Subito Tiësto
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Subito Tiësto

Joint à sa chambre d’hôtel de Denver au Colorado, quelques heures avant une autre performance à guichets fermés, le plus populaire disc-jockey au monde nous octroie une entrevue qui ne devait pas dépasser une quinzaine de minutes selon les recommandations préalables de son manager. Généreux dans ses performances comme en entrevue, Tijs Verwest, alias Tiësto, prend visiblement plaisir à répondre aux questions dans un anglais joliment cassé. Après presque une demi-heure à échanger avec lui, c’est moi qui proposerai de mettre fin à la discussion, si passionnante fut-elle, avec ce qu’il peut être convenu de nommer le personnage le plus influent de la planète club.

Après une recherche onomastique exhaustive, il semble que personne auparavant n’ait porté le nom de Tiësto. Pour la petite histoire, voici la genèse du nom qui incarne le mieux le renouveau actuel d’une branche de la techno nommée trance, essoufflée au terme du dernier millénaire, et qui aurait perdu beaucoup en popularité n’eût été de l’avènement de Tiësto et de quelques autres. "Mes copains m’appelaient Tiest depuis toujours, en guise de diminutif à Tijs Verwest, mon vrai nom. Après quelques contrats comme D.J., je me devais de trouver un nom absolument accrocheur. Souvenez-vous, il y a une dizaine d’années, les D.J. cherchaient des noms de scène pour être saisis rapidement en tant qu’artistes et avouons que je n’avais peut-être pas le nom le plus facile à retenir. Alors j’ai tout simplement ajouté une finale italienne à mon surnom… Tiësto, c’est bon dans toutes les langues!" Tellement bon qu’on dit qu’il n’est pas rare que le compositeur et disc-jockey termine une nuit de travail avec plus de 100 000 $ américains en poche. Durant le prochain réveillon de la Saint-Sylvestre, Tiësto trimballera ses deux valises de disques en Amérique, en Europe et probablement en Asie, pour ainsi couvrir chacun des fuseaux horaires festifs du monde libre… et riche.

Récemment élu pour une première fois à titre de "best DJ in the world" par les lecteurs du magazine londonien DJ Mag, Tiësto explique sa version des faits à propos du prestigieux titre remis pour la première fois à un non-Britannique: "Je ne ressens pas vraiment l’impression d’être au sommet de quelque chose. Évidemment, j’ai toujours aspiré intimement au titre de D.J. le plus populaire au monde, mais ne s’agit-il pas que d’un concours de popularité, après tout? En fait, je crois simplement que mon apprentissage est bien loin d’être achevé et j’ai bien hâte de découvrir la suite de cette vie formidable…" confie le jeune trentenaire.

Interrogé sur les motifs qui l’ont poussé à monter debout sur les tables tournantes lors de son dernier passage à Québec, Tiësto explique la dynamique relative à l’événement: "Non, je n’ai pas l’habitude de me percher ainsi sur les tables tournantes comme je l’ai fait la dernière fois. Vous direz sûrement que c’est cliché, mais cette nuit-là, j’ai vraiment connecté avec la foule… Une nuit pas comme les autres, le genre de truc qui arrive rarement dans une tournée." Conscient qu’une telle déclaration puisse paraître un peu lèche-cul, il ajoute: "Le Canada et spécialement le Québec me paraissent être un pays vraiment peinard où les gens vivent sainement."

Même si de nombreuses obligations l’astreignent à voyager plusieurs fois chaque mois, le platiniste natif du sud de la Hollande ne possède qu’un seul pied-à-terre, qu’une seule maison, à Amsterdam, une ville qu’il décrit comme étant un modèle de tolérance pour une Europe qui s’accorde actuellement au diapason d’une toute nouvelle structure économique et sociale. En fait, malgré la popularité, toujours pas de garde du corps pour Tiësto, pas plus que de limousine pour faire les emplettes. "Impossible de nier le fait que je suis évidemment plus fortuné maintenant, mais les plus grandes richesses acquises depuis mes débuts ne se comptent pas en dollars. Je dois aussi avouer que je n’ai jamais vraiment manqué d’argent dans ma vie. J’ai toujours mangé à ma faim, voyagé, étudié et vécu dans des endroits merveilleux…"

Le scoop, une nouvelle importante donnée en exclusivité, est assurément le cadeau le plus précieux qu’un interviewé puisse offrir à un journaliste. En guise de conclusion à notre entretien, le prince de la trance annonce nonchalamment la sortie prochaine d’un remix de Die Another Day de Madonna! "Évidemment que vous ne l’avez jamais entendu à Québec, je suis le seul pour l’instant à l’avoir!" Il promet d’ailleurs de mixer cette primeur si l’occasion se présente tout au long de la mini-tournée canadienne qui le mènera d’abord à Edmonton et Calgary, puis à Québec, Montréal et finalement Toronto.

Tiësto sera l’invité de Marco G chez Dagobert à Québec ce jeudi 12 décembre et sera à Montréal le lendemain, soit le vendredi 13, au Aria en compagnie de Yaz et Preach.