«Heille, bé’! On va-tu marcher dans le Vieux?»
Avec l’arrivée des beaux jours, les douchebags de banlieue reviennent. Ils vont entrer en ville par Grande Allée à bord de leurs gros chars sport bien lavés, ils feront exploser leurs systèmes de son avec deux ou trois chansons d’Avicii, ils vont se stationner au Palais Montcalm, ils iront magasiner sur Saint-Jean, se mêleront aux touristes de toutes les couleurs.
Entre 11h et 21h, l’été, la cité intra-muros a tout d’une métropole. De Saint-Laurent ou de Crescent à Montréal. D’une ville bruyante, métissée, bilingue. Puis, les boutiques ferment et les cuisines des restos aussi. L’hôtesse finit son shift, les derniers clients paient l’addition, les serveurs rangent les chaises et les tables de la terrasse à l’intérieur. Les lumières se ferment, les gérants du Château, du Simons ou du Aldo mettent la clé dans la porte. À 22h, si vous êtes chanceux, la confiserie, le McDonald et la tabagie seront encore ouverts. Dans le Vieux-Québec, la vie s’arrête quand le Téléjournal national prend l’antenne à Radio-Can.
Ce secteur-là de la ville s’endort cinq heures avant que les bars ferment. Je suis certaine que les Ontariens (même eux!) doivent rire de nous et penser que Québec est une ville en carton-pâte. Une ville sans habitants, sans épiceries, sans jeunes pour faire un peu de gentil grabuge. L’époque du Bunker d’Auteuil et de La Fourmis Atomique est loin derrière nous. Une ville qui se ferme comme un parc d’attractions. Y a-t-il des gens qui vivent dans ce décor de cinéma? Le fait est qu’il n’y a pas grand monde qui habite le Vieux-Québec, outre les richissimes étrangers qui s’y sont acheté un condo pour s’en servir comme chalet (urbain) d’été.
Ce n’est pas tout le monde qui peut s’offrir un logis dans le Vieux-Québec, à moins de tomber sur un deal incroyable ou d’accepter d’habiter un appartement à la limite de l’insalubre. Contrairement au reste de la ville, le quartier n’est pas abordable pour les familles, les artistes et autres travailleurs autonomes. Une rapide recherche sur Kijiji vous le prouvera sans mal. Dans ce secteur, les lofts loués à 1500$ par mois sont monnaie courante, tout comme les 3 ½ loués à la semaine.
Mais il n’y a pas que le prix des loyers qui diffère du reste de la ville. Le Vieux-Québec, c’est une enclave culturelle. T-shirts de South Park, peluches de castor, figurines de police montée, lunettes de Kanye West circa 2006, sacs à main Louis Vuitton de contrefaçon… Si la marchandise proposée dans les boutiques de souvenirs ne nous ressemble pas, la musique qu’on y joue est elle aussi complètement déconnectée de la culture locale.
The Seasons? Karim Ouellet? Mauves? Connaît pas. Idem pour des valeurs sûres franco-québécoises (et montréalaises) comme Malajube, Pierre Lapointe ou Karkwa. À l’intérieur des commerces du secteur touristique, c’est Daft Punk, David Guetta et Rihanna (genre) qui meublent l’environnement sonore. Le rêve de toute radio commerciale qui n’aurait pas de quotas francophones et canadiens du CRTC à respecter. Avec un peu de chance, vous entendrez peut-être un rigodon générique au Magasin général PL Blouin.
Je ne sais pas si je dois qualifier cette poignée de marchands d’incultes ou de fins stratèges. Pour un commerçant qui veut vendre ses bébelles aux touristes, les hits interstellaires du Top 40 peuvent s’avérer de redoutables hameçons. Faudrait surtout pas sortir les Japonais et les Américains de leur zone de confort, surtout pas leur faire découvrir des éléments de notre culture musicale. D’ailleurs, y a-t-il une autre salle de concert que le Sainte-Angèle entre les murs?
C’est vrai, il y a le Pub Saint-Patrick et le Pub Saint-Alexandre. Mais à part des interprètes armés de covers de Coldplay et U2, qui d’autre s’y produit? Perso, j’ai déjà vu un chansonnier s’adresser à la foule uniquement en anglais pendant son set. Je n’y suis jamais retourné.
Pourtant, le changement commence à s’opérer depuis quelques années au rayon des restaurants. Exit les attrapes-touristes, même si des enseignes comme le Café Buade réussissent à survivre au temps. Ces dernières années, le Vieux-Québec s’est vu transformer par un ordre d’hommes et de femmes d’affaires qui ont eu envie d’y ramener les locaux en les charmant par l’estomac. Les Trois Garçons, Chez Boulay, Le Sapristi, Le Tournebroche, Les Frères de la Côte et Le Chic-Shack ont ainsi fait leur apparition dans les rues de ce quartier déserté des gens de Québec. Un franc succès.
Qu’attendons-nous pour faire la même chose avec la musique locale? Commencer par les standards québécois pas forcément actuels serait déjà un bon début…
ouin ça pue l’élitisme à plein nez ce billet.
Cath, tu veux sûrement dire le d’Auteuil et non Le Bunker d’Auteuil, qui est le studio/appart de Jean-Philip ou Shampouing…
À vrai dire, les gens ne s’entendent pas. Le bar d’Auteuil, le Bunker d’Auteuil ou Le D’Auteuil.
Ça mérite presque une enquête!
Pis en passant, il y a des commerçants qui savent ce que c’est la musique. Tu devrais aller traîner au Archambault Vieux-Québec, qui, soit dit en passant, a remporté le prix de disquaire de l’année appartenant à une chaîne de magasin deux années de suite.
Et bien moi j’y joue au Pub St Alexandre, tous les mercredi sur l’happy hour! Et jamais je n’ai parlé anglais. Enfin… je ne traduit quand même pas les titres des morceaux, mais de toute façon j’ai un tellement bon accent que c’est tout comme… Point de vue set list d’ailleurs, on a réussi à y glisser les colocs version manouche. Sans doute le changement qui opère ?
Il y a beaucoup de drôles de choses dans ce texte… je ne sais pas par où commencer haha! De un, les bars ont besoins des gens de banlieues, qui viennent dépenser de l’argent sur grande allée. je ne comprends pas cette aversion que tu as pour les gens qui habitent en dehors des quartiers « branchés ». Les hipsters de SJB ou de St-Roch, qui essaient de rentrer gratis parce qu’ils connaissent le doorman au Cercle, ça ne rapporte pas. Ça prend des revenus pour ouvrir tard… Les revenus, c’est la seule et unique raison pour laquelle un resto ferme à 22h, ou ferme les lundis.
Quand tu fais référence à The Seasons ou à Karim Ouellet, ce n’est pas ça la culture de Québec. Les commerçants (et la plupart des gens) ne connaissent pas ça. C’est une culture ultra indie, ultra niche. La culture de Québec c’est le FEQ et Metallica au Colisée. C’est la seule raison pourquoi le grand public sort de son chez soi.
Je suis plus vieux que toi, et ce que tu décris, on le vit à Québec depuis plusieurs années, ce n’est pas nouveau. Tu ne feras pas du Vieux Québec un Williamsburg ou un Mile-End, oublie ça. Québec est une ville dortoire, ce n’est pas une ville de culture ou de nightlife. Ceux qui aiment la culture et le nightlife finissent par quitter Québec, comme j’ai fait, et comme tu feras quand tu te trouveras une meilleure job.
Je ne comprends pas bien le but de ce billet. Vous affirmez tout d’abord qu’il n’ a pas de résidents dans le Vieux Québec, puis vous alignez vous-même les clichés touristiques de cartes postales. Ce serait comme s’étonner qu’aucun Parisien ne réside sur les Champs Élysées ni aucun Londonien sur Oxford Street ! Si vous voulez rencontrer les habitants du VQ, sortez de la rue St Jean !
Et ensuite, on essaie de nous faire croire que le cinéma reviens au « Centre-Ville » avec le Clap au musée de la Civilisation. Je serais curieux de voir leur définition de centre-ville. Le coin du musée c’est un trou, y’a pas de vie à part celle de la promenade bisannuelle du résident et le passage futile du touriste. Il n’y a pas de bonnes raisons pour se « tenir » à la place Royale.
Catherine Genest est hallucinante. Elle voudrait que plus de gens vivent »la vie de Catherine Genest », mais sa technique pour les convaincre c’est l’insulte et le mépris.
Délicieux. À moins que ce soit du trolling. Peut-être…
Merci pour cet article. J’aime beaucoup beaucoup votre manière de penser.Triste réalité, nous incapables de se définir culturellement parlant, au Québec. La musique anglopĥone prend une telle place importante dans notre pays, que nous ne sommes pas capables de se différencier des États-Unis. Réfléchissez-y, lorsque nous demandons à des touristes de décrire notre musique, comment la décrive-t-elle? Avec du rigodon. Ouais. Pourtant ici, nous considérons cette musique comme si nous étions nous-mêmes des touristes, dans notre propre pays. La preuve, nous allons seulement écouter cette musique lors du jour de l’an. Nous n’avons pas de personnalité musicale propre à nous dans notre pays. En fait, si. Mais plusieurs refusent de la voir, puisqu’ils sont tellement habitués d’entendre les musiques d’ailleurs. Difficile de se définir, nous les québécois. Nous empruntons tellement aux autres pays que nous finissons par nous perdre.
C’est sur que la Rue Saint-Jean vers l’est fait touriste, car c’est fait pour les touristes! Pourquoi tu penses qu’il y a autant de magasin qui vend des t-shirt des Nordiques pis des portes-clefs écrit «Québec-Canada»? C’est pour le touriste américain moyens qui se dit: «tiens, je vais m’acheter tout mes souvenirs là!»
Moi aussi ça me déprimes tout ça, comme les resto à Place Royale qui te vend du spagatt pas bon à 20$ pis le McDo et le Tim Horton au coin de Saint-Jean et du Palais. C’est le spot des touristes!
Si un voyageur veut vraiment s’intéressé à la culture québécoise, penses-tu vraiment qui va aller sur la rue Saint-Jean? Non! Il va aller au Musée de la Civilisation et au MNBAQ, il va écouté de la musique québécois chez Archambault et va lire les nouvelle dans Le Soleil ou le Journal de Québec. C’est ça qui va faire!