Plastikman
Plasticage
Joint à son studio-domicile berlinois par un miracle technologique, le Canadien Richie Plastikman Hawtin résume, en prolégomènes, sa vie avec détachement, lui qui vient de faire paraître un nouveau compact et qui doit donc affronter un faisceau de journalistes de partout dans le monde depuis quelques jours, par portable. Douce redondance: "Je travaille à partir de Berlin maintenant, même si j’ai gardé un pied-à-terre à Windsor (Ontario). En fait, je crois que c’est la meilleure ville au monde pour donner et voir des spectacles et ainsi côtoyer des artistes fascinants." Dieu vivant de la techno minimaliste, Hawtin ne se souvient pas d’être venu à Québec pour y jouer.
À l’écoute de la plupart des pièces du dernier Plastikman "claustrophobiquement" appelé Closer, difficile de ne pas se laisser bercer par les riffs angoissants d’oeuvres qui n’ont rien à partager avec la culture club: "Musique pour faire peur? Pas vraiment. Disons qu’à la place de rechercher l’évasion par la musique, j’invite les gens à faire un tour dans ma tête."
Questionné sur les conséquences de sa nouvelle alliance avec Mute, qui cautionne aussi les parutions de Depeche Mode, Paul van Dyk, Goldfrapp et bien d’autres, Plastikman explique sa nouvelle stratégie de communication planétaire, lui qui n’avait misé à ce jour que sur ses propres labels, notamment Minus: "Je crois que nous sommes arrivés au bout des possibilités que peut offrir ce label extraordinaire fondé parce que c’était à l’époque la seule façon de faire paraître ma musique et de m’associer avec des artistes que j’aimais. En fait, l’idée de travailler de concert avec une compagnie de disques solidement établie m’apparaît comme un avancement professionnel et nullement comme une trahison artistique ou je ne sais quoi."
Classé 22e au top des disc-jockeys de la planète techno en 2000 par DJ Mag, le meilleur du Canada se fout un peu des classements, même si ceux-ci font parfois la différence au moment d’inscrire un montant sur le chèque qu’on lui tend après un tour de piste: "La plupart des disc-jockeys de la liste sont des Européens qui donnent dans le trance et le progressif; c’est donc très significatif et un peu étrange pour moi de me retrouver avec ces artistes avec qui je ne partage pas beaucoup."
Et le matos que t’utilises? "En mode disc-jockey, je me ballade avec Final Scratch sur un Sony Viao avec des milliers de fichiers, alors qu’en studio, c’est tout en Mac, avec, évidemment, mes machines accumulées au fil des années…" Un kit à voir au Musée de la musique techno dans 50 ans.
Pote de toujours de John Acquaviva, il parle de leur relation: "En plus d’être mon meilleur ami, je peux affirmer sans gêne que c’est avec lui que j’ai passé le plus de temps au cours des 10 dernières années." Quant à Steve Bug, Sven Väth, Ricardo Villalobos et aux autres avec qui il aime travailler, l’homme de plastique ne cessera de répéter leurs noms en riant et en disant qu’il s’agit autant d’amis que de confrères et que personne sur terre ne peut se vanter d’avoir un meilleur job que lui.
Closer de Plastikman, dans les bacs depuis la semaine dernière.
Aussi à surveiller:
Ce jeudi chez Dagobert, le bien-aimé Marco G se tape toute la soirée à lui seul.
Ce samedi au Sonar de l’avenue Cartier, la Montréalaise MightyKat, de retour d’une tournée européenne, met toute la gomme de 22 h à la fermeture.
C’est confirmé, Yan A.R.D. Latouche, assurément le disc-jockey qui rallie le plus de gens à Québec, sera aux tables tournantes à Intense 2004, le 31 décembre prochain à 23 h 59, pour défoncer l’année. Détails à venir prochainement dans cette chronique.