Bonjour la police
Dans le monde occidental, la tendance policière face au mouvement rave est à la répression. Pendant qu’en France la guerre est ouverte entre la police et les free-partys (sorte de raves improvisés dans les champs), la ville d’Ottawa vient d’interdire la tenue de raves sur son territoire, la ville de Toronto vient à peine de lever une interdiction, remplacée par une formule extrêmement coûteuse pour les promoteurs, et les corps policiers américains ont les yeux rivés sur le cas de deux promoteurs arrêtés l’année dernière grâce à la Crack House Law (loi créée au début des années 80 afin de mettre derrière les barreaux les trafiquants de crack). Est-ce que l’annulation de l’événement Swirl prépare le terrain pour une bataille similaire dans la communauté locale?
Il semble bien que oui, le SPCUM affirmant d’ailleurs dans un communiqué de presse: "Actuellement, compte tenu des risques de santé et de sécurité publique associés à la consommation de drogues illégales, dont l’ecstasy, lors de la tenue de récents partys raves sur notre territoire, la direction du SPCUM s’objectera à la tenue d’un party rave auprès de la RACJ tant que l’on n’aura pas trouvé un encadrement suffisant qui permette d’assurer la santé et la sécurité des participants." Le sergent Luc Rondeau, du département de la moralité du SPCUM, souligne que la police s’oppose depuis longtemps à la tenue de tels événements, à cause de la vente de drogues: "On ne voudrait pas éliminer les raves pour qu’ils aient ensuite lieu dans des endroits illégaux, mais on ne peut tolérer la consommation de drogues. On s’objectera à ces événements tant qu’il n’y aura pas de moyens efficaces pour restreindre le trafic." La police ne ferme pas la porte à la demande d’un changement dans le règlement municipal pour statuer sur les plus petits événements. Le même sort pourrait également être réservé aux afterhours, si la situation actuelle ne change pas. Les saisies qui se sont déroulées avant Swirl ont justifié ces actions de la police.
Cependant, il faut reconnaître que l’annulation de Swirl n’est pas directement reliée à la police, mais bien à un refus (suggéré par le SPCUM) d’autoriser la suspension du permis d’alcool par la Régie des alcools, des courses et des jeux. Cette suspension est obligatoire pour les événements qui se tiennent dans des endroits qui possèdent un permis d’alcool (qu’ils servent de l’alcool ou non lors de l’événement en question). Vu le nombre grandissant de ce type de rassemblement, la RACJ a décidé l’année dernière d’imposer trois critères que doivent respecter les requérants. C’est peu connu, sauf dans le cas des événements du BBCM, mais chaque suspension de permis doit être accompagnée de la remise des profits accumulés après 3 h du matin à un organisme de charité. Le Bal en Blanc les remet à Divers Cité et les Productions 514, à la Fondation du coeur du Québec généralement. De plus, un événement ne doit pas être un mode régulier d’exploitation et chaque happening doit obtenir l’aval du corps policier concerné.
Les corps policiers doivent en effet être en mesure de déployer les effectifs nécessaires à la gestion de la foule tout en s’assurant que la tranquillité des résidants du secteur n’est pas affectée.
Selon la RACJ, chaque cas est traité différemment et évalué en conséquence. Or, dans le cas de Swirl, elle a suivi les recommandations de la police. Mais la demande de suspension ne doit pas devenir quelque chose de routinier, souligne François Moisant, de la RACJ: "Les lois établies au Québec sont le reflet d’un désir social qui veut que le service d’alcool se termine à 3 h. Bien qu’on ne refuse pas sans raison une demande, chaque dérogation à cette règle reste exceptionnelle."
En Ontario, les bars doivent fermer leurs portes à 1 h, alors qu’aux États-Unis, et dans la majeure partie de l’Europe, il n’existe pas de telles restrictions. Avec la montée de la popularité des établissements afterhours, le Regroupement des propriétaires de bars du Québec demande d’ailleurs que la loi soit modifiée afin d’étendre l’ouverture des bars jusqu’à 6 h (tout en maintenant l’arrêt du service d’alcool à 3 h). Il est temps que la législation du Québec s’adapte à ce nouveau rythme de vie de sa population.
Aussi à surveiller
– Après une enfance entourée de l’équipe du sound-system reggae de son père, Digital s’est lié d’amitié avec Photek et Goldie, avec lesquels il produira des pièces pour leur étiquette. Il spinnera à la soirée Binary, au club DVD, le 31 mai.
– Le New-Yorkais Joeski proposera un set de huit heures au Stéréo le même soir.
– Le Blue Dog recevra Mindset pour un set live de drum’n’bass le 1er juin.
– Le 1er juin, le party Psylocibe 2 contiendra deux salles, dont une acid/trance, et une autre ambiant/électro. Information: 741-3898.
– Le lendemain, le Sona accueille CJ MacIntosh et Eric Morello.
– Toujours le 2 juin, Baby "Hec" Romero passera par l’Aria, accompagné comme à l’habitude par Lord G.
– La soirée trance mensuelle Freak Bamboulé présente les performances de Jaia de France, Mk-Ultra et Djembefola. Le 2 juin au HTTP.
– Le Last Minute Crew invite tous les amateurs de jungle au party Busted, le samedi 2 juin, au 1407, rue Saint-Alexandre, avec Stabba, Krinjah, Jackbeetz et Corey K (gratuit).
– Les mercredis Sensations du Jingxi reçoivent Dominic G de Calgary dans le cadre de l’événement mensuel Canadian Sensation, le 6 juin.