Du haut de la King

Le gars de la météo

«Ça, tu vois, c’est Miriam», m’apprend Steve Roy en pointant l’ouragan qui traverse un des trois écrans posés sur son poste de travail. Moi qui m’imaginais le présentateur météo du Téléjournal Estrie émerger d’une limo devant le quartier général de Radio-Canada, rue King Ouest, cinq minutes avant le début du bulletin de nouvelles, j’encaisse un choc. Non, Steve Roy ne chôme pas, c’est lui qui prépare tous les tableaux et montages qu’il commentera dès 18h devant une toile verte se transformant, grâce à la magie de Télécino, en carte de l’Amérique du Nord, du Québec ou de l’Estrie.

Vêtu d’un costume gris souris et d’une chemise mauve, l’ancien animateur de radio privée taquine les techniciens à la volée pendant qu’il me fait visiter les studios de Radio-Canada en Estrie, comme s’il était chez lui. Mais à bien observer son pas débonnaire, à bien écouter la manière qu’il a d’échanger avec ses collègues, il apparaît évident que Steve n’a pas été nourri au rigide biberon radio-canadien. Steve s’acquitte de son job correctement, même très bien – je ne dis pas le contraire – , mais quelque chose dans son attitude trahit encore l’animateur FM qu’il a été. Assis dans le vestibule de la station, le gars de la météo me parle comme il devait parler aux auditeurs qui lui passaient des coups de fil à Génération rock il y a à peine quelques années. Aucune distance entre lui et moi.

Natif de Sherbrooke, diplômé en art et technologie des médias du Cégep de Jonquière, Steve Roy «fait son temps», pour emprunter au vernaculaire carcéral, dans une station de la Côte-Nord avant de joindre en 2004 l’équipe de Génération rock, talk radio plus ou moins modelée sur CHOI Radio X qui devait, avant que son esprit rock ne soit pièce par pièce liquidé, souffler un vent d’irrévérence sur les fades ondes hertziennes estriennes. «Faire 60 heures par semaine, je connais ça. La première année de G-Rock a été la plus belle année de radio de ma vie, et la pire aussi, raconte-t-il. La plus belle parce qu’on avait une totale liberté, la pire parce qu’on n’avait pas de moyens.» C’est sans trop d’états d’âme qu’il quitte le micro de la station, rebaptisée CKOI après son rachat par Corus, pour la télé d’État en 2010. «J’avais réalisé tous les rêves que je voulais réaliser à la radio», qu’il me dit.

Mais le mordant de ton rockeur intérieur, Steve, ne dois-tu pas lutter pour le faire taire afin de montrer au petit écran ton plus beau profil de jeune homme jovial? Il sourit et reconnaît candidement qu’un monde sépare l’animateur qui aimait à polémiquer et le gars de la météo qui devise sur les possibilités de gel au sol. «Dans le contexte radio-canadien, je demeure un marginal. Mais j’ai aussi de la liberté ici», fait-il valoir, en évoquant les folies auxquelles il s’est livré cet été à l’émission Les Cantons d’Anik et Steve.

«La seule chose dont je m’ennuie, c’est de ne pas pouvoir venir travailler en jean et t-shirt délavé.» Il te va pourtant bien ton veston, Steve. Au propre, comme au figuré.

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Steve Roy présente la météo à l’émission Estrie-Express de la Première Chaîne de Radio-Canada tous les jours dès 15h ainsi qu’au Téléjournal Estrie de 18h.