Mines d'archives

Bones Jones : possible retour à Montréal pour un as du funk oublié

Bones Jones, de son vrai nom Alan L. Perry, est passé de Cincinnati, dans l’entourage de James Brown, à Montréal, en pleine époque disco, jusqu’à culminer avec un 45 tours de funk en 1986 qui fait aujourd’hui l’envie des collectionneurs du genre. Retourné vivre aux États-Unis au cours des nineties, il souhaite faire un retour à Montréal pour remettre en valeur sa musique, récemment remixée avec succès par un artiste future funk japonais!

À l’école de James Brown

Né à New York et élevé en Ohio, Perry baigne dans la grande famille musicale de James Brown en travaillant comme batteur de studio pour King Records, mythique étiquette funk et rhythm and blues de Cincinnati où le soul brother number one lance une grande partie de sa production musicale.

Non seulement le jeune homme – qui n’a pas encore terminé l’école secondaire – a-t-il le privilège de travailler sous les bonnes grâces du Godfather of Soul, mais il se retrouve aussi avec une incarnation embryonnaire de The Gap Band à Los Angeles, vers 1975.

Montréal Discoville

Fin seventies, après une tournée en Europe avec Undisputed Truth, band funk de la grande famille Motown, il est invité à Montréal où il se trouve rapidement du travail en tant que batteur de session, arrangeur et réalisateur chez RCA et proche collaborateur des producteurs Tony Green et Michel Daigle.

L’un de ses faits d’armes est d’avoir accompagné l’une de ses compatriotes américaines aussi en exil à Montréal, l’une des plus importantes soul sisters de la scène disco montréalaise, Geraldine Hunt. Perry affirme avoir joué de la batterie et réalisé des arrangements de cordes sur son album No Way (1980) qui contient l’immense succès Can’t Fake the Feeling.

Il est cependant déçu que sa participation à cet enregistrement ainsi qu’à des dizaines d’autres n’ait été créditée nulle part. Ça lui donne le goût de faire les choses à sa manière.

 

Open Up Your Heart

En 1983, après un bref retour au sein de The Gap Band, il prend sa carrière en main en compagnie de sa blonde, l’extraordinaire bassiste Rhonda Smith. À peine 10 ans plus tard, elle se joindra au groupe de Prince, The New Power Generation.

C’est sous le nom de Bones Jones qu’ils lancent un premier simple avec la pièce Open Up Your Heart, en 1986. Leur funk 80’s infusé de synths et de grosses lignes de basse fait solidement le travail.

La chanson connaît par contre une diffusion limitée à la radio. Peu d’exemplaires du disque trouvent preneur, transformant le 45 tours ou le 12 pouces en objet de convoitise pour collectionneurs et DJ. Les exemplaires originaux trouvent preneur pour des sommes qui voltigent autour de 200$ pièce. Une belle rareté made in Montréal.

[youtube]6mPVZ5GvWgc[/youtube]

Deuxième vie future funk

Open Up Your Heart a été redécouverte et même remixée à la sauce future funk, ascendant funky du vaporwave, par l’artiste japonais peazy86. Son remix cumule maintenant plus d’un demi-million de vues sur YouTube ainsi que 416 000 écoutes sur SoundCloud. Suffisant pour donner encore plus d’intérêt à la musique de Bones Jones.

Pour le producteur Tony Green, qui détient toujours les droits sur l’enregistrement, cet engouement représente une belle occasion de rééditer les chansons. Le projet se développe, selon Alan Perry.

[youtube]oM0wctqMfus[/youtube]

BR Records

Mais Open Up Your Heart n’est que le début de l’aventure pour le duo Perry/Smith. Ils fondent ensemble une maison de disques en vue de produire leur simple suivant. BR Records voit le jour. Alan L. Perry, dit Bones Jones, affirme qu’il s’agit de la toute première maison de disques entièrement fondée et exploitée par des Noirs au Québec.

Des recherches plus exhaustives seraient nécessaires pour pouvoir l’affirmer hors de tout doute, mais si le fait s’avérait véritable, cela donnerait une perspective très intéressante à la carrière de Bones Jones et de Rhonda Smith.

Leur second simple, The Circle, joue dans les mêmes tons funk 80. Puis le duo décide de s’investir dans la carrière d’un artiste surnommé JoJo Morocco. Ils utilisent ensuite l’alias Bora Bora puis expérimentent dans le hip-hop/hip-house avant de trouver un son house très intéressant qui évolue en un hybride musical que Bones baptise NuBop.

Compositeur pour TQS

Au tournant de la décennie 90, Perry fait le saut vers le monde de la télévision. Le multi-instrumentiste décroche des contrats afin de créer les chansons-thèmes de publicités, mais aussi d’émissions sportives diffusées sur les ondes de Télévision Quatre-Saisons, RDS et TSN! Il compose même le thème d’une émission consacrée à l’actualité des Expos de Montréal.

[youtube]pjjb7mmKrng[/youtube]

Quand Rhonda Smith et Alan L. Perry se séparent, c’est la fin pour BR Records. Il retourne vivre aux États-Unis alors qu’elle part joindre les rangs de The New Power Generation sous la gouverne de nul autre que Prince.

2019

Depuis Cincinnati, au bout du fil, son excitation est palpable. Il n’a jamais cessé de produire et de composer. Il possède du matériel inédit pour plusieurs albums, dit-il, et n’attend que de signer un nouveau contrat avec Tony Green pour revenir s’installer dans la métropole québécoise. Il a l’intention de travailler sur du nouveau matériel avec la chanteuse Nancy Martinez, une autre des soul sisters de la scène disco montréalaise.