Rares et précieuses sont les tribunes en ce genre, dans le style de ce qui s’apprête à devenir une habitude bimensuelle. Cette chronique mettant en lumière les artistes locaux est une idée qui germait en moi depuis longtemps, ma réponse toute personnelle à la montréalisation des ondes et du papier qui tache. Mais aussi aux portes des stations télé qui ne s’ouvrent qu’aux veudettes, qu’aux visages connus de Mme Tartempion. J’en sais quelque chose: j’ai moi-même travaillé comme recherchiste pour une émission régionale de CFCM-TV afin de manger trois repas par jour avant de vivre exclusivement de mes mots et de ma passion pour la culture, que certains collègues journalistes qualifient de plus pointue ou marginale. Pures balivernes. Depuis quand est-ce élitiste de vouer une admiration sincère aux artistes qui créent ici, maintenant?
Mon entrée en poste comme coordonnatrice à la rédaction au Voir Québec me donne (enfin) l’occasion de faire entendre ma voix hors du sous-sol de CHYZ et du blogue de BRBR à titre de témoin communicant de la scène de Labeaume City – pour combien de temps, encore? – en totale effervescence. Parce qu’après l’aussi surprenant que réjouissant succès de Karim Ouellet au top 40 et le 27 Club de Ponctuation qui a permis aux frères Chiasson l’obtention d’une scène à Osheaga cet été, il est impossible désormais de snober l’indie made in Québec.
Comme vous, je suis de ceux qui passent leurs paies dans les vinyles du Knock-Out, du Sillons ou du Urban Outfitters – surprenante sélection, d’ailleurs. Comme vous, je suis de ceux qui fréquentent le Cercle, le Pantoum, les toujours très intimes Shows de Grenier et je vous ai entendus. À partir de maintenant, et pour longtemps, je l’espère, l’édition de Québec dont je suis maintenant responsable s’accordera avec cette communauté de moins en moins underground dont les membres se font un point d’honneur de résister à l’aimant montréalais, des talents indéniables et de grands créatifs qui méritent d’être célébrés par un média de chez eux. Et quelle autre publication d’ici s’en fera une mission si ce n’est pas le Voir?
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Après avoir passé en revue le répertoire de Willy Lamothe, un buffet des continents – pour ne pas écrire «brochette», excusez là – de musiciens locaux s’offrent une relecture des textes du mythique Serge Gainsbourg sous l’égide de Louve Productions, une petite compagnie de spectacles tricotée à la main par les Limouloises mélomanes Jennifer Hardy et Lucie Claire Boutoille. La moitié de Mauves, en les personnes d’Alexandre Martel et Julien Déry, ont répondu positivement à l’invitation, tout comme Sam Eloi et Gab Paquet, prétendant le plus sérieux au titre du Michel Louvain des friperies. La comédienne et chanteuse Odile DuPont sera aussi de la fête en compagnie, on l’imagine, de ses Odette qui auraient fait pâlir d’envie Claude François. Tandis que Jérôme Casabon – toujours terriblement touchant lorsque non éclipsé par les musiciens du groupe portant son nom de famille – sera du spectacle pour déployer toute l’étendue de son talent d’interprète. C’est Shampouing, virtuose incontestable de la guitare rock et fier représentant de la vieille garde du Bunker D’Auteuil qui s’occupera de l’enrobage sonore accompagné de son house band.
Hommage à Serge Gainsbourg
Jeudi 19 septembre à 21h au Bal du Lézard
Le punk, le rock, le metal et leurs dérivés ont maintenant leur repaire en mode (presque) 9 à 5 au Knock-Out, une boutique sur Saint-Joseph Est ouverte par Rox Arcand, mieux connue comme la pouliche de Machinegun Suzie, et sa tendre moitié Jean-Philippe Tremblay. Bien plus qu’un record store, le local orange et noir accueille son lot de bands locaux aux riffs bien aiguisés à raison de trois ou quatre shows par mois. Alie Sin en sera, le 21 septembre prochain, puisqu’ils ont choisi l’endroit pour le lancement de leur plus récent LP intitulé It Was All Fun and Games Until Someone Lost an Eye. Le groupe si représentatif de la scène punk-rock de Québec en profitera pour livrer une performance acoustique dans la simili arrière-boutique.
Lancement d’album d’Alie Sin
Samedi 21 septembre à 16h au Knock-Out
Pôle majeur dans l’éclosion de la jeune scène indie de Québec, le Pantoum met un terme à sa pause estivale et reprend du service en vue de la froide saison avec sa programmation toujours axée sur les courants musicaux d’avant-garde. Un taudis autrefois occupé par le Wolf Pack – Jim, ne m’en veut pas d’avoir écrit ça – soigneusement désinfecté et rénové pour en faire un centre de création doté d’un studio d’enregistrement, d’une cuisine qui sert des grilled cheese aux spectateurs en pieds de bas, d’une scène imposante, d’un atelier de sérigraphie pour la fabrication d’affiches de concerts, de chambres pour les musiciens locataires et d’un local de pratique. Ce sont les deux bands en résidence (X-Ray Zebras et Leafer) qui auront pour mandat de remettre la machine en marche aux côtés de leurs invités, les hypnotiques Absolutely Free qui décrivent eux-mêmes leur musique comme de l’astro-beat. Une soirée d’électro, certes, mais aussi jazzy à souhait grâce aux zèbres et ponctuée par le art-rock signé Leafer, sortes de cousins germains des regrettés The Unicorns. Fait à noter: ces finissants de la Faculté de musique de l’Université Laval étaient encore dans un sprint de booking au moment de mettre ces mots sous presse, ce qui n’exclurait donc pas l’ajout de noms.
Soirée de lancement avec Absolutely Free, X-Ray Zebras, Leafer et surprises
Vendredi 27 septembre à 21h au Pantoum