La touche A.R.D. de Yann
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La touche A.R.D. de Yann

Dix-huit minutes avant de monter sur la scène principale de Lollipop 3 pour y faire tourner la musique la plus violente d’une nuit mnémonique, A.R.D., baptisé Yann Latouche, semble disposé comme jamais à jouer à l’interviewé si l’on se fie à l’état de grâce qui émane de son regard perçant. Et c’est dans ce moment d’ivresse qu’il confie: "Si les vinyles étaient gratuits, il serait difficile de justifier le salaire d’un D.J. tellement c’est une joie, un privilège!" Et si seulement tout était aussi simple sur la planète techno…

À une époque pas si lointaine où Yann rêvait de se qualifier pour les Jeux olympiques en natation, personne n’aurait jamais anticipé l’idée qu’il deviendrait un jour l’un des piliers de la scène techno à Québec. Mais sa détermination acquise au rythme des compétitions lui prodigua une volonté et un souci de perfection hors du commun. Affranchi de la vie d’athlète en raison d’une blessure alors qu’il venait d’être initié à la culture rave par des copains, il vit son désir d’en connaître toujours plus sur la musique techno se transformer en un intérêt marqué pour le djing. Il se souvient d’un moment charnière de son existence: "Mon premier 12 pouces de techno qui bûche, c’est Nic B qui me l’a vendu à l’époque où il travaillait chez Platine le disquaire, en 1997. On écoutait des trucs ensemble et c’était toujours trop house ou trance, trop moumoune finalement… Jusqu’à ce qu’on tombe sur les sons qui font froncer les sourcils: hard techno, acid techno, toujours un son gras pas de "piou piou", c’est ça que j’aime…"

En plus de nous promettre une compilation de "A.R.D.-techno" dès que le temps le permettra et de peaufiner semaine après semaine les programmations de l’after hour Le Cube avec Luc Beaumont et du Dagobert avec Jean-Fred Laberge, Yann prépare minutieusement le rave Take Off 3 annoncé pour le 18 mai prochain et mettant en vedette le français Manu le Malin. Au menu de cette nuit unique, un système d’éclairage mobile sur câble à faisceaux laser opérant sur 360 degrés, du jamais vu à Québec, ainsi que des sculpteurs sur glace à la tronçonneuse pour souligner le paroxysme d’une nuit qui promet d’être aussi hardie que hardeuse.

Fort d’un voyage à Barcelone en octobre dernier l’ayant propulsé au rang de D.J.-vedette le temps de quelques nuits, Yann Latouche est conscient qu’il serait possible pour lui de tourner les disques un peu partout dans le monde chaque semaine si le temps ne lui manquait pas si tragiquement. Interrogez le colosse de bientôt 25 ans sur la possibilité d’accrocher définitivement ses écouteurs pour se concentrer sur l’aspect business des raves, et il vous rétorquera avec émotion: "J’ai déjà fait braillé de joie deux gars tatoués, genre amateurs de métal, tellement ils avaient aimé mon énergie aux tables tournantes… Et un feeling comme ça n’a pas de prix…" Yann Latouche a découvert un grand secret: le lieu où réside le bonheur est en soi.

Aussi à surveiller:
Ce jeudi, Marco G reçoit Slam chez Dagobert, un duo écossais formé de Stuart McMillan et Odre Meilkle. En tournée en Amérique pour diffuser une musique techno-funky, ils nous rendent visite pour la première fois à Québec.

Ce vendredi, Session Syndromatiques 003 au Kashmir avec Bleu Pulp, Strafe, Mindmover, Cyre et Tim Hortonz. House break beat, techno tribale, musique chill de tous genres et explorations sonores seront à l’honneur pour le rendez-vous mensuel des technophiles curieux à Québec.