle sorte que la liberté de chacun soit protégée par la loi. Personne ne doit être à la merci d’autres, mais tous doivent avoir le droit d’être protégé par l’État. Je crois que ces considérations, visant initialement le domaine de la force brute et de l’intimidation physique, doivent aussi être appliquées au domaine économique. […] Nous devons construire des institutions sociales, imposées par l’État, pour protéger les économiquement faibles des économiquement forts. »
Je n’aime pas tomber dans l’emphase ou l’alarmisme, mais c’est l’avènement d’un nouveau totalitarisme populiste qui nous pend au bout du nez. Ce nouveau pouvoir ne peut que se sentir menacé par ceux qui pensent.
« La droite est au pouvoir à Québec et encore plus à Ottawa. » Puisque « la droite » et « la gauche », même s’ils représentent une orientation globale des mentalités, restent des points de repère relatifs en politique, je comprends qu’il soit difficile d’appuyer ce genre d’affirmation avec des sources… Mais malgré cela, seul un intello pourrait manquer de gros bon au point d’affirmer une chose aussi absurde… ;)
Bien que le rejet des intellos soit un phénomène réel que vous semblez avoir de la difficulté à digérer (comme plusieurs intellos, évidemment), celui-ci n’implique pas nécessairement que le monde se dirige vers un chaos comme le laisse entendre votre conclusion, bien au contraire!
Première bonne nouvelle : il est possible d’être intelligent sans être « intello ». Comme vous l’avez dit vous-même, la catégorisation « intello » renvoie généralement à une attitude condescendante et parfois à un jargon considéré inutilement complexe pour le contexte du débat publique : il ne renvoi pas à l’intelligence.
Deuxième bonne nouvelle : il ne s’agit peut-être pas tant du refus des intellos, mais plus globalement d’une dissipation progressive du cadre « intellos/non-intellos » « intellectuels/manuels » par lequel on juge les citoyens et surtout la valeur de leurs opinions. Ce cadre conceptuel interprétatif, initialement posé par un système d’éducation dans lequel seul les riches avaient accès à une formation et à de l’information de qualité, est de moins en moins fidèle à la réalité.
Ironiquement, le « refus » des intellos est peut-être une étape nécessaire pour s’approcher d’un idéal d’égalité défendu par plusieurs… intellos. C’est juste que la manière de vivre ce phénomène social, quand on s’identifie à ce groupe, rend plus difficile la compréhension de son orientation globale.
On me pardonnera, j’ose l’espérer, ma participation un tantinet exagérée à ce débat sur l’anti-intellectualisme, sujet qui m’allume et m’enflamme.
De nombreux commentaires m’ont amené à me sentir obligé de présenter quelques nuances.
Je dirai donc ceci, un peu en vrac, d’une manière pas trop inintelligente, je l’espère.
1) Le contraire de l’anti-intellectualisme, ce n’est pas un pro-intellectualisme inconditionnel, borné, dogmatique et intransigeant. Dans une société comme la nôtre, tous (ou presque) réfléchissent et pensent, à des degrés divers. En chaque être humain sommeille un intellectuel potentiel, un éventuel penseur.
2) Comme le dit si bien Alexandre Lavallée, on peut être un intellectuel sans être très intelligent et on peut fort bien être intelligent sans être, au sens strict, un intellectuel.
3) Des intellectuels, il y en a de toutes les allégeances politiques, sociologiques et idéologiques. Dans l’Ouest canadien Stephen Harper est considéré comme un intellectuel assez considérable et il a fait partie d’une sorte de cercle d’ intellectuels de Calgary, intellectuels conservateurs et de droite. En effet, il existe des intellectuels de droite et ce sont largement eux qui encadraient George W. Bush. Donc, quand on accuse et accable les intellectuels en général, on procède souvent à des généralisations exagérées et outrancières. Il faut apporter des précisions et dire de qui l’on parle. De nombreux intellectuels conservateurs ont contribué à cogiter et à valoriser LE NÉOLIBÉRALISME qui est tellement décrié et honni par des intellectuels de gauche et par de nombreux citoyens.
4) Les intellectuels, comme tout être humain, peuvent se tromper et dire des sottises, des bêtises et des inepties. Le grand Jean-Paul Sartre et sa compagne (personne de grande envergure intellectuelle) Simone de Beauvoir se sont honteusement et effrontément trompés lorsqu’il s’est agi de juger le système «communiste» stalinien. Il s’agit là d’une gigantesque erreur historique. C’est à juste titre que Jonathan Blanchet parle des échecs des intellectuels. Mais contrairement à lui je ne pense pas que ce soient LES INTELLECTUELS qui sont coupables du relatif échec de la révolution tranquille et de certaines réformes. L’un des grands penseurs et intellectuels de la réforme scolaire a été le sociologue (de calibre majeur) Guy Rocher. Mais je pense que la réforme a été pervertie et détournée par des technocrates et fonctionnaires divers. Je n’ai pas ici le temps de peaufiner cette analyse!
5) S’il n’y avait que des intellectuels sur cette planète, nous nous dirigerions vers une catastrophe majeure. Les intellectuels ne représentent pas la population. Ils sont l’une des catégories sociales de la population et, de toute façon, de nombreux humains de toutes les classes sociales sont des intellectuels, même si ce titre ne leur est pas accordé. Mon père était mécanicien et «garagiste» et il était aussi un intellectuel qui m’a profondément marqué. Hélas il est mort quelques jours avant que j’aie 14 ans.
6) Je me permets de rappeler rapidement qu’au cours de l’histoire occidentale, il y a eu, en gros, cinq sources de pouvoir et d’influence. Premièrement le pouvoir fondé sur la loi dite «divine». Deuxièmement le pouvoir basé sur la loi dite «naturelle». Troisièmement le pouvoir fondé sur la tradition. Quatrièmement le pouvoir fondé sur le peuple, sur la majorité démocratique. Cinquièmement le pouvoir fondé sur les spécialistes, les experts (parmi eux il y a de nombreux intellectuels). Aujourd’hui il serait difficile de dire, sauf en certains milieux, que nous devons faire telle ou telle chose parce que Dieu, la nature (le gros bon sens) et la tradition le veulent. Aujourd’hui nous nous fions à la force du nombre et aux «conseils» de ceux qui, présumément, savent. Il y a donc un conflit inévitable. Les experts et les intellectuels, nous pouvons les écouter, ouvrir nos oreilles mais rien ne nous empêche de penser majoritairement (ou presque) d’une manière différente.
7) Il y a, dans l’émission THE SIMPSONS, un épisode ravissant et révélateur. Lisa et un groupe de personnes aux quotients intellectuels très élevés décident de prendre le pouvoir. Et c’est le désastre! On voit le grand astro-physicien Stephen Hawking se moquer, à sa manière, de cette prétention des savants, experts, spécialistes et intellectuels.
8) Je remercie Stéphane Thibodeau, Joseph Saint-Jean, Sébastien Lavoie, Alexandre Lavallée et Jonathan Blanchet. Leurs analyses et leurs doutes m’ont forcé à nuancer ma pensée et à présenter ces réflexions, trop longues (mille excuses!).
9) Je remercie aussi Steve Proulx, Josée Legault, Bernard Pottier, Olivier Fortier et François LaForest qui ont stimulé mes réflexions.
En conclusion, je suis un intello ravi qui déteste l’anti-intellectualisme primaire. Mais je n’adhère pas à un pro-intellectualisme totalitaire, snob et parfois prétentieux.
MERCI À CEUX QUI AURONT EU LE COURAGE MASOCHISTE DE ME LIRE!
JSB
Monsieur Baribeau, je suis bien d’accord avec vous. Les intellectuels, pas plus que les autres, n’ont le monopole de la vérité, et ils ont souvent erré eux aussi. vous évoquiez Sartre, mais c’est toute une génération d’intellectuels qui a appuyé sans réserve le régime stalinien, à quelques exceptions notables près. L’humain n’est pas qu’un être de raison, et son affectivité est souvent une source d’erreurs. Un intellectuel, tout comme un autre, peut se laisser séduire par des idées fausses, parce qu’elles lui plaisent, parce qu’elles confortent sa vision du monde.
La lucidité n’est pas l’apanage des intellectuels, pas plus que l’obscurantisme se limite à un « peuple » trop peu cultivé et crédule. Seulement, l’érudition, une certaine rigueur dans la réflexion, même si ce sont des qualités que l’on s’attend à retrouver, spécifiquement, chez les intellectuels, sont en réalité des nécessités pour tout citoyen voulant se faire une opinion éclairée sur les affaires de la cité. or, nos obscurantistes prétendent que ce n’est pas nécessaire, qu’armés de notre simple expérience personnelle et de notre « gros bon sens », nous pouvons vraiment réfléchir de façon valable sur les grands enjeux de société. Même sans faire la promotion de l’intellectualisme, ça ne tient pas la route.
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Tocqueville pour se faire une opinion éclairée sur la démocratie, mais ce n’est certainement pas suffisant de s’en tenir au journal de Montréal et à CHOI.FM pour former son jugement. La sagesse n’est pas une question d’érudition, mais l’ignorance revendiquée n’est certainement pas non plus le chemin vers la sagesse. Il me semble qu’elle réclame de nous que nous soyons ouverts d’esprit, curieux, et critiques envers nos propres a priori. Munis de ces qualités, on cherchera naturellement à élargir son champ de connaissance pour former son jugement.
Pas besoin d’être un intello pour ça, et pas besoin non d’être un anti-intello.
@Stéphane Thibodeau!
Merci d’avoir pris la peine de lire mon texte. Je suis d’accord avec vous, sans la moindre flagornerie!
JSB
Monsieur Proulx,
Elle a souvent eu lieu, cette révolution du gros bon sens. Common Sense Revolution, c’était déjà le nom du mouvement qui a porté Mike Harris au pouvoir en 1995 en Ontario. Et où a-t-elle mené, cette révolution? Pas plus loin qu’à Walkerton, en tout cas!
Sources
Mike Harris : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_du_bon_sens
Walkerton : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/actualite/walkerton/
@Sébastien Lavoie
Décidément, « je » est un autre… Unissons-nous et contrôlons le monde!
@JSB
Toute personne qui laisse un commentaire plus long que le billet duquel émane la discussion est nécessairement dans le champ. Je vous remercie d’être l’exception qui confirme la règle.
@u sujet de la révolution du bon sens et Mike Harris, monsieur Lavoie, merci de le rappeler…
Mais ce qui m’intéresserait davantage c’est de savoir ce que fait ledit Mike Harris dans la vie et tous ceux qui l’ont aidé à triompher de l’élite ontarienne… Non?
ah oui, ils sont en grande partie à Ottawa, dans le club sélect de Stephen Harper! Ça promet!
Mr Proulx déteste le nouveau maire de Toronto? Quelle surprise.
La dilapidation sans précédent des fonds public par l’hôtel de ville et l’ecrasement des citoyens sous les taxes municipales sont les 2 premiers articles de la charte de Quebec Solidaire.
La Grece aurait connu une guerre civile si les Allemands n’avaient pas avancé des fonds d’urgence pour payer l’épicerie, à crédit. Et que ne voyait-on pas dans les rues d’Athène? Des manifestants à pancarte qui hurlaient de rage pour avoir leur « free stuff ».
Je crois que meme si le Québec passe le cap du 100% PIB en dette un jour, comme la Grèce, il y aura toujours des Steve Proulx pour inciter les gens à quémender dans les rues plutot que d’aller travailler, tout ca pour la simple célébration narcissique de leur propre égo. L’échec lamentable de tout systeme social-démocrate déficitaire ne peut, semble-t-il, instruire les intellectuels sur le fonctionnement du monde.
Navrant.
JSJ
M.St-Jean, ce que je trouve navrant, c’est que vous n’ayez pas pris la peine de vous informer sur l’origine de la crise en Grèce, tout en vous permettant d’avoir quand même une opinion et de traiter les Grecs de paresseux…
Ce qui serait à l’origine de la dette grecque, outre un euro trop fort qui pénalisait ses exportations et le tourisme, c’est la pratique de l’évasion fiscale. C’est devenu un sport national en Grèce, mais le gouvernement conservateur, au lieu de lutter contre elle, a préféré truquer les comptes avec l’aide de Goldman Sachs. Peut-être parce que ça profitait à certains tinamis du pouvoir ? La dette grecque, elle dort dans des paradis fiscaux.
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/international/201006/07/01-4287587-la-fraude-fiscale-cause-et-solution-de-la-crise-de-la-dette.php
@Joseph St-Jean
Permettez-moi de vous dire, très respectueusement, que, dans votre texte rageur et quelque peu hargneux, vous insultez quasiment Steve Proulx sans vraiment discuter de ses thèses et idées.
Proulx affirme clairement qu’il y a de la place pour des idées de droite et pour des idées de gauche. Vous savez sûrement, M. St-Jean, que le débat n’est pas terminé entre ceux qui veulent le moins d’État possible et ceux qui considèrent que, dans de nombreuses occasions, l’État est, malgré ses lacunes et imperfections, une institution (à contôler) qui peut réparer certaines injustices et prendre certaines initiatives.
Dans cette sempiternelle discussion, les arguments bien ficelés et clairs sont plus importants que les insultes et les invectives de toutes sortes. Cessons de peaufiner notre impuissance collective en refusant de prendre le taureau de nos inquiétudes par les cornes d’une discussion sérieuse et éventuellement fécondante!
En toute courtoisie!
JSB
Que peut-on intelligemment ajouter aux savantes interventions qui précèdent, avec une mention spéciale pour celles vraiment remarquables de Monsieur Jean-Serge Baribeau?
La sagesse voudrait que je n’ajoute rien.
Mais… cela me… hum, je… c’est plus fort que moi, quoi! Il faut que je place quelques mots (possiblement déplacés) et que j’ajoute du superflu à ce qui déborde déjà.
Mais quoi?
Peut-être une blague… Voyons voir. Quelque chose comme ceci, par exemple:
« Dans une soirée mondaine, un intello, c’est une plaie. Deux, c’est la paix. »
Je ne vous l’explique pas. Tout de même…
Et une autre encore:
« Qu’est-ce qui est pire qu’un intello?……….Deux……….Et pire que deux?………..Euh… trois?……….Tss-Tss… un seul, avec dédoublement de personnalité… toutes deux d’intellos! »
Bon, je ne trouve rien d’autre. Ce qui est probablement heureux pour vous… Alors, je vous laisserai sur quelques mots relatifs à la compréhension des choses. Des mots de l’écrivain français Remy de Gourmont (1858-1915). Les voici:
« Le peuple, c’est tous ceux qui ne comprennent pas. Il y a des ducs parmi le peuple; il y a des acamédiciens. Le peuple, c’est très bien composé. »
@ Claude Perrier
Je vous remercie de vos remarques flatteuses.
J’aimerais, en continuité avec vos remarques humoristiques, citer cette phrase de Woody Allen (dans le film STARDUST MEMORIES):
*****«J’ai toujours dit qu’ils (les intellectuels) sont comme la Mafia. Ils ne tuent que leurs semblables.»*****
JSB
Moi, dans mon entourage, je me sens coincée entre les adeptes du populisme, qui font souvent preuve de paresse intellectuelle (souvent quand ça leur convient le mieux), et les intellectuels, qui proclament souvent le retour de l’élite qui dirige tout en crachant allègrement sur la plèbe (et qui font aussi preuve de paresse intellectuelle quand ça leur convient le mieux). Il me semble que l’équilibre entre ces deux extrêmes, c’est pas trop demander.
@Sara Houle
Comme vous avez raison! Entre les deux pièges extrêmes, celui du populisme abêtissant et celui de l’intellectualisme débridé et fanatique, il y a de la place pour de nombreuses positions intermédiaires, plus nuancées, plus dignes d’un être humain.
En théorie, être un intellectuel, c’est accorder une grande valeur au SENS CRITIQUE ET ANALYTIQUE. Pourtant certains intellectuels sont d’authentiques benêts et de profonds imbéciles lorsqu’il s’agit de manifester leur sens critique, lorsqu’il s’agit d’analyser et, éventuellement, de nuancer. Il m’est arrivé, occasionnellement, de ne pas me comporter de manière très «intelligente» lorsqu’il s’est agi de manifester mon jugement critique.
JSB
@ JSB
Surtout quand vient le temps de me traiter de fasciste.
***POUR EN FINIR AVEC LA STÉRILE QUERELLE BOUDRIAS-BARIBEAU***
Je m’étais promis de ne plus commenter les billets de Monsieur Boudrias. En effet, je déteste les querelles stériles qui opposent deux personnes (à titre individuel) plutôt que deux systèmes d’idées, plutôt que des analyses différentes ou divergentes.
Steve Boudrias prétend que je l’ai traité de fasciste. Lui, il m’a déjà demandé de ne plus écrire puisque j’ai plus de 60 ans.
J’ai dit, dans un billet, que, dans une perspective «voltairienne», je suis prêt à défendre son droit de présenter ses idées. Mais je ne suis pas prêt à accepter les insultes personnalisées.
Depuis le début de ma participation à VOIR, Boudrias me déteste, ce qui est son droit. Moi, je suis plus irrité que vraiment haineux. En effet, je ne connais pas Boudrias.
Alors, comme il est intéressant de débattre et de discuter dans les divers blogues de VOIR, moi je sors LE DRAPEAU BLANC et je demande la paix.
J’aime et apprécie beaucoup les papiers de nombreuses personnes qui, comme moi, «sévissent» dans les blogues de VOIR. J’aimerais continuer à «sévir» et même à «polémiquer» lorsque l’occasion se présente. Nous, les Québécois (et j’inclus les «nouveaux venus»), nous avons été historiquement un peuple de pamphlétaires et de polémistes. Actuellement un de mes grands amis, âgé de 80 ans, polémiste rigolo et vigoureux, ancien candidat RHINOCÉROS, n’a plus que quelques mois à vivre (à moins d’un revirement imprévu et imprévisible). Alors, avant de passer moi-même l’arme à gauche, je réclame le droit, à 67 ans, de continuer à discuter et à parfois m’engueuler avec des adversaires que je respecte.
Si Steve Boudrias veut commenter mes thèses et idées, il sera toujours le bienvenu. Mais si sa seule perspective, c’est que je suis un intellectuel prétentieux, isolé dans sa tour d’ivoire, alors là, cela ne va plus.
Alors, Steve Boudrias, pourquoi ne pas accepter ce drapeau blanc? Il n’y a aucune flagornerie ou chafouinerie dans cette proposition.
AU PLAISIR!
JSB
@ JSB
1) je ne vous déteste pas, loin de là, je suis parfois en accord avec beaucoup de vos points de vue – je « teste » un peu votre patience et je joue un peu sur votre titre et votre âge, je l’avoue;
2) ok, vous ne m’avez pas traité de fasciste mais avez plutôt perçu dans mes écrits des traces de « fascisme », je cherche encore où mais peu importe;
3) je vous reproche parfois de trop abuser des points d’exclamations, de trop enrobé vos propos d’excuses ou de formules remplies de modestie mais je suis le premier à exagérer (certains diraient caricaturer) lorsque je m’exprime – si vous voulez me coller une étiquette qui convient: traitez-moi d’insolent, d’orgueilleux, de prétentieux et d’égocentrique, ça me convient très bien (comme dirait Cocteau: ce qui te revient le plus souvent chez les autres, cultive-le, c’est toi;
4) malgré mes débordements et mes sorties à l’emporte-pièce, je respecte quand même la loi de Cocteau: le tact dans l’audace, est de savoir jusqu’où allez trop loin;
5) je ne réponds pas aux sentimentalisme, je suis un peu sans-coeur mais c’est comme ça, être vieux, pauvre ou agonisant ne vous rendra pas plus sympatique à mes yeux – je suis comme ça dans la vraie vie également, on ne se refait pas;
6) je ne suis en paix avec personne parce que je ne suis en guerre avec rien sinon des états de faits ou des hypocrisies qui me fâche: la prohibition des drogues douce, le désir des Québécois d’éviter toute forme de chicane; le conformisme à outrance et le Politicaly Correct (j’attends toujours la sortie de votre livre pour aller l’acheter, en passant);
7) j’ai pris l’habitude dernièrement d’écrire mes commentaires avec un téléphone intelligent pour éviter de bouffer de l’espace mais parfois je fais une exception, comme aujourd’hui;
8) Voltaire n’a jamais dis les propos que vous lui attribuez, c’est un malentendu anglais/français qui perdure, informez-vous – c’est comme pour la fameuse phrase de Malraux « Le prochain siècle sera spirituel ou ne sera pas », une légende qui va bien au grand homme qu’était André;
9) ce ne sont pas les intellectuels qui sauveront le pays (peu importe lequel), mais les individus assez courageux pour en affronter tous les débordements peu importe ce qu’il en coûtera;
10) je suis plutôt anarchiste comme personne et je me fous un peu beaucoup des thèses et je déteste les idéologies qui cherchent à enfermer le monde dans un discours formel étouffant et contraignant jusqu’à l’absurde.
Voilà, je ne demande permission à personne pour m’exprimer où que ce soit et je ne m’attends pas à ce qu’on fasse de même à mon endroit mais… j’ai la réplique facile. Est-ce que je cherche à avoir raison dans mes débats avec les autres? Non, seul l’avenir dira si oui ou non j’ai tort ou raison. Le reste, je m’en balance. Je n’aime pas beaucoup l’esprit de clan et l’esprit de groupe mais, curieusement, j’aime bien les gens qui sont assez fous pour parler encore de fraternité aujourd’hui alors que les valeurs familiales sont aussi peu respectées et même associées à la Droite fasciste par des imbéciles heureux d’être tout seul à avoir l’étude en main qui prouve leurs dires mais ne changent en rien le sort des plus mal pris de ce monde.
au plaisir de vous lire ailleurs que sur des blogues, cher monsieur!
*JSB, c’est pour Jean-Sébastien Bach, c’est dire le respect et le génie que je vous crois être détenteur… cela étant dit en toute flagornerie, bien sûr ;-)
@Boudrias
Je veux bien accepter vos spéculations et explications. Mais en ce qui me concerne, je tiens à entretenir des débats sur les idées et thèses plutôt que sur les personnes. Rien de moins et rien de plus! (point d’exclamation)!
JSB