Bal en blanc: CKOI le problème?
Bal en blanc: CKOI le problème?
L’insulte ultime a été lancée par l’organisation du Bal en blanc dimanche soir dernier. En effet, à toutes les heures de cette huitième édition, on a diffusé des messages publicitaires pour CKOI, Le Château, FOAM et autres commanditaires de l’événement sous forme de diapositives animées sur les écrans vidéo. Si on peut encore accepter (dans une certaine mesure) une banderole dédiée aux entreprises qui participent au déroulement de la soirée, doit-on sacrifier le travail de l’artiste-V.J. pour une vulgaire pub? Cela coupe un trip aussi abruptement que si le D.J. annonçait un concours de t-shirts mouillés au micro.
Ce "Stade en blanc" a tout de même offert une affiche très bien adaptée à ce genre de mégaparty. Le Français Bob Sinclar y est d’abord allé d’une lourde et active sauce house (très mal rendue par le système de son). Le natif de Francfort Paul Van Dyk a pour sa part usé de ses sonorités progressives peu novatrices mais très efficaces, suivi de Deep Dish, qui proposait une version adoucie et planante du même genre. L’envergure toujours plus impressionnante des événements de ce type et le changement de salle forcé par les pompiers la semaine dernière ont cependant amené leurs lots habituels de désagréments (haut-parleurs et lumières à la fois trop peu nombreux et trop puissants).
Afin de mieux comprendre l’effet de ces gargantuesques rassemblements (plus de 10 000 personnes) sur le commun des mortels, j’ai fait appel aux commentaires de la néophyte Isabelle Gentès. Bravant le lock-out de la Société Radio-Canada, la chroniqueuse de l’émission bandeapart.fm et inconditionnelle de la scène rock locale n’en était qu’à sa deuxième expérience dans cet univers nocturne.
Six heures moins quart: le sol nous sert de divan. Les premières craintes sur la mauvaise qualité des services dans les raves se sont dissipées depuis longtemps. "Je ne croyais pas danser autant ce soir. Je pensais être observatrice plus que participante, raconte-t-elle. Finalement, j’ai été incapable de me retenir: le beat est trop bon et le trip efficace." Même si la foule originelle du Bal en blanc se voulait bigarrée, elle tend à s’uniformiser année après année et prend la forme du public cible des commanditaires ci-haut mentionnés (c’est-à-dire beaucoup de jeunes banlieusards). Les D.J. et leurs consonances accrocheuses ont malgré tout transcendé cet état de fait et inoculé à notre invitée l’essence répétitive à la base de la musique électronique. "Comme la musique techno n’est pas ma passion première, je ne sais pas si j’aurais réussi à communiquer avec les gens dans un rave plus underground. Je me sentirais extraterrestre. Mais ce soir, on sent qu’il y a beaucoup d’extraterrestres, de gens peu habitués aux autres raves. Cela fait en sorte que je me laisse encore plus aller." En entrevue, plusieurs D.J. l’ont déjà confirmé: le descendant commercial du mouvement rave a l’avantage de l’accessibilité, ce qui en fait une porte d’entrée toute désignée pour les autres horizons éclectiques de la musique électronique.
Résistance urbaine
Le producteur américain Stakka inaugurera le mardi 9 avril un nouvel événement mensuel dédié aux breaks. Urban Sound Resistance envahira le Living (!) sur deux étages avec Double A, Corey K (qui vient d’acquérir de Tiga le magasin de disques DNA), Spinal, Stabba et MC Ironee. Mini s’occupera de la salle électro avec un invité au violoncelle (10 $ à l’avance). Information: urbansoundresistance.com.
AUSSI À SURVEILLER:
VENDREDI 5 AVRIL
– Slam, le duo de choc au coeur de la scène écossaise, enfilera les disques à l’Aria.
SAMEDI 6 AVRIL
– Le party That des expérimentés promoteurs N.I.C.E. propose, du côté blé entier, une salle jungle avec le Torontois Capital J, C-Rat, Corey K, Mindset et Krinjah; et du côté givrage sucré, les breaks électro-techno de Melon, Mini, Insomniak (live) et Sarcastic (20 $). Information: 302-4424.
– Les D.J. Andy Williams et Kobal prendront d’assaut le loft du 215 a, rue Murray (coin Ottawa) pour faire découvrir leur collection d’afro-beat, funk et reggae (8 $).
– Le même soir, la soirée Fuck Off vous plongera dans la férocité du hardcore avec Miro, Lenny Dee, Iznogood et Earthquake. Information: 957-4898.
LUNDI 8 AVRIL
– L’étiquette Alien 8 est à l’honneur pour la soirée D.J. de la Casa Del Popolo (gratuit).