La victoire de l’informatique
La discussion fait rage depuis des mois, sinon des années, et elle est d’autant plus pertinente tandis que le Festival Elektra bat son plein. L’ordinateur portable envahit toutes les sphères de la musique électronique et remplace maintenant sur scène les échantillonneurs, les machines à effets (TR 909, etc.) et les séquenceurs. Une menace pour la formule live classique ou une nouvelle corde à l’arc artistique? À chaque concert, la question passionne et divise. Cette machine (qui sert, plus souvent qu’autrement, de panneau publicitaire pour Apple) est en train de changer la relation artiste-public en les isolant l’un de l’autre. Le musicien, les yeux rivés sur l’écran et la main sur la souris, donne parfois l’impression de répondre à ses courriels devant un public blasé.
Le principe du spectacle live avec laptop est simple: plus un artiste est intègre, moins il va pré-enregistrer son instrumentation. La plupart du temps, les musiciens utilisent leur banque de sons qu’ils appliquent à une structure de boucles et d’effets définis en direct sur scène. La performance live avec ordinateur portable requiert donc une écoute nouvelle. Comme il n’y a rien à regarder sur scène, tout repose sur la musique et, si on est chanceux, sur les écrans.
La vedette allemande du house underground Zip (alias Dimbiman) s’expliquait lors de son passage au dernier Mutek: "Je ne veux pas dire aux gens comment ils devraient agir, mais de mon point de vue, un show live [avec ordinateur portable] est réussi lorsqu’il s’imbrique parfaitement dans la soirée et dans l’atmosphère. Par exemple, quelqu’un qui danse sur la piste ne devrait pas s’apercevoir qu’il n’y a plus de D.J." C’est souvent en fait une question d’attentes. Si le public croit avoir droit à une performance scénique, il est automatiquement déçu lorsqu’un artiste se présente seul avec son ordinateur. Ainsi, il n’y a habituellement rien de plus à voir et à entendre dans une performance de laptop que dans un set de D.J.
Certains proposent la recherche d’un nouveau terme pour définir cet art situé entre les platines et la performance. Pour l’instant, il serait au minimum nécessaire d’arrêter de jucher le musicien live sur le haut d’une scène et lui redonner une proximité avec le public, dans une ambiance similaire à celle d’un vieux café jazz où, sous la fumée, les gens dansent ou parlent tout en s’imprégnant de l’excellente musique. Qu’en pensez-vous? Exprimez-vous sur www.voir.ca/bpm.
Aussi à surveiller:
VENDREDI 15 NOVEMBRE
– Directement de Munich, la féroce D.J. tech-house Monika Kruz est de passage au Stéréo dans le cadre d’un événement organisé par Ravemontreal.com (15 $).
– C-1 d’Angleterre présentera à l’Aria son techno funky inspiré entre autres du disco.
– Le cofondateur de l’étiquette Classic (en compagnie de Derrick Carter) Luke Solomon passe par la SAT pour une soirée tout en house avec les Montréalais Nic B, DJ Alek et Steeve Gotsoul (15 $ à l’avance, 20 $ à la porte).
SAMEDI 16 NOVEMBRE
– Pour un party assuré, c’est le Blizzarts qui a la cote, spécialement lorsque l’étiquette hip-hop britannique Big Dada est à l’honneur avec ce qu’ils appellent du bouncement. Les D.J. Wig, Rich Williams et Cheeba Cheeba Kid y célébreront la sortie de la compilation Extra Yard.
– Le Britannique Mr. Scruff est à la SAT ce samedi (voir article en page 16).
– Toby Marks, aussi connu sous le nom Banco de Gaia, vient faire tourner ses vinyles ethno-techno au bar du Sona.
MARDI 19 NOVEMBRE
– Après un arrêt forcé mardi dernier, c’est le retour des mardis Eclectiks au tout rénové café-resto Les Folies avec G O’Brien aux platines.
MERCREDI 20 NOVEMBRE
– Le duo montréalais de transe progressive Stereomovers est de retour sur scène au Living en compagnie d’Alain Vinet pour la soirée Sens.
Top 3 – Illfingas
1. Illfingas – Warrior Poet [Furious]
"Un assaut total, cette pièce est la plus agressive et féroce que j’aie jamais produite. En passant, elle contient des échantillons discrets de la trame sonore de Braveheart."
2. Marcus Intalex – LK Remix [V]
"La pièce la plus sexy de l’histoire du drum’n’bass obtient le traitement du remix, et ne fait qu’être encore plus sexy! Les magnifiques cordes et guitares donnent à celle-ci les allures d’une pièce d’anthologie."
3. Dillinja – Ruffneck Sound [London Republic]
"Le grand Dillinja frappe encore: les voix ragga se mélangent avec la grosse basse et ça détruit les pistes de danse de la planète!"
Une sélection bien drum’n’bass pour le D.J. Illfingas qui ose même placer une de ses pièces au sommet. Pendant qu’Illfingas et Ra de l’étiquette torontoise Jedi envahissent In Da Jungle ce samedi, les D.J. montréalais Galaksy et D-Joos lancent leurs disques mixés respectifs, Live Home et Safari. Accomplice, Axionfigga et Jadda sont aussi de la partie (10 $ à la porte). Information: 401-6774.