Je repense à 2010 et je vois clignoter des mots ici et là.
À ma grande surprise, je constate qu'on peut résumer une année entière avec une poignée de mots.
Est-ce l'effet de la simplification galopante du discours public? Les élus s'expriment en clips. Les citoyens commentent en tweets. La classe médiatique souffre de trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité. Bref, on approfondit bien peu.
C'est ainsi qu'à l'heure du bilan, seuls quelques mots remontent à la surface. C'est tout ce qu'on aura retenu.
Des particules de phrases suffisent à évoquer l'air du temps.
Prenez "Bastarache", "gaz de schiste", "recensement obligatoire" ou "datation de l'encre".
Vous auriez lancé ces mots l'an dernier à votre party de Noël et vous auriez sonné aussi ésotérique qu'un hurluberlu parlant de culture dans un rassemblement conservateur. Lancez-les cette année et vous m'en redonnerez des nouvelles.
D'autres mots à la sonorité amusante se sont faufilés dans le champ lexical de 2010: Halak, Clotaire Rapaille et l'imprononçable volcan Eyjafjöll.
En 2010, on s'est aussi traité de "parrain", de "voyou", de "Québécois de service", de "tête de Slinky", de "pédophiles". On a en outre eu droit à un bel éventail de mots en "on": prorogation, construction, corruption, obstination, acrochordons.
En effet, le docteur Scholl et ses incroyables messages publicitaires ont permis d'épurer le parler d'ici de ses honteuses "titines". Ces excroissances de la peau ont désormais un nom décent – acrochordons – et je suis content de l'avoir appris cette année. Tout comme je suis content de l'avoir appris plusieurs fois par semaine, et le plus souvent à l'heure du souper. Merci, Dr Scholl.
D'ailleurs, lancez "acrochordon" à votre party de Noël et vous m'en redonnerez des nouvelles.
Restons dans la sonorité en "on", avec "pétition". Ce mot a pris du galon en 2010, devenant presque synonyme d'espoir. Plus de 245 000 personnes ont signé jusqu'ici la pétition réclamant la démission de Jean Charest.
En parlant de pétitions qui n'ont strictement rien donné, je mentionne celle qu'Amir Khadir a présentée à l'Assemblée nationale en octobre dernier. Elle demandait au gouvernement du Québec rien de moins que la recherche d'une "paix durable et féconde entre les peuples d'Israël et de Palestine". Forte d'un peu plus de 1000 signataires, la pétition exigeait la fin immédiate du blocus économique de Gaza, l'interdiction aux entreprises québécoises qui fabriquent du matériel militaire d'exporter vers Israël et la suspension de l'Entente de coopération économique entre le Québec et Israël. Le gouvernement n'a, en fin de compte, accédé à aucune de ces demandes. Mais j'ai entendu dire qu'Israël a vraiment eu peur pour ses fesses pendant un moment.
Cela dit, si je n'avais qu'UN mot à élire pour 2010, ce serait celui-ci: fuite.
Je parle bien entendu des fuites sur Wikileaks, qui ont gâché les vacances des fêtes d'un paquet de diplomates. Je parle aussi de la fuite de pétrole de cette plate-forme de BP dans le golfe du Mexique, qui a gâché les vacances estivales d'un paquet de pélicans (et accessoirement causé la pire marée noire de l'histoire de l'industrie pétrolière).
Les fuites, c'est aussi ce que craignent ces citoyens qui s'opposent à une exploitation précipitée des gaz de schiste. Enfin, la fuite est sans doute le mot qui exprime le mieux le refus borné du gouvernement Charest de tenir une commission d'enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction.
Oui, l'année 2010 fut celle des grandes fuites.
J'en profite pour mentionner que les fuites de chaleur des maisons mal isolées représentent un enjeu de taille dont on parle trop peu. J'ai lu qu'aux États-Unis, l'énergie s'échappant des fenêtres et des fissures équivaut à celle fournie par tout le pétrole pompé annuellement en Alaska!
Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter un hiver mieux calfeutré et une année 2011 sans acrochordons. On se retrouve le 13 janvier.
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En 2011, je surveillerai pour vous d'autres dossiers chauds, notamment l'intense débat entourant la couleur des futures voitures de métro. Comme vous le savez sans doute, la STM tient un référendum sur la question. Les voulez-vous bleues avec une petite ligne blanche, bleues avec une moyenne ligne blanche ou bleues avec une grosse ligne blanche? L'option "mauve avec des flammes jaunes" ne fait, hélas, pas partie des choix de réponse.
Je vous laisse méditer là-dessus. Parlez-en à votre party de Noël. Vous m'en redonnerez des nouvelles.
Chaque matin, après le déjeuner, je nettoie mes lunettes. Parce que je sors dehors beaucoup en hiver, le sel et la neige sale sur les trottoirs et dans l’air montréalais les embrûment davantage que l’été.
Et je prends l’autobus….enfin moins souvent en hiver. Pourquoi? Les lunettes, pardon,…les vitres des autobus de Michel Labrecque sont tellement sales qu’on ne voit pas où on s’en va, sitôt qu’on sort de son quartier.
C’est peut-être mieux ainsi,étant donné l’état du paysage urbain montréalais, défiguré par tous ces travaux dans les rues. Paraît-il qu’on a le meilleur système de transport public en Amérique du Nord.Sans doute aussi les « pluss meilleures » coquerelles dans le métro comme j’en ai vu l’été dernier à la station Laurier, (toujours aussi déconcrissée hier soir),en m’en allant au Festival de jazz. Festival de jazz en passant où on entend de moins en moins de jazz et de plus en plus de n’importe quoi.
Mais je m’éloigne, et mes lunettes s’embrument. J’vasdescendre de l’autobus, anyway, c’est Noël, le jour par excellence au Québec pour faire semblant de savoir qui on est…on enlève ses lunettes, et tout devient rose. En prime,les planibus sur les poteaux, on peut pas les lire dans la noirceur, c’est pas grave, de toutes façon, ils sont orientés côté maison, dans les bancs de neige….
Michel Labrecque, il faisait dans le vélo, avant. Ça prend un maudit bon bécik pour être capable de se vanter, de pédaler de la margoulette ainsi dans le traffic, à sens unique, à travers les vitres sales de ses autobus ,entre les coquerelles, les escaliers mal éclairés, les planchers jonchés de journaux dans le métro, par dessus les prétentions tonitruantes de nos administrateurs à Montréal qui sont même pas foutus de nommer un terminal de transport « Marie-Victorin » en lieu et place de cet infâme « Lionel Groulx », des élus municipaux qui font dans leur culotte quand on leur suggère « Mordecai Richler » comme nom d’une rue dans le Mile End.
Quand je prends l’autobus, l’hiver, je ne vois rien mais je sais où je ne veux pas aller.Ça compense. Les voitures du métro, je les verrais en brun, comme les chaussures d’Amir. Une couleur qui a de l’avenir, surtout quand on monte dans le 11, dans Côte-des-Neiges. On a pas besoin de le « wouère » où on s’en va, on veut pas le « sawouère ». Terminus sur le Plateau. À côté de Vélo-Québec…
***L’ANNÉE «HENRI LABORIT»: DE LA FUITE COMME SOLUTION***
Steve Proulx, en lisant votre texte, fort intéressant, je n’ai cessé, perfidement, de penser au livre d’Henri Laborit ÉLOGE DE LA FUITE et au film qu’en a tiré Alain Resnais, MON ONCLE D’AMÉRIQUE.
J’ai dégagé, dans Google, la notation que voici, concernant le livre d’Henri Laborit, ÉLOGE DE LA FUITE:
***«La partie la plus intéressante est celle qui traite de la morale individuelle, et qui est résumée par le titre du livre: à choisir entre l’affrontement et LA FUITE devant une tension, c’est la deuxième option qu’il convient de favoriser. Mais entre l’affrontement et la soumission passive, l’auteur démontre qu’il vaut mieux se battre.
Pour cela, il soumet un rat à la gégène, et lui offre trois alternatives: LA FUITE, le combat contre un autre rat, ou la soumission passive à la torture. En mesurant les conséquences des trois actions sur le métabolisme du rat, il met en évidence que c’est la soumission qui déclenche le plus d’effets pervers sur sa santé: hypertension chronique, troubles du métabolisme. Ayant éliminé comme réponse possible à l’agression la soumission passive, il nous engage à opter de préférence pour LA FUITE plutôt que pour l’affrontement. Pourtant, si les circonstances imposent de se battre, que cela soit selon la devise de Don Quichotte, pour secourir la veuve et l’orphelin. L’engagement dans la lutte sera un moindre mal s’il se fait au côté du plus faible. Ce qui est très intéressant dans ce livre, c’est de définir une morale de l’action à partir des réactions animales de l’homme, de fonder des règles de vie sur une éthologie humaine.»***
Eh oui! L’année 2010 aura été celle de LA FUITE, celle de «la LEAK», celle de la QUICKIE LEAK.
N’oublions pas, en dépit des propos perspicaces de Laborit, que la fuite peut être, à l’occasion, la manifestation d’une infâme lâcheté.
Par exemple, FUIR devant certains mots jugés non-parlementaires, cela frôle souvent la «correctitude» politique et la censure malodorante. Je pense au mot GIROUETTE (interdit en 2009 ou en 2010?). Comment peut-on franchement interdire de dire d’un politicien opportuniste et prêt à manger à tous les râteliers qu’il est UNE GIROUETTE. Il y a de nombreuses girouettes chez les politiciens et tout le monde le sait.
Alors, stoppons ce conformisme vertuiste en angélique. Gardons précieusement le droit de dire la vérité sans forcément sombrer dans l’injure grossière et plus ou moins justifiée.
Quant au mot «maux-dit» (ou mot-dit), le mot BASTARACHE, n’oublions jamais que dans ce mot il y a le mot espagnol ¡BASTA! Espérons que nous pourrons bientôt dire: BASTE! ASSEZ!
Donc, je la boucle en criant: ¡BASTA!
JSB
Voir voir de près la grande roue;
assister a un poème au kiosque Edwin
Écouter Rammstein sur les plaines
et sentir Jimmy Cliff Au pigeonnier;
Voir Julie Lemieux dans un miroir d’eau,
le cancer marc Simoneau; LCN;
La piste cyclable sur St-Cyrille et les cyclistes ;
Sylvain Bouchard; LCN; Régis et les Nordiques
Les olympiques et le massif; Tour de petits chevaux a Bordeaux;
le Colisé; l’amphithéâtre; Halck; Halck ;
Bastarache ; Charest; Commission- Construction;
Arc Curso; Rizzoto; LCN; Sylvain Bouchard;
CKIA, Ckrl;
Régis; Ministre Bêchard; LCN;
la pluie; la canicule du 8 juillet; la Chaleur
la Gaspésie; la pédale a gaz de Toyota;
LCN; les jumeaux de Céline; ZAZ;
La marche bleu ; J’ ai ma place;
Lahsa de Sala Stéphane Gasse- Dupont;
Gaz de Schiste;
Pierre Cursi Les Écoles passerelles;
les soldats morts de Valcartier .
Le palais Montcalm et son déficit!!!!!
Le compte de taxe gelé !!!
Bonne année Roger et Véro ..
André
Des mots, il y en a une quantité effroyable…
Au point que des dictionnaires tels que le Petit Larousse ou le Petit Robert, des abrégés lexicologiques, s’avèrent malgré tout de grosses briques. Beaucoup de vocabulaire disponible pour un monde paradoxalement assez illettré.
Et puis des mots, il y en a pour tous les goûts.
Des gros, des petits doux, des imprononçables, des bons, des anglicismes, des lourds de sens, des spécifiques à des secteurs particuliers, bref plein de mots pour le dire aisément (dans la mesure où l’on conçoit bien ce que l’on cherche à exprimer… ou quelque chose dans le genre…).
De plus, à tous ces mots déjà en circulation, ayant cours légal pour ainsi dire, d’autres viennent à chaque année réclamer une place, quitte à devoir pour ce faire déloger quelques vétérans poireautant sur le banc depuis un moment. Une ingratitude si l’on songe aux valeureux services rendus – mais il faut bien être de son époque.
Par ailleurs, ce qui s’avère plutôt curieux, ce n’est pas toujours avec ce qu’ils représentent selon leur définition officielle que les mots font de l’effet. Le véritable « sens » des mots n’a parfois aucune incidence sur l’impact provoqué par leur utilisation. C’est du moins ce qu’a exprimé le romancier et journaliste français Alphonse Karr (1808-1890), que vous connaissez peut-être autant que moi, soit pas tellement…
Voici ce qu’il a observé relativement aux mots:
» Beaucoup de gens produisent, en se servant de mots qu’ils ne comprennent guère, un grand effet sur l’esprit d’autres gens qui ne les comprennent pas. »
En somme, avec tous les mots à notre disposition, nous nous retrouvons malgré tout souvent perdus en plein dialogue de sourds… À y perdre son latin!
N’oublions pas les noms propres en train de devenir nom commun: twitter…
http://ysengrimus.wordpress.com/2009/06/01/twitter-represente-t-il-la-mise-en-place-tranquille-du-totalitarisme-volontaire/
oui, déjà, deux ans plus tard…
Paul Laurendeau