Overdose binaire
Né pour un petit like

Overdose binaire

100101101 : au bout de la ligne, c’est tout ce qui compose notre cyberespace, ce haut-lieu de la culture et du divertissement modernes. Ces nombres binaires indiquent à vos pixels d’être tour à tour rouge, vert ou bleu, les ordonnant devant vos yeux pour former des visions cohérentes.

S’ils peuvent former des images insignifiantes, ces pixels peuvent également être source de beauté, de réflexion, de tristesse et de rire. Le rapport émotionnel grandissant que l’on entretient avec nos écrans témoigne de la charge sentimentale dont peuvent se doter ces objets qui ne sont à la base que purement techniques. La notion est tout de même intéressante, lorsqu’on s’y attarde… Cet attachement émotif envers ce qui n’est rien de plus qu’une suite de chiffres binaires, à sa plus simple expression, est fascinant. Heureusement, à travers les millions et les millions de bits de contenus insignifiants se retrouvant sur Internet, des créateurs de génie téléversent des œuvres dignes de mention. Cette semaine, j’ai à nouveau défriché le Web afin de trouver quelques merveilles pixellisées, des petits bijoux faits de 1 et de 0 qui s’enchaînent.

2001 : a gif odyssey

J’ai mentionné dans ma précédente chronique mon amour sans borne pour Stanley Kubrick. J’ai donc eu un coup de cœur immédiat en tombant sur cette collection massive de GIFs. Raconté en 569 images animées, 2001 : A Space Odyssey, le chef-d’œuvre intergalactique du maître de la pellicule.

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Bien qu’à la base ça puisse ne paraître rien de plus qu’une idée farfelue qui a dû prendre — énormément — de temps à son créateur (Jean-Baptiste Le Divelec), ce dernier a une démarche sérieuse. Alors que la plupart du contenu en GIF disponible sur Internet tombe sous la politique du fair use, Le Divelec pose la question suivante avec cet exercice : y a-t-il un point ou le GIF devient du bris de droits d’auteur et ne peut plus se cacher derrière cette faille juridique? L’artiste explique l’idée derrière ce projet dans cette vidéo :

[youtube]kTI_TKTXJDc[/youtube]

the life of pablo – version nipponne

Alors là on tombe dans quelque chose de bien décalé. Les services d’écoute en ligne tels que Spotify et Tidal n’étant pas disponibles au Japon, les mélomanes de cette contrée sont contraints de consommer leur musique «à l’ancienne», c’est-à-dire en achetant des disques (je sais, c’est horrible!) ou en les téléchargeant. Cette situation a causé bien de la grogne chez les fans nippons de Kanye West, puisque son dernier album The Life of Pablo ne se retrouvait que sur Tidal jusqu’à vendredi dernier. Un de ces amateurs de Yeezus, TOYOMU, a pris les choses en main.

Se basant sur les paroles et les crédits d’échantillons trouvés sur Internet, il a créé 印象III : なんとなく、パブロ (Imagining “The Life of Pablo”), une version imaginée de toutes pièces de ce que pourrait être le dernier opus de West. Le résultat est très loin de la réalité, mais l’œuvre est surprenante et intéressante en soi.

L’art très particulier de sergey kolesov

Sous le pseudonyme Peleng, l’artiste natif de Russie Sergey Kolesov créée des peintures numériques d’un style très singulier. Il notamment collaboré à l’élaboration de l’art conceptuel du jeu Dishonored chez Arkane Studio, et travaille maintenant pour le studio Vatra Games. Il y a quelque chose de post-apocalyptique, de troublant et de captivant dans ses illustrations, qui dépeignent autant des scènes réalistes (dans une certaine mesure) que de la fantaisie pure. Vous pouvez voir une grande quantité de son travail sur son site Web, mais voici quelques images qui m’ont particulièrement marqué.

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un hommage à la basse

Élément fondamental de la musique tous styles confondus, le registre des graves sert très souvent d’élément central à une création musicale, celui autour duquel tous les autres s’imbriquent pour former un morceau complet. L’évolution des instruments occupant ce rôle capital est fascinante, et l’équipe de Collective Cadenza a créé une vidéo extrêmement informative à ce sujet. Mettant de côté la narration pour laisser les instruments s’exprimer, on peut y voir le bassiste Michael Thurber passer à travers 45 chansons et 9 basses différentes de manière ininterrompue de façon à nous faire voyager de la viole de gambe au dubstep.

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les 30 ans de zelda

Le légendaire jeu vidéo The Legend of Zelda célébrait cette semaine ses 30 ans bien sonnés. Pour souligner l’occasion, deux fans du jeu ont décidé d’en recréer une version en «2.5D», c’est-à-dire une 3D fortement pixellisée avec une vue par en-haut. Le jeu est jouable directement dans votre navigateur, et c’est avec un détail immense que Scott et Mike ont fabriqué cette version revue de Hyrule. sdfIl n’y a que quelques petits éléments manquants ici et là, que les créateurs ont accompagné d’une dose d’humour :

r5vx0d5ykzmvvqh6haooLa première version mise en ligne a rapidement été rendue inaccessible par Nintendo, qui accuse les deux programmeurs de bris de droits d’auteur. C’est comprenable, mais il aurait été appréciable de voir les dirigeants de la compagnie héberger cette version en ligne plutôt que de la retirer du Web. Heureusement, une version archivée est toujours disponible à l’adresse suivante, courez-y avant que Nintendo ne s’en mêle!

http://web.archive.org/web/20160405001433/http://zelda30tribute.com/

panama papers : les coulisses

Le monde brasse fort depuis quelques jours à la suite de la plus grosse fuite de documents compromettants de l’histoire, les Panama Papers. Pour ceux qui vivent sous une roche, résumons : dimanche dernier, l’International Consortium of Investigative Journalists a coordonné la publication d’articles sur ce qui est désormais connu sous le nom de Panama Papers. Ceux-ci comprennent plus de 4,8 millions de courriels, 3 millions de fichiers de base de données et 2,1 millions de PDFs provenant de chez Mossack Fonseca. C’est une firme de droit panaméenne se spécialisant dans la création de compagnies coquilles qui a aidé des centaines de politiciens, d’athlètes et autres riches héritiers à camoufler leurs fortunes dans des paradis fiscaux.

Le site web Wired a publié lundi un article expliquant comment les reporters s’y sont pris pour mettre la main sur toutes ces informations, une lecture hautement intéressante pour quiconque s’intéresse à l’arrière-scène de ce genre de révélations-choc. Vous pouvez lire l’article en entier ici, et voici deux extraits probants :

A Suddeutsche Zeitung reporter named Bastian Obermayer says that the source contacted him via encrypted chat, offering some sort of data intended “to make these crimes public.” But the source warned that his or her “life is in danger,” was only willing to communicate via encrypted channels, and refused to meet in person.

[…]
The site even featured a real-time chat system, so that reporters could exchange tips and find translation for documents in languages they couldn’t read. “If you wanted to look into the Brazilian documents, you could find a Brazilian reporter,” says Ryle. “You could see who was awake and working and communicate openly. We encouraged everyone to tell everyone what they were doing.”

l’art décalé de sophie latouche

L’artiste montréalaise Sophie Latouche donne dans le champ-gauche 2.0. Mélangeant des influences très nineties avec une très forte touche d’humour cryptique Web, elle fabrique des GIFs, bidouille des vidéos et illustre toutes sortes de projets. On a notamment pu voir son travail sur la couverture de Headroom, du groupe Men I Trust. Vous pouvez voir son travail magnifique via son site Web, et voici un teaser vidéo qu’elle a réalisé pour le EP Requin, de Cancunn :

flex

Confrontation entre un jeune homme et le diable en personne, Flex montre un combat se déroulant entièrement en flexing, cette sous-catégorie de breakdance où le corps s’entremêle de façon à faire rougire n’importe quel contortionniste. La vidéo est tournée de façon splendide et les deux danseurs, Jamar « Soup » Campbell et Nicholas « Slick » Stewart percent l’écran.

un timelapse orbital

Pour finir, une petite perle spatiale. La NASA a pris l’habitude de mettre en ligne de magnifiques photographies et vidéos prises depuis la Station Spatiale Internationale. La dernière vidéo que l’agence a balancé sur le Web est un magnifique timelapse capturé en orbite à environ 400km de la surface de la Terre, pendant que l’SSI se déplace à près de 28 000 Km/h. On peut clairement y voir la couche d’ozone ainsi que des orages gigantesques à la surface. Une vue incroyable de notre planète.