Souris de nuit
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Souris de nuit

Après avoir été proclamé 26e meilleur espoir de l’industrie électronique par le magazine The Urb au printemps dernier, DJ Maüs nous offre un deuxième disque mixé, à la demande des Productions 514 dans le cadre de l’événement Cream. Ceci constitue pour la D.J. une nouvelle étape, qui lui demande un recul face à son oeuvre. "Le disque de Cream, je ne l’écoute pas, lance-t-elle. Ça va me prendre encore un mois ou deux avant de le faire. Quand je finis un disque, je le mets dans un tiroir fermé à double tour parce que je suis rarement satisfaite de ce que je fais." Loin de vouloir détruire son travail, elle explique plutôt que, cette fois-ci, c’est la partie centrale du disque, du house tribal et américain, qui lui semble plutôt étrangère. "Disons que c’est peut-être du nouveau moi, ou plutôt, un côté de moi qu’on entend moins souvent: il est plus festif et plus mainstream." On lui avait pourtant accordé une totale liberté pour cet enregistrement. "J’étais dans une période où les trucs biens rythmés me branchaient." Trop de gens l’associent encore uniquement au drum’n’bass, alors qu’au contraire, elle a des phases, plus ou moins longues, qui l’amènent vers différents styles. "Parfois je me conte des peurs. Je suis tellement intense dans ce que je fais, que je pars dans un trip house tribal, par exemple, et je me dis "ça y est, c’est moi". Puis une semaine plus tard, je reviens sans m’en rendre compte à des pièces beaucoup plus deep ou minimales."

Elle délaisse de plus en plus le drum’n’bass plutôt fade ces temps-ci ("Il y a des fatalistes qui vont dire que le drum’n’bass va disparaître"), et varie plutôt ses sets. C’est à partir de la très populaire tournée européenne avec le M.E.G. l’an dernier qu’elle a, pour la première fois, dévoilé au grand public sa passion pour le techno. Bref, aucune étiquette ne se prête parfaitement à cette dame qui a tout de même commencé à mixer il y a six ans de la musique plus obscure, dans le style de Warp, Plus 8 et Planet-E. "Je bouge beaucoup à travers les styles et j’ai besoin de m’alimenter de différentes textures sonores."

Son prochain objectif? La technique. "Je n’élabore pas assez au niveau technique, rapporte-t-elle franchement. Je suis plutôt une "sélectionneuse". Je me préoccupe beaucoup plus du choix des pièces: ce qui va choquer, ce qui va faire réagir, ce qui va faire groover, etc. Je suis constamment à la recherche d’une nouvelle direction. J’essaie carrément de créer un scénario dans ma tête." C’est ainsi qu’elle improvise une trame narrative tout au long de chaque soirée. "Mais je pense de plus en plus à ajouter des morceaux techniques à mon orchestre: sortir un peu de ma coquille et utiliser d’autres matériels lorsque je fais un set: une troisième table tournante, un échantillonneur, un processeur d’effets." Et la production de pièces? "Je travaille chez moi quand j’ai le temps. Le problème c’est que j’ai de la difficulté à dire non. La prochaine étape va donc être de me réserver un peu plus de temps pour m’enfermer chez moi et travailler plus sérieusement. Toute la dernière année, l’ordinateur et moi, nous nous sommes amadoués. Finalement on s’entend bien, mais je ne suis pas pressée. Si jamais je fais quelque chose de bon, je vais le sortir; mais si je ne fais rien d’intéressant, je ferai autre chose", lance-t-elle en riant.

D’ici là, elle est toujours occupée. Outre le disque et l’événement principal de Cream, le 2 septembre, elle est résidente chaque jeudi soir au Laïka; chaque vendredi au bar du Sona; et une fois par mois les mardis au Jaï. Une deuxième édition du party breaks Breaking Habits devrait également avoir lieu en octobre. Enfin, elle collabore présentement avec le Festival de nouvelle danse (la danse étant son premier amour) à titre de co-directrice artistique des soirées multimédias à la S.A.T.

Aussi à surveiller
– Bombay et Turbo, les deux plus importants labels de musique électronique à Montréal, s’associent avec l’Anglais Mister C. le temps d’une soirée à la SAT, le 23 août.

– Encore cette fin de semaine le Aria ne reçoit que des grands noms avec vendredi dans la salle principale le technoïde D.J. américain Adam X et "le plus célèbre des exilés montréalais" Robert De La… Gauthier. Samedi, le house de Chicago de Johnny Fiasco envahira la salle principale pendant que Marques Wyatt et son house de la Côte-Ouest américaine prendra possession de la salle deep.

– Le 25 août, le petit party Sparks aura lieu en compagnie de Yaz, Pfreud, The Sorcerer, One, Domino et Funky (25 $). Information: 413-2149.