Au revoir, Neerav
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Au revoir, Neerav

Vieux routier de la scène D.J., Neerav a vu Montréal se transformer au fil des ans. Des premiers raves du début des années 90, alors que Tiga n’était encore qu’un "jeune adolescent qui rêvait de devenir D.J.", jusqu’à l’époque sombre de la répression policière et de la démonisation des raves, il a été le témoin de notre évolution. Mais après plus de 10 ans à Montréal, le globe-trotter déménage vers l’Europe. Bien qu’il soit certain qu’il ne disparaîtra jamais complètement de notre horizon, le prétexte était idéal pour mieux connaître l’histoire de la scène nocturne locale.

Né de parents québécois et mexicano-jamaïcain, Neerav a passé une partie de son enfance dans les Caraïbes. Après quelques expéditions au Japon, en Thaïlande, et plus tard à Goa, il fait ses premières armes derrière les platines en donnant déjà dans le trance. De retour d’un voyage marquant à New York, il créera en 1993 le mythique magazine Trance 5000, qui deviendra célèbre à travers le monde pour ses formats éclatés. "Robert de la Gauthier revenait de la Love Parade de Berlin, se rappelle-t-il, et il avait tous ces disques d’acid-trance et de post-acid-house. C’était rough, c’était allemand, c’était motivant. J’ai tellement tripé que j’ai commencé à écrire sur tout ce qui se passait à Montréal." Avec des gens comme Gnat ou le label ambient Interchill, il a observé les débuts de la scène rave. "C’était un immense voyage, une aventure. Nous étions en mission pour faire découvrir cette musique de l’avenir. Rien n’était tenu pour acquis. Personne ne connaissait cette musique et la police trouvait cela bizarre qu’on s’amuse toute la nuit. Certains s’habillaient à la mode candy raver et ils étaient considérés comme des radicaux (rires)." Alors que la plupart des partys rassemblent aujourd’hui des publics très typés, l’enthousiasme contagieux du début des années 90 réunissait toutes sortes de gens. "Il y avait des gens de Saint-Léonard qui voulaient découvrir ce qu’était un rave, les nerds techno qui trouvaient ça branché ou encore les clubbers qui y voyaient les nouveaux afterhours. Tout le monde était là. Les gars n’avaient plus besoin de danser avec les filles et vice-versa. C’était une révélation pour plein de gens. Ce sentiment de sauter dans l’océan créait cette énergie chaleureuse. Nous n’avions pas besoin de mots, nous comprenions tous le sentiment qui nous habitait."

Aujourd’hui, c’est à Berlin que le D.J. renouvelle son inspiration. "J’ai retrouvé à Berlin le même sentiment que j’avais ressenti en revenant à Montréal ou à New York quelques années plus tôt. Il se passe quelque chose là-bas. Berlin possède un énorme sentiment de liberté." Résolument une ville d’artistes, Berlin devient en effet un pôle incontournable de la scène européenne. "Mais en même temps, tous les Allemands qui viennent à Montréal disent que nous habitons dans la meilleure ville! Tout ça est donc très relatif." Neerav présente sa dernière performance au party Passage 3, ce samedi 29 mars, dès 18 h. L’endroit, le Bain Mathieu (2915, rue Ontario Est), va permettre de danser dans une piscine (!) au son d’Omshanti, Sitarissimo (live), Stormbass, Mateo Murphy (live), Nivoc, Mossa (live), Olivié, Egg/Yolk (live), Gordon Field, Benfay (Suisse) et plusieurs V.J. (15-20 $). Information: [email protected].

Paix

Les D.J. et musiciens se mobilisent pour la paix, que ce soit par le biais de leur site Web, comme Alice & The Serial Numbers (alicemusik.com), ou par des soirées, comme au Unity II toute la fin de semaine, et la soirée spéciale Soulmeka du Salon Daome, ce samedi, avec Jojoflores.

Aussi à surveiller:

JEUDI 27 MARS

– L’ancien club le plus chic du boulevard Saint-Laurent, le Di Salvio, se transforme en Upper Club dès ce soir. Information: upperclub.tv.

VENDREDI 28 MARS

– Le D.J. Field, de l’étiquette ambient Interchill, reçoit le Franco-Marocain Toires pour une soirée de, et je cite, "trip-hop-oriental-ambient-ethno-trance" à l’O Patro Vys.

– Le Stéréobar lance une nouvelle soirée dédiée au tech-house chaleureux avec un des piliers de la scène de Vancouver, Tyler Stadius, en plus des résidents Mehmet et Dkai (10 $).

SAMEDI 29 MARS

– Le collectif Nightbreed, réunissant les D.J. Sleek, Julie-D, Totem, Mad-K, Sase-One et Stabba, propose un petit party drum’n’bass où les D.J. Fictional et Stalker en profitent pour lancer leur nouveau disque (5 $). Information: 897-0327.