Platines d’or
Les aptitudes de DJ Craze derrière les tables tournantes lui ont permis de s’inscrire au panthéon du "Djing". Il est littéralement le plus grand technicien du genre au monde, puisqu’il est le seul à avoir remporté à trois reprises le DMC World Championships, la plus grande distinction pour les manipulateurs de vinyles, ou turntablists, dont le prix consiste en une paire de Technics 1200 plaquées or! Il fait donc partie du club sélect des malades des platines capables de faire chanter un scratch du bout des doigts. "C’est une forme d’art, raconte-t-il de son domicile à Miami. C’est quelque chose qu’il faut regarder et analyser, mais qui n’invite pas nécessairement à la danse. Vous n’avez qu’à regarder un set de 30 minutes de quelqu’un comme Q-Bert pour vous en convaincre."
Doué pour le hip-hop, le D.J. d’origine nicaraguayenne a aussi connu la gloire en drum’n’bass, où il a fait paraître plusieurs pièces sur de nombreux labels britanniques, et ouvert le genre à l’univers du scratch. "Je n’ai jamais vraiment fait partie de la scène drum’n’bass et encore moins de la scène hip-hop, spécifie-t-il. Je ne suis qu’un turntablist." Issu de l’univers du hip-hop, le turntablism, comme le breakdance, a par la suite développé une scène spécifique. "Les turntablists évoluent dans leur propre cercle. On ne voit plus maintenant des D.J. scratcher dans les clubs hip-hop, par exemple. Ce sont des univers distincts."
Malgré les multiples techniques de scratch inventées par les Invisibl Skratch Picklz (le collectif fondé par Q-Bert) ou encore le fameux "beat juggling" de notre vedette montréalaise A-Trak, la communauté des turntablists est dans un creux de vague. Bien que toujours impressionnant, le genre semble en panne d’inspiration. "Je ne sais pas où l’on s’en va mais je suis certain qu’un petit gars au fin fond de nulle part développe un nouveau style qui va bientôt surprendre tout le monde. J’en suis sûr parce que c’est exactement ce qui est arrivé il y a cinq ans avec des gens comme Develop ou A-Trak (tous deux membres, avec Craze, du collectif The Allies). Le turntablism a toujours vécu des hauts et des bas. Aujourd’hui, on est dans un bas." Selon lui, ce creux ne s’explique pas par un manque de talent, bien au contraire: "Justement, parce que tout le monde est très bon, il n’y a plus personne qui se démarque. Il y a quelques années, on trouvait plusieurs gens pourris et quelques rares bons éléments. Aujourd’hui, énormément de jeunes sont techniquement excellents, mais personne ne s’illustre vraiment." Et pour l’instant, bien qu’il dise pratiquer le scratch plus que jamais, c’est en produisant que Craze trouve son plaisir, particulièrement dans le drum’n’bass.
On devrait d’ailleurs retrouver quelques nouveautés de son cru dans les magasins cette année. Mais il nous demande tout de même un peu d’indulgence. "Je ne deviendrai pas un grand producteur simplement parce que je suis un bon D.J. Il m’a fallu sept ans avant de maîtriser les platines. Le même principe devrait s’appliquer à la production de beats et ça ne fait que trois ans que j’en fais vraiment. Je m’efforce donc pour l’instant d’y travailler assidûment."
DJ Craze célèbre le lancement du nouveau vidéo de planche à neige Video Gangs ce lundi 17 février au club Exit (10 $). Information: videogang.com.
Aussi à surveiller:
JEUDI 13 FÉVRIER
– Le Festival Montréal en lumière tente d’élargir les horizons des familles et des badauds visitant son site en présentant, coup sur coup et en plein air (sur l’esplanade de la Place des Arts), les D.J. Fred Everything (le 13), Vincent Lemieux (le 14) et Akufen (le 15). La fête reprendra le jeudi suivant avec Mighty Kat.
VENDREDI 14 FÉVRIER
– Deux grands espoirs montréalais, Juanself et Orazio, se réunissent pour un set live lors du bal électronique de la Saint-Valentin d’O Patro Vys. Intime et funky.
– La soirée d’électro/tech-house enflammée Digital City, tenue par Philgood et Soundshaper, reçoit le duo Stereomovers au Unity II.
SAMEDI 15 FÉVRIER
– Le BBCM célèbre la Saint-Valentin toute la fin de semaine avec entre autres le dixième anniversaire du party gai Red (55 $). Information: www.bbcm.org.
– Les Productions Ray Junior se paient un cadeau avec la vedette du techno des années 90 Adam X en compagnie de son frère Frankie Bones (35 $ à l’avance). Information: www.rayjunior.com.
– Les événements mensuels In Da Jungle célèbrent leur premier anniversaire toujours en drum’n’bass avec Bagel, Midas et MPS de Pittsburgh (10 $ à la porte). Information: 401-6774.
– Les sons jazz-house de Mark Farina de San Francisco résonneront dans la grande salle de l’Aria le même soir.
DIMANCHE 16 FÉVRIER
– Fred Everything, Mighty Kat et Krista sont de grands amateurs du label house Drop Music, dirigé par les gars d’Inland Knights. Le duo de Nottingham passe donc à la soirée Solma au Neuf Huit Zéro (980, rue Rachel Est) pour une performance qui va peut-être se transformer en happening régulier (5 $).