Toronto-Montréal
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Toronto-Montréal

Originaire de Toronto, le D.J. Mike Shannon a passé plus de 10 ans au sein de la communauté ontarienne de l’électronique aux côtés des Jeff Milligan (Algorithm), Scott Monteith (Deadbeat) et Richie Hawtin. À l’exception de ce dernier, tous ont depuis déménagé à Montréal, où Shannon a révélé ses talents de producteur. Avec son premier album (sur la prestigieuse étiquette Force Inc.), le sympathique musicien s’affiche comme un grand amateur de techno en marge du son organique au goût du jour. "Cette musique est un pur produit technologique, marque-t-il d’entrée de jeu, il n’y a certainement pas de sons de congas!"

En utilisant exclusivement des sons générés par son ordinateur (en plus de quelques synthés), le D.J. et musicien est conscient d’être à contre-courant. "Le techno n’est pas à la mode du tout, mais je crois qu’il ne l’a jamais été. À ma connaissance, il n’y a jamais eu de disques techno dans le top 10. C’est un mouvement qui a toujours été assez marginal."

Déterrant des racines oubliées, Shannon défend jusqu’aux prémices du genre. "Lorsque l’on pense au techno, on songe à de courtes boucles qui se répètent sans arrêt avec quelques effets d’EQ. Mais si l’on revient à la formule d’origine, on découvre de profonds éléments émotifs à cette musique. Ce n’était pas une musique nécessairement faite pour danser: si je spinnais aujourd’hui une des premières pièces techno, je viderais la piste de danse."

Considéré à juste titre comme l’un des meilleurs D.J. au pays, Shannon se consacre depuis six mois à son laptop, qu’il sortira lors de son lancement vendredi, ainsi que pour une présentation spéciale du festival Mutek au Chili la semaine prochaine (accompagnée d’une mini-tournée personnelle en Amérique du Sud). Mais le D.J. n’a pas renié ses platines, dont le maniement est un art sous-estimé, selon lui, et qui a perdu quelques lettres de noblesse au cours des dernières années. Et pourtant, les rythmes fins et bondissants qui se retrouvent sur son album Slight of Hand et dans ses sets de D.J. sont tout ce qu’il y a de plus actuel. Une réponse brillante aux cyniques qui annoncent la mort du vinyle avec l’arrivée du logiciel Final Scratch, qui permet de jouer des pièces numérisées sur des tables tournantes conventionnelles. "Aujourd’hui, il est possible de faire une pièce avec un logiciel trouvé gratuitement sur Internet. L’industrie est donc saturée de productions qui sont vraiment en dessous des standards. Quant à Final Scratch, c’est un outil superbe et vraiment pratique, mais il y aura toujours des gens qui collectionneront les disques. Et puis le nouveau I-Pod d’Apple risque de faire passer Final Scratch pour une bonne blague. Le lecteur de MP3 sera redéfini pour le marché des D.J.: on pourra changer la vitesse (pitch) et y sauvegarder quelque chose comme 200 000 pièces!" En attendant, Shannon lance son disque au O Patro Vys en compagnie de son ami d’enfance Deadbeat (voir article en page 25) ce vendredi 6 décembre. Les deux artistes devraient même présenter une prestation commune.

Polémique chez 514
On aurait dû voir Laurent Garnier au Sona jeudi dernier. On dit bien aurait, car les promoteurs de l’événement, les Productions 514, ont annulé l’événement quelques jours avant la performance du légendaire D.J. français, arguant que le nombre de billets vendus annonçait une salle vide (12 billets avaient été vendus au moment de l’annulation). L’événement a fait beaucoup jaser puisque Garnier avait d’abord été programmé à la SAT par un autre producteur, avant que 514 ne le détourne vers le Sona. Est-ce que l’intérêt du public pour le show aurait été plus grand à cet endroit? Envoyez vos commentaires sur le site voir.ca/bpm.

Aussi à surveiller:
VENDREDI 6 DÉCEMBRE
– La Casa del Popolo sera envahie de rythmes électroniques obscurs avec la prestation live de Venetian Snares de Winnipeg, un artiste découvert il y a quelques années par Mike Paradinas, mieux connu sous le nom de µ-ziq. Il est accompagné par Baracuda, l’un des artistes montréalais les plus sous-estimés des expérimentations électroniques, ainsi que par Black Market (drum’n’bass expérimental) et DJ Fishead (hardcore gabber!).
MARDI 10 DÉCEMBRE
– Dans son nouveau décor, le café-resto Les Folies et Les Frères Pingouin (Baya et Thibault) accueillent leur invité spécial Synthesthesia qui fait un retour derrière ses machines.
MERCREDI 11 DÉCEMBRE
– Les V.J. derrière le collectif multimédia Moment Factory fêtent leur premier anniversaire en grand au Mile-End avec de la bonne musique et, bien sûr, quelques vidéos (dès 18 h!).