Satellite 418

Le glam et les paillettes

J’ai assisté à la conférence de presse, livré mes impressions à la caméra de Radio-Canada à brûle-pourpoint puis me suis réjouie d’avoir été logiquement «bypassée» par l’annonce d’un ex-ministre des Finances décédé subitement et par les coupes draconiennes à la société d’État. Réjouie malgré ces deux (très) mauvaises nouvelles, car je voulais prendre le temps d’y penser comme il faut, à cette programmation du Festival d’été de Québec, avant de la commenter sur la place publique.

Déjà, la simple retransmission de la précieuse liste de noms suscitait un engouement un peu surréaliste. Je l’ai réalisé en prenant une photo de la feuille 8 1/2 X11 pouces dévoilant le line-up 2014 avec mon vieux iPhone 4. J’ai envoyé ça dans la twittosphère, puis une trentaine de retweets s’en sont suivis. J’ai gagné de nouveaux abonnés sur Facebook et Twitter, mon Klout a augmenté. Je couvre les arts à Québec 365 jours par année et jamais mes écrits n’intéressent autant mes collègues et le public. Chaque année, le mot-clic #FEQ me donne l’impression d’exister.

L’impression, aussi, de voir mon nombre de semblables tripler. Chaque fois qu’il y a une rencontre de presse en lien avec le FEQ, je me surprends à voir apparaître de nouveaux journalistes culturels à Québec. Comme s’ils hibernaient toute l’année durant.

Je ne peux m’empêcher de penser que le monde serait juste et bon s’ils étaient aussi nombreux à couvrir les lancements de la programmation du Mois Multi, du Périscope, de la Rotonde ou du Carrefour de Théâtre. Hélas, nous ne sommes jamais tellement plus que quatre ou cinq à nous déplacer pour ce genre d’événements et ça m’attriste sincèrement. C’est eux qui donnent vie aux arts et spectacles le reste de l’année à Québec.

Mais pendant 11 jours, tous se battent pour obtenir leur accréditation, tous veulent faire des entrevues avec les artistes, tous deviennent critiques musicaux. Comme si les noms de tous les chanteurs et groupes qui portent le sceau du FEQ étaient recouverts d’or. Je ne suis pas certaine que la presse généraliste s’enthousiasmerait autant du passage de St. Vincent ou d’un concert de Bobby Bazini s’ils avaient lieu en novembre au Grand Théâtre.

Le cas Tegan and Sara en est un exemple très concret. Tête d’affiche de second rang et chargé du réchauffage de la foule pour Gaga, le duo au son nouvellement électro-pop a provoqué une explosion de joie façon statuts Facebook chez les auditeurs de WKND et NRJ inscrits à ma liste d’amis. Pourtant, le promoteur Yannick Cimon Mattar (Get A Room) n’avait pas fait une grosse passe de cash en les invitant à l’Impérial tout juste après la sortie de leur plus récent album Heartthrob. C’était au mois d’août dernier. Je lui ai lâché un coup de fil pour confirmer mes souvenirs. «Écoute, ça a vraiment été poche aux ventes. Je ne pense même pas avoir réussi à remplir 50% de la salle. […] De mémoire, y’a juste Nicolas Houle du Soleil et toi qui en avez fait un article.»

 

La scène locale

Un peu comme avec la musique à la radio commerciale, je suis absolument en faveur qu’un certain pourcentage de la programmation soit confié à des groupes de Québec. Vu l’engouement populaire et médiatique du FEQ, je vois là une façon pour eux de se faire connaître et de gagner des fans qui, autrement, n’auraient peut-être pas la curiosité d’aller les voir en spectacle au Cercle ou au Pantoum à l’aveuglette. Cette place leur revient, puisque c’est eux qui veillent à la santé de la scène musicale de Québec tout au long de l’année.

L’an dernier, la programmation en salle du FEQ avait offert des combos extrêmement intéressants (comme Mauves en première partie de Philippe Katerine) et donné une scène à Ponctuation, Machinegun Suzie ainsi que Les Indiens. Une telle mise en valeur de la crème du rock du quartier Saint-Roch me donnait l’impression que le Festival OFF leur avait un peu chauffé les fesses.

Hélas, cette année je me déçois du peu de présence locale, particulièrement sur les scènes principales. Rien sur les plaines mais The Seasons, Dans l’Shed et Les chercheurs d’or au Pigeonnier. C’est super, mais c’est tout. À la place D’Youville, au Petit Impérial, au Cercle et à l’Impérial, on note toutefois Maude en formule 5 à 7, Tire le coyote en mode chansonnier pour trois fins de soirée, Dance Laury Dance, Marième, Irish Moutarde, Neto Yuth et la carte blanche offerte à l’Ampli de Québec. Pardonnez-moi si d’autres m’échappent.

Reste juste à espérer que les médias d’ici en profiteront pour leur faire une place sur leurs ondes et dans leurs pages. Pour faire changement.