Théologie Médiatique

Vous avez dit théologie médiatique?

Et voilà… J’arrive tout juste. Je pose mes valises sur voir.ca. Je commence à installer le mobilier. J’imagine que les décorations suivront bientôt.

Bonjour bonjour, donc…

Théologie médiatique. Voilà un titre bien pompeux! Il mérite bien quelques explications. Et je m’en voudrais aussi de me pointer ici sans aucune forme de présentation. Alors voilà, je me nomme Simon Jodoin, Montréal-estain d’origine (j’ignore si le mot Montréal-estain existe, mais mon traitement de texte ne le souligne pas en rouge, je suis donc numériquement rassuré). J’ai l’insigne honneur de diriger la galère des multiples projets web du VOIR (c’est moi qui fouette ceux qui rament). Je donne aussi dans la chronique et le commentaire depuis quelques années. Réglons tout de suite un possible irritant : je ne suis pas journaliste. Je suis théologien de formation, un long processus lors duquel j’ai appris à entrevoir les sciences sociales à travers la lorgnette de la « religiosité ». Tant et si bien que désormais, je vois les humains comme des êtres qui « croient »… Mêmes les athées… Surtout les athées, devrais-je dire.

… D’où, peut-être, mon intérêt pour les médias.

Ça vous va comme présentation? J’espère bien, car je n’en ai pas d’autres.

Théologie médiatique donc. Ce titre permettrait de grandes envolées, mais pour dire les choses simplement, il s’agit pour moi d’une « suite » à la théologie politique au sein de la modernité. L’idée est désormais largement acceptée : Les modernes ont transposé dans l’État et la politique des prérogatives religieuses et des dogmes alors qu’ils croyaient, naïvement, s’en débarrasser.

Aujourd’hui, la « foi politique » est en perte de vitesse. Mais les croyances technologiques sont désormais gonflées à bloc. En somme, les médias –et plus encore ce qu’on appelle les nouveaux médias- sont le lieu d’une nouvelle utopie. Enfin, pas si nouvelle que ça : la promesse d’un monde débarrassé des injustices, où les humains, citoyens communicants d’une vaste toile globale, prennent part en temps réel à l’avancement d’une société meilleure au sein de laquelle tous les vices hiérarchiques seraient abolis.

Vous avez déjà vu ça quelque part hein?

Moi aussi, justement…

Cette nouvelle foi médiatique laisse supposer toute une mythologie, une vaste collection de récits et de figures héroïques. Elle laisse aussi deviner une certaine trame : une origine du mal (le secret) une direction (communiquer) et éventuellement une rédemption (la transparence).

Qu’est-ce à dire? Rien… Sinon que ma lecture des phénomènes sociaux se trouve constamment influencée par cette vision des médias.

Aussi, et c’est important, qu’en logeant mes futures chroniques à l’enseigne de la théologie médiatique, je vous indique que je ne parlerai justement pas seulement de « médias ». Il y a tellement de chroniqueurs et blogueurs médias de nos jours –occupés à copier-coller tout ce qui se fait et se dit dans le TV hebdo et sur twitter, que j’aurais le sentiment de revoir à la baisse la valeur de mon travail… Me pardonnerez-vous cette prétention?

Ontologie : la société est un média

Contentons-nous pour l’heure de simplement le constater : l’observation de l’humanité est désormais de bout en bout un exercice médiatique.

C’est encore plus manifeste de nos jours, à l’heure des « médias sociaux », où le « filet » social, structure des relations entre les individus, devient lui-même un média.

On se trompe d’ailleurs lorsqu’on comprend que l’expression « médias sociaux » désigne des outils de communication qui appartiennent aux citoyens. « Médias sociaux » signifie que la société est désormais un média, elle est devenue un outil de diffusion.

Tout un chacun peut désormais, en quelques secondes, commenter des « faits » sans jamais en faire l’expérience. Les événements, tels que rapportés par d’autres à l’aide de divers outils toujours plus performants, semblent suffire pour les constater et éventuellement les commenter. Qu’il s’agisse d’une révolution ou d’une famine dans un pays lointain, d’une campagne électorale dans notre propre ville ou de tout autre épisode de l’actualité, le devenir humain se déroule aujourd’hui « dans les médias ».

J’ai même vu un blogueur se spécialiser dans « l’opinion minute », une appellation qui laisse supposer qu’en quelques secondes il est possible de recevoir une information, de la considérer comme valide, de la comprendre, de la rapporter et de la commenter. Tout cela en étant persuadé de donner dans le nec plus ultra du journalisme citoyen…

Plus encore! D’abord et le plus souvent la vaste majorité des individus n’a aucun accès aux faits « bruts » mais bien à des faits « traités », déjà commentés, auxquels on a ajouté une foule d’ingrédients afin de les rendre consommables. Chacun les remâche et passe au suivant…

La valeur de vérité de tel ou tel propos tenu dans les médias n’a au fond que très peu d’importance. C’est un problème tout à fait secondaire. Ce qui est intéressant c’est que peu importe la nature du message qui circule, ce qui se construit, c’est une toile, un réseau, une nouvelle surface sur laquelle on peut afficher, un nouvel écran sur lequel il est possible de projeter un message.

La société est désormais un média. Je vous proposerai ici de vous y aventurer, de parcourir ce nouveau lieu et ses nouvelles utopies.

Peu de gens peuvent effectivement affirmer qu’une poutre est tombée sur une autoroute…

…Car la poutre, pour la plupart d’entre nous, c’est dans les médias qu’elle est tombée.

…Parler de la poutre, c’est donc, inévitablement, parler de ce qui se passe dans les médias.

Voilà voilà! C’est un peu décousu comme entrée en matière, n’est-ce pas?

Tant mieux… Car l’objectif ici sera justement de raccommoder les liens.

Au plaisir et à bientôt!

P.S. Ne cherchez pas cette chronique dans le Voir en papier, elle ne sera publiée que sur voir.ca. Je m’estime chanceux : je peux écrire plus que 750 mots! J

P.P.S. J’écris et j’intègre moi-même mes chroniques dans le site du Voir, sans passer par le processus de la rédaction/correction. Si d’aventure vous trouvez des fautes et des coquilles, ne sortez pas votre pistolet : utilisez plutôt mon courriel : [email protected]