On connait T-Mo pour son verbe acéré, son combat perpétuel pour la diffusion du hip-hop québ’, le coup d’éclat de son crew (celui des 83) au gala de l’ADISQ en 2002. Mais, cet été, Fred Auger (c’est son vrai nom) part en croisade pour que les artistes locaux conservent leur place dans la programmation du Festivent.
La scène urbaine ne figure plus sur les flyers distribués dans tous les Couche-Tard de la Rive-Sud ni sur le site web du Festivent de Lévis. La raison est simple : elle n’existe plus parce qu’elle n’était pas rentable. « Il y a eu Snoop Dog l’année passée, il y a Sean Paul cette année. C’est cool les gros artistes. Mais, selon moi, c’est inconcevable qu’il n’y ait pas de scène pour les artistes locaux. Des scènes comme ça, il y en a partout. À Tadoussac, y’a juste ça. Les festivals de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu et Gatineau leur font aussi une place dans leurs programmations. »
Mais avant d’aller plus loin, il faut mettre les choses en contexte. Il y a presque dix ans, la scène urbaine du Festivent naissait grâce à l’appui du directeur général de l’événement Sébastien Huot. « C’est lui qui a eu l’idée en voyageant et en allant à plein d’autres festivals de musique au Québec comme ailleurs. Il y croit à fond mais c’est le côté financier qui le bloque. » Par le passé, des artistes hip-hop, punk et rock s’y sont produits. Dance Laury Dance est du nombre, idem pour Saye. « On l’a découvert au Festivent et on l’a approché une semaine ou deux après parce qu’on voulait travailler avec lui. Depuis ce temps-là, il est signé chez Explicit. »
Comment faire pour découvrir de nouveaux talents si ceux-ci n’ont plus leur place dans les gros festivals qui intéressent la presse et qui attirent les masses?
L’histoire qui se répète
J’ai demandé à Fred s’il avait l’impression de vivre la même chose que ceux qui ont fondé le Festival OFF il y a maintenant 11 ans. Ceux qui ont lancé leur propre événement pour donner une place à la relève, à la musique franco et aux artistes locaux qui n’avaient jadis plus de place au Festival d’été de Québec. Je visais juste. « Pour le moment, notre première option c’est d’aller chercher de l’aide au Festivent. Si ça ne marche pas, on se posera sérieusement la question. »
Le hic – et ce qui rend le combat de T-Mo encore plus pertinent – c’est que les lieux de diffusion se font déjà rares à Lévis. Outre le Festivent, il y a aussi le Festival de Jazz mais les artistes émergents en musique actuelle (ou alternative) n’y ont pas leur place selon T-Mo. Sinon, qu’est-ce qu’il reste sur la Rive-Sud? L’Anglicane et le Vieux Bureau de Poste. C’est tout. Ce n’est pas comme à Québec, où les salles « intermédiaires » et ouvertes comme le Cercle, l’AgitéE ou Le Pantoum se font nombreuses.
En mode solution
Fred fait maintenant appel au grand public dans une vidéo téléversée sur le compte de Explicit Nation, la boutique de vêtements et le label de disque qu’il opère lui-même. En vedette : T-Mo de Taktika, Paul de Never More than Less, Harry de Dance Laury Dance et L-P de Muted Screams.
Leur objectif? Amasser 30 000$ auprès du public pour remplacer le commanditaire qu’ils n’ont pas. Ça, c’est le prix que ça coûte pour trois jours de spectacles en tenant compte du salaire des techniciens et des agents de sécurité, du montage de la scène, des assurances, de la location d’équipement et des cachets versés aux artistes. Parce que, contrairement à l’édition 2013 du Rockfest, les musiciens invités à jouer au Festivent ont toujours été payés. Décemment, en plus.
Tous et chacun peuvent faire leur part via La Ruche à condition d’avoir une carte de crédit.