Satellite 418

Super Sam

SamMurdock

Sam Murdock (Source: Facebook)

Ta mère ne connaît pas Sam Murdock. Ton frère, peut-être, s’il se tient au Cercle ou au Morgan Bridge. Et encore. Sam ne sera jamais une vedette autre qu’archi-locale, jamais un Karim Ouellet. Sam, c’est un héros de l’ombre.

 

Et depuis 10 ans.

 

Samuel Murdock – c’est son nom complet, mais pas sur Facebook  est né à Québec d’un père Chicoutimien et d’une mère Ottavienne. Il a grandi dans le comté de Portneuf et il est ensuite parti sur le pouce à 16 ans comme d’autres fuguent. Pour l’Alaska, puis Winnipeg et ensuite Halifax. À 21 ans, il s’installe à Québec et bien qu’il n’y connaisse personne à son arrivée, il s’intégrera rapidement à la faune locale. Assez vite pour fonder sa propre étiquette de disque quelques mois plus tard. C’était en janvier 2004. Nom du label: P572.

 

À ce moment-là, il habite à la porte 572 de la rue Nelson, une maison qu’il partage avec son partner in crime Sébastien Leduc. Rapidement, Murdock devient une pierre angulaire. Un point de rencontre à lui seul pour les bands de Québec. Jane Ehrhardt, Gab Paquet, Headache24, Les Goules, le fantôme de Claude François et Millimetrik se colleront à lui. Une nouvelle scène tout ce qu’il y a de plus indie naît par la même occasion et tout le monde est invité à venir faire la fête au salon. Littéralement. Le Pantoum et les Shows de Grenier n’ont rien inventé en matière de concerts intimistes semi-privés. «Même Avec pas d’casque était venu jouer chez nous!», s’empressera d’ajouter Sam dans un élan de fierté tout à fait légitime. C’était juste après la parution du premier album, bien avant le mégasuccès critique d’Astronomie.

 

Perso, la première fois que j’ai vu Sam, c’était sur le plateau de l’émission Les Éclectiks. Une émission du VOX d’avant MaTV pour laquelle je bossais comme préposée à l’accueil des invités de Matthieu Dugal. Pas le contrat le plus exigeant de ma carrière, certainement pas le plus valorisant non plus. Sauf que ça m’avait permis de connaître celui que j’écoutais ado, dans mon iPod nano de première génération, alors qu’il se commettait au sein du groupe (swedish) Death Polka. Je me souviens de l’avoir observé et de ne pas avoir cru tout de suite à ses presque 30 ans d’alors, par ses lunettes rafistolées avec du scotch tape, ses espad’ à velcro, son épiderme de chérubin, ses qualités verbomotrices. Quand Sam Murdock me dit aujourd’hui qu’il se fait encore carter en allant acheter de la bière au dépanneur, je ne peux pas l’obstiner. Quiconque ne le connaît pas lui donnerait 17 ans aux premiers abords. Pas ben, ben plus. Comme si le temps s’était figé sur sa peau et dans sa tête. Sam Murdock sera toujours un adolescent. Un beau grand gamin.

 

 

Un musicien aussi connu pour ses projets Lesbo Vrouven, (swedish) Death Polka et Oromocto Diamond. Que des groupes enregistrés sous son label, ça va de soi. Mais peu savent que c’est lui qui signe le visuel des mythiques Goules – le meilleur de 2007 selon le GAMIQ, par ailleurs –, tout comme le quart des albums qui paraissent sur son label. Une reconnaissance attribuable à cette si fine cohésion entre le visuel et le son, les arts visuels et la musique. P572, c’est pas vraiment une PME. C’est un collectif d’artistes multidisciplinaires.

 

On pourrait le croire narcissique parce qu’entièrement absorbé par P572, ses projets, ses amis artistes. Mais il n’en est rien: Sam Murdock écoute plus de musique que n’importe qui. Il la catalogue même frénétiquement sur Discogs, le Wikipédia de la musique. C’est lui même qui le dit: il écoute plus Megadeth que n’importe quel métaleux et il est aussi le fier détenteur d’une carte de membre du fan club de Lady Gaga. Ça ne s’invente pas. Comme cette fois où il est monté sur la scène du Pigeonnier au Festival d’été un soir de pluie pour danser aux côtés de Belle and Sebastian. La pudeur, c’est pas son truc. Sam Murdock ne se prive d’aucun plaisir. Il est un membre de la #YOLO generation, né prématurément.

 

Pour mettre du beurre  à moins qu’il ne préfère la margarine  sur ses toasts, misteur Murdock travaille à temps partiel comme libraire chez Première Issue, rue d’Auteuil, Québec intra-muros. C’est là qu’il cultive sa passion pour le 9e art. Intérêt qui le dévore autant que la musique puisque, parlant de bande dessinée, Sam projette de faire paraître un bouquin avec le papa ours Pierre Bouchard. Une histoire à suivre.

 

SametPierre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sam Murdock avec Pierre Bouchard (Source: Facebook) 

 

Si détester, critiquer et analyser ceux qui ont de l’ambition et qui font quelque chose de l’fun de leur vie est une chose follement tendance à Labeaume City, comment se fait-il que les gens de La Cité l’aiment autant, ce brillant garçon-là? La réponse est simple: Sam a basé toute sa business sur l’amitié. Celle qui est sincère. «Le monde est tellement pas fidèle en amour, en amitié. Mais nous, ça dure depuis 10 ans.» Des noces d’étain, donc, qui se fêtent cette année en plus.