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Salle Unisson: la nouvelle scène underground de Québec

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La Salle Unisson

 

Sur Facebook, son nom c’est Fred End. Il joue dans Mesrine – un band de grindcore – et il booke des shows à Québec depuis presque 20 ans. C’est ce gars-là qui m’a ouvert la porte de la Salle Unisson, le nouveau lieu de diffusion des musiques indie et alternatives à Québec.

À l’intérieur, c’est sombre. Pas de fenêtres, murs noirs, éclairage de scène bleu, rouge et vert, une table de billard recouverte d’un drap, des caisses de bières vides sur le plancher. Le décor parfait pour le vidéoclip d’un groupe de garage rock ou une séance photo avec le désormais iconique Mac DeMarco. Frédéric Samuelsen (c’est ce qui est inscrit sur son baptistère) m’y accueille, m’offre un Mountain Dew bleu et me fait visiter la place. Dans les haut-parleurs: Johnny Cash.

Studio-Unisson, 385 rue St-Anselme
Studio-Unisson, 385 rue St-Anselme

 

Située au coin des rues Saint-Joseph et Saint-Anselme, la Salle Unisson fait partie d’un vaste complexe qui abrite 60 à 70 locaux de pratique. Une vieille bâtisse relativement délabrée qui loue des petits studios aux bands locaux depuis au moins 25 ans, selon les estimations de Samuelsen. Avant ça, c’était une école de coiffure. L’établissement a fermé ses portes en 1985 pour fusionner au Centre de formation professionnelle de Limoilou. Ça, c’est une info vérifiable sur les interwebs.

Mais l’histoire continue de s’écrire entre ses murs. Depuis janvier, le sous-sol autrefois super malpropre – notre homme ira même jusqu’à utiliser le terme «dompe» – accueille bands et mélomanes pour des concerts essentiellement rock, punk, hardcore et métal. Quoique ça pourrait changer: «Je veux qu’il y ait tous les styles, du emo comme du rap. […] Je loue ma salle à n’importe qui pour n’importe quoi.» Récemment, Our Last Night et Goemagot, s’y sont produits.  En tout, il y a eu une vingtaine de shows depuis l’ouverture des portes. Le plus couru aura attiré quelque chose comme 200 personnes.

Parmi ceux qui s’en viennent, on note Crabe qui s’y produira le 28 juin. Un show programmé par le bookeur de Noise Isn’t Noise, un certain David Raymond Leblanc qui invitait les bands dans son appart de Saint-Vallier Ouest avant que les voisins se plaignent du bruit. «Ici, à date, la police n’est jamais venue. La place est connue depuis longtemps dans le quartier, le monde sait qu’on joue de la musique.»

 

Homme d’expérience

Foutrement bien placé pour analyser la scène locale, le pro du show-business fait rock’n’roll admet que la scène locale est en bonne santé en ce moment. « Québec a beaucoup changé. Maintenant, il y a des bands de tous les styles. En 2009 et 2010, y’a comme eu un creux. Mais là, y’a définitivement un regain.» Un discours que bien des vieux de la vieille – je pense notamment à Richard Bourque des Babalooneys – tiennent lorsque je les interviewe. Avec l’ouverture du Pantoum, la mise sur pied d’un nouveau label comme La Palette et les 10 ans de P572, c’est difficile de le contredire.

Fred End a connu l’Arlequin, le Kashmir, le Velvet, la Fourmi Atomique, toutes ces salles mythiques qu’une jeunesse avide de shows au Pantoum n’a pas connues. Il a vu neiger, naître des bands et en mourir, il a aussi ouvert sa propre salle (le Studio Sonore) avant de la fermer l’an dernier. Mais, récemment, Samuelsen a souffert d’une semi-écoeurantite vis-à-vis la scène locale. Pas les bands, mais l’industrie. «Un moment donné, j’ai arrêté parce que je trouvais qu’il y avait trop de shows à Québec. […] Booker des shows, c’est comme jouer aux cartes et aux dés.»

De retour dans l’arène, et par pure passion pour la musique, il remettra le Québec Metal Fest sur les rails en septembre après un hiatus de trois ans. Un scoop, me promet-il.

 

Salle Unisson

385 rue St-Anselme, Québec

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