Ainsi que nous l’avons dit, l’homme areligieux à l’état pur est un phénomène plutôt rare, même dans la plus désacralisée des sociétés modernes. – Mircea Eliade
Il est de bon ton, depuis quelques années, de dénoncer l’intrusion du religieux dans le politique. À tort ou à raison, nous nous sentons menacés par le dogmatisme des uns et des autres.
Toutefois, comme presque toutes les idéologies politiques modernes, le nationalisme québécois reprend à son compte des prérogatives religieuses et reformule, à sa manière, une sorte de mythologie sécularisée. Certes, c’est incontestable, la Révolution tranquille nous a permis de sortir du dogmatisme catholique. Les églises sont d’ailleurs vides. Si vides qu’on ne sait plus trop quoi en faire, à part des condos.
Mais vider une institution n’implique d’aucune manière que les aspirations religieuses des individus soient tout bonnement disparues, et encore moins les structures des récits anciens qui ont marqué leur imaginaire collectif. À ce titre, il m’est arrivé à quelques reprises de constater que la mythologie nationaliste québécoise reprend à son compte la séquence Éden/Chute/Rédemption inhérente au judéo-christianisme.
La chasse aux anglophones à laquelle nous prenons part depuis quelques semaines me semble nous fournir une autre occasion de réfléchir sur cette question…
Pour ceux qui adhèrent à cette mythologie, le Québécois des origines – le Canadien français – vivait libre et sans contrainte en Amérique, un lieu ouvert sur toutes les possibilités. L’Éden lui appartenait. Le terme Nouvelle-France à lui seul est chargé de cette symbolique qui sous-entend un nouveau départ et même une certaine teinte d’Eldorado. Nous aurions pu faire fortune, trouver des trésors et vivre en paix. Tout était à faire, à construire et, si on nous avait laissés évoluer dans ce paradis désormais perdu, nous serions demeurés maîtres de notre destin.
Tout bascule cependant lors de la conquête. C’est la Chute. Peu d’entre nous, dans les faits, s’intéressent à ce qui s’est réellement passé à ce moment. Dans l’imaginaire québécois, c’est un instant, une journée fatidique. Tout a basculé d’un seul coup dans l’empire du mal. Comme c’est le cas dans la mythologie judéo-chrétienne, c’est le début de l’histoire, corollaire de l’existence du mal. Le Québécois des origines a alors été chassé de l’Éden et erre depuis dans un devenir incertain où l’inégalité est la norme et où il est constamment menacé d’extinction.
Ainsi, dans ce récit de la Chute, l’Anglais joue le rôle du mal radical. Il ne s’agit pas tant d’une langue ou de ceux qui la parlent. Il s’agit, si on peut dire, d’une entité, d’une force maléfique qui continue de nous menacer au quotidien. Elle peut prendre diverses formes. Il peut s’agir d’une marque de commerce, d’un artiste anglophone qui souhaite prendre part aux festivités de la Fête nationale, d’un habitant de L’Île-d’Entrée, d’une serveuse dans un bar du Mile End, d’un immigrant qui, pour diverses raisons (que nous ignorons la plupart du temps), arrive à vivre ici sans apprendre le français, d’une affiche sur un mur, d’un mot en vogue qu’on utilise faute de traduction valable, des succès du hit-parade américain et de tant de choses encore…
D’un strict point de vue mythologique, toutes ces manifestations de l’Anglais sont l’effet d’une seule et même entité. Pour le croyant, tous ces exemples particuliers sont du pareil au même. Tout est dans tout. Une affiche en anglais collée sur un poteau est nécessairement reliée au hit-parade américain et au smoked meat. Il s’agit d’un phénomène global, voire englobant.
Toute concession à l’Anglais sera ainsi perçue comme une abdication face au mal radical qu’il faudrait plutôt combattre avec zèle. Un francophone qui accepterait de dialoguer avec son voisin ou le commis du dépanneur du coin nous menace tous, collectivement. Au mieux, il est inconscient, au pire, c’est un traître qui pactise avec les forces du mal. Toutes les déclinaisons d’un tel comportement sont donc à proscrire: vouloir étudier en anglais, vouloir envoyer ses enfants dans une école anglophone, chanter hey hey goodbye dans un match de hockey, inviter Leonard Cohen à la Fête nationale ou ne pas exiger la traduction d’un cossin made in China sont, au même titre, des fautes, des péchés.
On notera au passage que ceux qui, par témérité ou par inconscience, s’adonnent à ce genre de comportement seront inévitablement et systématiquement considérés comme des «colonisés». Autrement dit, ils se trouvent associés au moment de la Chute où tout a basculé à la suite de la victoire des colonisateurs. Toute parole en anglais réactualise en quelque sorte les événements in illo tempore qui ont marqué à jamais notre triste destin.
La conséquence de toutes ces fautes est claire, irréfutable et indéniable: nous disparaîtrons. Ce sera long et souffrant. Nous assisterons tôt ou tard à la fin des temps, la fin de notre histoire. Certains prophètes arrivent même à mettre une date sur ce jour fatidique.
Reste le pari de la Rédemption. Alors là, ce serait la totale. Nous pourrions, d’un seul coup, éradiquer le mal et être sauvés collectivement, en même temps, par Volonté Générale. À ce moment, l’Anglais n’aurait plus aucune prise sur notre destinée. Nous serions délivrés du mal et n’aurions plus rien à craindre.
…
Voilà un vaste projet.
…Me pardonnerez-vous si, par agnosticisme ou simple bêtise, je trouve plus simple de ne pas craindre mon voisin?
Ça me donne le sentiment, d’une certaine manière, de travailler à un monde meilleur…
Wow , ha ha , vous en fumez du bon au Voir.
Ils n’écoutent que Gilles Proulx et Michel Brûlé en hallucinant des Adrien Arcand au coin de St-Dominique et Mont-Royal. Aussi, ils amalgament bilinguisme (ou unilinguisme) individuel et unilinguisme (ou bilinguisme) collectif et institutionnel. Après les doléances écrites avec l’éjaculât de Trudeau de son collègue Lussier, Jodoin nous fait part de sa paranoïa anti-nationaliste. Cool story bro !
Ou ils devraient peut-être commencé… en tout cas, ça ne pourrait pas être pire…
Je suis tout à fait d’accord avec Mathieu. Ce qu’ils appellent « la chasse aux anglais » est en fait une lutte contre le billinguisme institutionnel et non pas contre le billinguisme individuel, qui lui est tout à fait souhaitable. Dans un pays normal, les travailleurs ont le droit d’exiger de pouvoir travailler dans leur langue officielle.
Mais le Québec n’est pas un pays, il est là le problème.
Les nationalistes canadians anglophones (dont le nationalisme est souvent aussi prononcé que les purzédurs) ont tout à fait le droit, selon la constitution de 82, de refuser d’apprendre le français. Mais nous, les Québécois, considérons à juste titre que la loi 101 devrait quand même s’appliquer, puisque la constitution n’a pas été signée par l’Assemblée Nationale.
Vous remarquerez d’ailleurs qu’aucun fédéraliste n’ose proposer que le Québec la signe dans son état actuel, parce qu’ils se doutent bien de la réponse qu’ils obtiendraient.
C’est cette ambiguité, de saboir lequel des deux nationalismes a préséance sur l’autre, qui cause le problème du billinguisme institutionnel au Québec. La seule façon pour les Québécois d’avoir une relation saine avec la langue anglaise, c’est à dire de l’apprendre par soucis d’ouverture sur l’autre et non de promotion sociale, c’est de réaliser l’indépendace.
Cet article est tout simplement aberrant et ne fait qu’illustrer avec superbe l’ignorance politique de l’auteur!
Bon pour la litière de ma Charlotte.
Pourquoi amener des vrais arguments dans un débat quand on peut démoniser la position adverse en tombant dans la sophistique?
On pourrait se demander s’il est normal pour une société d’avoir des règles culturels, des us et co…utumes, si ces règles jouent un quelconque rôle au niveau de la cohésion sociale(elles en jouent un) et s’il est normal et sain de vouloir les conserver(si on se fit aux sciences sociales, oui). On pourrait se questionner à savoir si l’argumentaire de l’ouverture à l’autre par le reniement de sois n’est pas plutôt une fermeture sur une culture de consommation commerciale, superficielle,vide et aseptisée ou encore se demander pourquoi est-ce qu’on s’attend et on exige des québécois d’avantage d’ouverture que de la part des anglophones et des immigrants. Est-ce une tare d’être québécois? Est-ce ouvert d’esprit de ne pas maîtriser la langue d’usage de la société dans laquelle on vie? Est-ce que les entreprises chinoises nous font une faveur en acceptant de nous vendre leurs produits?
Au lieu de répondre à ces questions, ou du moins de s’interroger, les coquilles vides d’hipster(un anglicisme, regardez à quel point je suis ouvert et à la mode) qui travaillent pour le voir préfèrent créer un argumentaire nationaliste de paille, créer des faux dilemmes, lancer des appels au ridicule et des appels à l’odieux en assimilant la pensée nationaliste au religieux.
Wow, et quoi encore… ce texte ne fait que renforcer ma foi en l’éducation gratuite pour tous… du grand n’importe quoi, et diffusé en plus. Faut vraiment avoir peur de perdre « ses » Rocheuses…
Ce texte est écrit par un serpent qui essaie de se mordre la queue.
Moi je trouve ça plutôt rigolo! C’est un brin provocateur et sarcastique, mais ça montre bien notre façon de penser binaire, en noir et blanc, de plusieurs québécois pour qui tout ce qui est anglo, ou British, est mal. Je suis fier d’être québécois et canadien. Mais pour plusieurs, ça marche pas, ça va pas ensemble. Pourquoi pas ?
Parlant de tournure manichéenne, il y a bien la vôtre selon laquelle le Québécois, ouvrant un peu les yeux sur sa propre société en comparant et identifiant certaines distinctions entre ses repères identitaires à ceux des autres Canadiens, signifie qu’il doit nécessairement les détester.
C’est un portrait bien peu représentatif du nationalisme Québécois que s’amusent à exploiter certains démagogues.
Héhé, Bravo Simon,
les mythes font bien partie des idéologies politiques. Le parlementarisme est un beau compte pour enfant pour masquer ce qui se passe dans la vie réelle. De même, la mythologie nationaliste fait dériver des problèmes de société (incompréhension de l’autre, chômage capitaliste, envahissement culturel par l’oligarchie) vers le droit à la propriété (c’est chez nous icite!)…
La nation, l’État… Comme il est froid le monstre froid!
PS: j’adore la bière anglaise, suis-je un colabo?
Non pas du tout, et je ne connais aucun nationaliste québécois que te le repprocherait.
Pour répondre à ton argument, même si certains nationalistes font un fétichisme de l’histoire, c’est loin d’être la majorité. La vision du nationaleux qui se lève la nuit pour hair les anglais c’est une caricature grossière du mouvement nationaliste Québécois.
Message déjà envoyé à Jérome Lussier via Twitter. Il vaut donc tt aussi bien pr Simon Jodoin Votre ‘aphorisme’: »Ce n’est pas de l’idéologie de croire que le bilinguisme constitue un avantage et de vouloir en faire bénéficier ses enfants et ses concitoyens » Is quite true e incluso el multilingüismo está mejor aún comprendete non è? 并且甚而它它是无论如何是好的实际情形 !!!
Cet texte est ridicule. Protéger sa culture ne veut pas dire se fermer aux autres cultures… On peut facilement faire les deux en même temps. Si je protège la culture québécoise et ma langue c’est justement parce que je suis conscient de la grande valeur de la diversité culturelle pour l’humanité. (Croyez le ou non, la culture québécoise fait partie de cette diversité culturelle!)Vous énoncez un faux dilemme dans ce texte. De plus, vous propagez des clichés et des préjugés à propos du mouvement souverainiste. Vous devriez être ouvert d’esprit et essayer de comprendre nos arguments plutôt que de tenter de nous dénigrer.
Excellent billet C’est façile de dépister les séparatistes içi, car ils sont tous pareilles partout sur l’internet. Au lieu d’échanger, de partager, de discuter, d’avoir des arguments, ils »insultent » les auteurs de billets »personellement » . On peut les reconnaitre partout. Quelle ambition! Ils aiment aussi corriger le français dans les textes. Il chassent les unilingues…Ils sont super présents et une honte à notre société .Les deux solitudes sont içi au Québec. Les auteurs qui osent et ont le courage de dire la vérité sur le peuple québecois qui est en arrière dans tout… parce que les 2 seules choses que l’on discute ici depuis 30 ans, c’est la langue et la séparation d’un des meilleurs pays au monde. Les auteurs ne se laissent plus intimider par ces séparatistes. Si le Québec ne se redresse pas, il est dû à la fallite morale sans parler de la faillite monétaire qui y est déjà. Le nombril, ça suffit.
Évidement… parler de langue française et d’indépendance c’est mauvais pour l’économie…. R-I-D-I-C-U-L-E! Ça ne tient pas la route comme argument! Si on veut être indépendants c’est aussi pour avoir le plein contrôle de notre économie madame Houde. Si on veut être indépendants, c’est aussi pour que notre voix porte sur la scène internationale notamment en matière d’environnement (en ces jours sombres pour le protocole de Kyoto que le Canada refuse de respecter!)
P.S. J’espère que vous ne vous sentez pas intimider par ma réponse de méchant séparatissss. : )
Aimeriez vous qu’on vous commande votre propre portrait de la Reine Mme Houde?
Je trouve intéressante votre façon de dépeindre les défenseurs de la langue française et les promoteurs de l’identité québécoise comme des radicaux alors que votre propre discours est complètement dépourvu de nuances.
Le projet de souveraineté ne s’est pas renouvellé depuis André Dallemagne et le discours nationaliste est figé depuis le chanoine Groulx. Le mouvement souverainiste ne va nulle part. Quand un texte comme le tien ou celui de Lussier tente de comprendre pourquoi, on choisit de pendre le messager au Pied du Courant.
J’ai lu et relu votre texte publié dans Voir.Ca .
Cher Monsieur, le Québec n’est pas un texte qu’on décoderait avec des clés sémiologiques désincarnées mais un vrai peuple qui grandit à partir de ses propres racines. Sans le savoir sans doute, votre analyse mène à une version édulcorée du darwinisme social appliquée aux nations plus petites. Ainsi devrions-nous accepter l’élimination parce que nous sommes démographiquement moins nombreux ! Mais cela n’est pas une fatalité comme le démontrent la prospérité de beaucoup de petites nations…si on passe, bien sûr, au-delà des effets néolibéraux dans leur économie.
Nul n’est une île, bien sûr, mais baignée dans l’océan anglophone, notre indéniable insularité nous condamne à, chaque fois, jeter des ponts pour y transiter aller-retour dans des commerces sans fin avec le restant du monde, pas seulement avec nos concitoyens anglophones – qui nous sont – mais, avec eux, au-delà de ce continent culturel anglophone où nous serions piégés d’y rester dans l’unique duplicité d’un bilinguisme de surface masquant ses lâchetés à être soi pour soi-même. »
Bravo à l’auteur pour sa capacité à inventer lui-même toute une mythologie. Beau talent pour se lancer dans une sorte de SF de type médiéval. Si cette prétendue analyse peut ressembler à quelques dynosaures du nationalisme, il n’est pas certain qu’elle colle à l’ensemble de sa réalité. L’écoute de trop de «lignes ouvertes» peut biaiser significativement la perception d’une société.
Merci Simon pour votre texte qui essaie d’expliquer aux francophones ce qui est self-evident pour les anglophones.
C’est vraiment l’envers de Richard Martineau, qui souffrent de l’illusion que les francophones sont jamais hostile…
La réalité, c’est d’être anglophone et Québécois (ou même être francophone qui a fait son BAC en anglais) est difficile et nous sommes les victimes de la discrimination chaque semaine.
Des centaines de milliers ont dit ENOUGH et ils ont quitté pour les autres provinces. Ceux qui restent sont durs et nous refusons de quitter notre pays, notre maison.
Au fond, tout est politique au Québec. C’est pas la langue, ni la religion, (l’écologisme est bien plus nocif à la santé collective des Québécois que la nationalisme) qui est en cause. Ce qui fait défaut, c’est l’exercice ponctuel de notre droit de vote le jour d’élection.
L’intolérance des fédéralistes envers les souverainistes est aussi épuisante que l’aveuglement historique de ces derniers face à l’Histoire d’un pays aussi honorable que différent du leur, le Canada.
Et on reprocherait à Simon Jodoin son ras-le-bol? Son recul sarcastique?
Ce qui me rend triste, ici, c’est notre incapacité à bien lire un texte qui n’est ni un manifeste politique, ni un dogme , mais seulement une inquiétude profonde qui a le tort de ne pas présumer de ses effets sur le lecteur potentiel.
L’indépendance du Québec m’apparaît inévitable. Je pense qu’elle se fera de manière inattendue, probablement après la déconfiture de la CAQ à Legault et Sirois. En ce sens , si je voulais faire drôle, j’inviterais tout le monde ici, fédéralistes comme souverainistes, à aller voter massivement pour ce parti aux prochaines élections. Avec une douce arrière-pensée de désespoir. Parce que voter c’est commencer par espérer tout seul…
correction: deux mots importants ont disparu à la transcription de mon commentaire. Il fallait lire « …probablement après la déconfiture AU POUVOIR de la CAQ de Legault et Sirois. »
J’ai beaucoup apprécié votre texte. Étant immigrante et fille d’immigrante, je trouve aberante qu’une personne qui vit ici depuis ne parle pas français et je persiste à dire que c’est un choix comme un autre. C’est un peu ça la démocratie, non?
J’ai personnellement appris l’anglais en jouant dans la ruelle avec des anglais (pas à l’école). Même si nous parlons français à la maison mes enfants sont bilingues sans avoir été a l’école anglaise, comme je disais c’est un choix et lorsqu’on donne le choix au gens de dire oui ou non faut pas s’offenser lorsqu’ils disent non.
Marie-Chantale
Imaginerait-on un immigrant s’installer aux États-Unis, en Ontario, en Alberta et décider, « librement » de ne pas apprendre l’anglais, pendant toute sa vie ? Et juger que ses enfants non plus n’en ont pas vraiment besoin ?
Ou en France, sans vouloir apprendre le français ?
En Italie, sans vouloir apprendre l’italien ?
En Chine, sans vouloir apprendre le chinois ?
Au Japon, sans vouloir apprendre le japonais ?
En Finlande, sans vouloir apprendre le finlandais ?
Ai-je besoin de continuer ?
Demander aux immigrants qui viennent s’installer parmi un peuple d’apprendre la langue de ce peuple, comme vous l’avez fait, ce n’est pas de la tyrannie, ni de la xénophobie. C’est lui demander de bien vouloir s’intégrer à la société qui l’accueille et d’en faire partie à part entière.
On ne lui demande pas de renoncer à sa langue, ni à sa culture. Simplement d’appendre celles du peuple chez qui il s’installe.
Comment peut-on accueillir quelqu’un qui nous refuse ?
Cela étant dit, je ne blâme pas les immigrants (ni les unilingues anglophones). C’est la responsabilité de la société, via ses institutions et ses lois de s’assurer que le travail se fasse dans notre langue.
Qu’une entreprise soit-disant francophone puisse:
– donner des contrats de travail qu’en anglais
– fasse toutes ses communications internes en anglais
– exige la connaissance et même la maîtrise de l’anglais de tous ses employés (même ceux qui n’ont pas de contacts, directs ou non, avec les clients ni l’étranger), mais se permet d’engager des unilingues anglophones
Disons qu’il y a un problème de définition sur la nature « d’entreprise francophone ». Encore une fois, nommez-moi une nation dans le monde qui tolérerait une telle situation.
Devant l’inertie de nos gouvernements, je comprends très qu’un immigrant puisse préférer l’anglais s’il peut mener toute sa vie ici sans un traître mot de français. Face au choix:
– le français: ne sert qu’au Québec
– l’anglais, utilisable partout en Amérique du nord, y compris au Québec
Qu’est-ce que vous choisiriez ?
Le problème Patrick c’est que le Québec n’est pas un pays, alors chacun fait le choix de s’intégrer soit au Québec ou au Canada, pour s’intégrer au Canada ils n’ont pas besoin d’apprendre le français. L’ambiguité du status constitutionnel du Québec est la cause de cette confusion.
Il semble bien facile de dénigrer une posture, en dénonçant l’aporie de la réflexion de l’auteur, qui se base sur un plaidoyer de la subversion d’un œcuménisme non assumé ou d’en critiquer une sémiologie désincarnée où l’exergue et la totalisation symbolique québécoise semblent dépasser l’intention de M. Jodoin. Ma seule déception vis-à-vis cet article c’est l’instrumentalisation et la superficialité dans lequel sont mis en oeuvre les organes d’un imaginaire nationaliste qui référent a la conception du mythe du centre de Mircea Eliade: trop riche a mon avis pour se limiter son application dans cet l’article. Néanmoins, je crois qu’un livre serait plus approprié qu’un billet numérique pour discourir d’une telles prémices portant sur les véhicules de l’altérité par le mythe.
En ce sens, je crois que cette vague d’aversion envers les propos de l’auteur s’exprime par cette fanfaronnade, où l’agnotisme culturel de sa personne s’élève comme étant une qualité, en fin de texte. C’est en pré insultant et ciblant de facto ses détracteurs séparatistes en inférant l’inintelligence de la simple divergence d’opinion que Mr. Jodoin récolte la tempête. On croirait presque à une stratégie “d’attaque défensive” à l’Américaine. Il me semble que l’oxymore découlant de cette logique ne connote la dénégation de l’auteur vis-à-vis les fameuses valeurs universelles où seul le peuple québécois semble être en faute.
Plusieurs auteurs se sont penchés sur l’application de la sphère mythique et son rôle au sein du nationalisme et du patrimoine historique tel que, parmi mes préférés, Mircea Eliade, Traian Stanciulescu, Edgar Morin, Marcel Gauchet et Gilbert Durand. Durand dénote et étaye plus en profondeur la position de Mr. Jodoin à travers le concept qu’il nomme Joachimiste. Ce dernier cible bien les malaises, au-delà de la lecture au premier degré découlant d’une rhétorique Eliadienne, issues des stratégies d’identification culturelle où le hijab est une plaie à la liberté de la femme, et pour d’autres une expression de leur pudeur. Cette relation a première vue binaire et simpliste découlant de l’imaginaire épistémique, comme le critiquent plusieurs en bafouant Mr. Jodoin, existe bel et bien malheureusement.
Personnellement, la seule question que je me pose c’est qu’est-ce que la Québec, au sens culturel, offre a l’immigrant au-delà de la limite fonctionnaliste et de la subjectivité romantique. Car ici, comme l’a fait remarquer un autre internaute nous sommes en face d’un darwinisme social qui est une réalité existante in illo tempore. Est-ce que le fait que l’immigrant est en minorité implique qu’il doit souscrire et se coerxer a l’assimilation? Pragmatiquement, participer au rayonnement du patrimoine culturel québécois ou autre n’est pas une prérogative par vulgate situation géographique en mon sens.
En somme, au coeur de ce “Québec-Bashing” de Mr. Jodoin et du “Séparatisme” de ses cibles se trouve en otage le libre arbitre de l’immigrant. Ce n’est pas à travers ce type de discours que s’opère l’empathie menant à un monde meilleur que souhaite tant l’auteur. Mais où en est la grande séduction?
Pour citer l’un de mes films d’enfance préféré:
“la guerre la guerre c’est pas une raison pour se faire mal”
La guerre des tuques (1984)
J-P Mot
« Mr. Jodoin », dites-vous ?
Désolé, mais en français, on doit plutôt écrire « M. Jodoin ».
Ceci prouve, par l’absurde, l’aliénation profonde du québécois francophone moyen face à sa propre langue.
J’espère que bientôt vous ferez le même genre de parallèle avec la mystique du Canada, protecteur du fait français et sauveur de notre « prospérité » contre les infernaux suppôts du Mal absolu que sont les « séparatisme ».
Pour bloguer souvent j’ai pu constater que cette « mystique » existe vraiment (je le constate aussi chez un membre de mon entourage). Au point que certains sont convaincus qu’une fois le PQ et QS « éradiqués » comme l’aurait été le Bloc, le « séparatisme » sera mort et tous nos problèmes (corruption, dettes, systèmes publics en décomposition, etc.) seront enfin réglés. (Je ne blague pas, je l’ai lu et entendu à plusieurs reprises).
D’accord avec vous P.Lagassé, j’aimerais bien que Simon nous élabore une mythologie nationaliste canadienne . Je constate aussi cette pensée à laquelle vous faites allusion, chez des québécois francophones, en plus !
Quoique ce mythe nationaliste reflète une certaine pensée québécoise bien réelle, garder une petite crainte n’est pas mauvais. Après tout, nous avons été expulsé du jardin d’Éden bien avant que tout bascule au Canada ! Et la terre est belle et bien ronde comme en a été informé Ottawa par le ministre Fournier.
M. Lagassé, moi, c’est l’inverse que j’entends à plusieurs reprises: Tout est la faute au fédéral, et une fois le Québec un pays, tout sera réglé…
Le discours est blanc ou noir et le camp adverse a totalement et complètement tort.
Bonjour!
Il y a sans aucun doute une mythologie Canadienne qui mériterait d’être explorée! J’y reviendrai peut-être un jour. L’iconographie « royale » qu’on nous sert depuis peu serait peut-être même une bonne piste.
Cependant, si j’observe un peu l’idéologie canadienne actuelle, j’ai le vague sentiment que les prérogatives religieuses ne sont même pas dissimulées.
Au plaisir!
Mon cher Jodoin,
Que de sophismes!
Travailler à un monde meilleur en se reniant soi-même, en aimant inconditionnellement son voisin qui refuse de parler votre langue, qui est celle de la majorité, ça ressemble effectivement à de la «simple bêtise»; mais je vous pardonne.
Ce torchon semble bien venu dans le discours Montréalais de la déculture. Le Voir ne représente en rien la société Québécoise si ce n’est que le nombrilisme de la ville où il est diffusé. C’est cette même ville qui décide de donner l’exemple ou qui espère toujours être prise en référence alors qu’elle n’a malheureusement plus grand chose à offrir… Sa corruption est tellement profonde que même ses journalistes se vendent d’eux même au nom d’une certaine mode ou d’une utopie qui n’est véhiculé que par ceux qu’elle avantage. La ville de Montréal est tellement malade qu’elle décide même d’accommoder les illettrés au lieu de leur apprendre gratuitement à lire. Elle empêche des femmes policières de faire leur travail dans certain quartier au nom d’un respect suicidaire d’une religion…Ou culture étrangère qui ne nous ressemble pas… Elle contourne certaines rues au nom de la même aberration lors des opération de déneigement et ensuite elle pense avoir un quelconque mots à dire sur le nationalisme, le séparatisme ou même le fédéralisme?? Naaa… On parle de quoi la? D’une langue? Je ne crois pas… Jamais je n’accepterai de battre ma femme, de maltraiter mes enfants ou encore d’égorger un agneau afin de paraître pour un homme au yeux de cultures qui sont étrangères dans mon pays… Si les Montréalais croient que c’est »Trendy » et bien qu’il quitte le plateau et regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde. Le multiculturalisme est un échec mondial… Vive la culture multi-colore!
Gilles, vous avez écrit : « Jamais je n’accepterai de battre ma femme, de maltraiter mes enfants ou encore d’égorger un agneau afin de paraître pour un homme au yeux de cultures qui sont étrangères dans mon pays… »
J’en prends bonne note!
Merci pour la précision.
S.
Simon… Je n’ai pas vraiment d’intérêt envers vous et vos propos de remplissage. Vous n’avez pas à prendre de note, vous n’aurez pas à y revenir. J’ai reçu le lien de votre article de part un Canadien chevronné qui l’a qualifié lui même de torchon. Je dois avouer que j’ai été bien d’accord avec lui.
Le racisme est bel et bien présent dans votre texte, relisez-le bien.
Je ne vois pas ou est la honte de vouloir préserver notre culture et notre langue. Je vous ferais remarquer que les Anglophone du Québec aussi veulent préserver le Français, et que cette langue est l’exotisme recherché ici par le tourisme… Sûrement pas la ville elle même. Si vous compreniez l’anglais peut-être bien que vous l’auriez réalisé… Et quand la langue aura disparue de Montréal, et bien vous aussi vous disparaîtrez … Votre travail de »Keyboard Ninja » francophone aura disparu… Ohhhh Vous avez raison! J’imagine que ce n’est pas pour les 10 prochaines années, donc cela vous laisse un peu de temps pour apprendre à écrire en anglais… Non! Mieux! En hébreux! VOUS avez la responsabilité de préserver la culture… Vous avez cette tribune! Vous devriez défendre le fais français, de façon intelligente, j’en convien. Oubliez Marois et sa chasse aux sorcières… Cependant, il faut se rappeler que vos ancêtres ce sont battu pour cette langue et cette égalité… Des icônes comme Maurice Richard vous vous souvenez? Si ces gens n’avait pas été la, ben vous n’en seriez pas la vous non-plus… Rien a voir avec le nationalisme… La plus grande faiblesse du Québec est sa division… C’est pourquoi il n’en restera plus grand chose bientôt. Ne vous demandez pas pourquoi la communauté musulmane et juive s’épanouissent ici… Ils se tiennent eux, et ils se tiennent chez vous… Bientôt, ils nous feront les mêmes guerres qui les ont pousser à quitter leur pays… C’est pour quand le wake-up call??? Bravo Québec! Bravo Canada! Terre d’accueil!
Beau ramassis de clichés! La génération qui n’a pas eu de cours d’histoire sévit maintenant au Voir?
Même s’il est vrai que la haine de l’anglophone est issue de la peur et de l’ignorance, je ne crois pas que cet article fasse lumière sur quoi que ce soit. Il obscurcit au contraire, mythifie encore l’image d’un nationalisme fermé sur lui-même et xénophobe. Vous reproduisez malheureusement ce que vous dénoncez dans votre texte : le stéréotype de l’anglais pour certains canadien-français équivaut un peu au stéréotype du nationaliste que vous présentez. Alors que ce débat a surtout besoin de nuances, vous venez encourager la dichotomie, le nous contre eux, eux contre nous. Ce ne sont pas tout ceux qui veulent défendre leur langue qui, par ce geste de protection, « démonisent » forcément leur voisin. Pas contre l’anglais, pas du tout, mais plutôt pour le français. Comme tous les anglophones du Québec ne sont pas des unilingues fermés à la culture francophone, j’espère que vous pourrez concevoir que tous les nationalistes ne sont pas racistes et chrétiens. Plus étonnant encore… tous les défenseurs du français ne sont même pas nécessairement nationalistes ! Nuances, quand tu nous tiens. Ne pas avoir peur de l’autre, c’est aussi ne pas céder à la tentation de caricaturer une identité, de la limiter à un stéréotype. Nous partageons cette idée, celle de travailler ensemble à un monde meilleur, un monde où ni le québécois anglophone, ni le québécois nationaliste ne seraient dépeints comme de terrifiants « autres ».
Chère Catherine. Vous avez écrit : « ’j’espère que vous pourrez concevoir que tous les nationalistes ne sont pas racistes et chrétiens »
Mais par quel sorte de subterfuge le racisme est-il ici introduit dans cette discussion?
Au plaisir!
S.
Je trouve l’analogie intéressante mais,….je trouve que votre texte manque un peu de recule et d’ouverture. S’il est vrai que plusieurs nationalistes voient toute forme d’anglais comme une menace, il est aussi vrai que la prédominance de l’anglais du point de vue géographique et démographique PEUT mener a la disparition de la seule culture francophone d’Amérique. En fait c’est faux , il existe bien quelques petits groupes de francophones ailleurs en Amérique mais , comme nous il me semble , ils doivent se battrent continuellement pour garder leur distinction vivante. (même si j’avoue que notre combat n’a rien avoir avec celui des acadiens par exemple )
Plaider l’ouverture est très vertueux ( et je le pense vraiment ), mais cela doit aller dans les deux sens. Pour moi la diversité des cultures est une richesse mondiale au même titre que la biodiversité. Dans cet optique, nous avons tous la responsabilité social de protèger les cultures menacées. Et une culture s’exprime et se vit avant tout avec la langue. Voir cela comme une fermeture de l’esprit ou un repli sur sois-même c’est, justement, une facon très restreinte de penser. Je ne crois pas que le Québec soit menacé dans l’immédiat , mais je crois qu’un minimum de vigilance s’impose.
La vrai question est pourrons-nous vivre en francais au Québec dans 50 ou 100 ans sans prendre des mesures particulières pour renverser ou stabiliser la progression de l’anglais. Il me s’agit pas de trouver un coupable ou un ennemie. Pouvons-nous protèger notre culture et notre langue dans un Québec ou tout le monde sera bilingue. Je ressens une certaine paresse intellectuelle généralisée qui me fais penser que ce sera difficile, mais pas impossible. Plusieurs, comme moi, pense que l’indépendance du Québec faciliterai les choses. Nous n’avons aucunement besoin de la haine de l’autre pour s’aimer soi-même.
De toute facon, il faudra bien trouver une solution parce que ne pas parler anglais de nos jours est un handicap encore pire pour l’avancement du Québec.
Un autre aspect intéressant de votre texte est que les québecois ont rejeter une des principale raison pour laquelle il parle toujours francais: l’église.
Sans cette obligation d’avoir des enfants à la douzaine et les postes d’importance leur étant refusé, jamais les québecois francophones n’aurait pu faire la révolution tranquille. Loi du nombre a sont importance, de la même facon: nous somme entourés d’anglophone…….
Pourquoi toute cette hargne contre cette réflexion plutôt éclairante ? Comme si nous pouvions échapper à ces schémas qui nous ont éduqués. Est-ce qu’en prendre compte ne devrait pas nous ouvrir les yeux? Non! Surtout pas! Nous on part de zéro, table rase, point de mythes!
Jouer les iconoclastes anti-nationalistes, par les temps qui courent, à grands coups de poncifs et idées toutes faites issues d’une vision post-moderne et utopiste du monde, parfaitement déconnectée du réel et du rapport de force qui en découle, est un jeu, ma foi, plutôt dangereux.
Où voulez-vous exactement en venir, M. Jodoin ?
Avec un pareil avatar, vous auriez dû opter pour Jean Buste, comme pseudo, non?
Ben oui. Je suis pogné avec ce Gravatar pour cause de mot de passe perdu.
Ce qui, on en conviendra tous, enlève toute crédibilité à mes propos.
C’est vous qui le dites. Et ne comptez pas sur moi pour vous contredire sur ce volet de votre argumentation.
Je peux être parfois très entêté mais dans votre cas je peux très bien faire une exception… ;)
C’est classique. C’est la faute du peuple. Nous régressons, c’est clair, c’est Mathieu-Bock Côté qui le dit. Pas d’ostination possible. C’est une déclaration, et une déclaration, qu’est-ce qu’on peut faire contre ça? On sait ce que ça donne en amour. Alors pourquoi ce serait pas pareil pour le mépris.
Les nationaleux oublient une chose. Un détail, mettons, pour ne pas les offusquer. La France qui fait dans l’English exponentiel par les temps qui courent, la France est un pays INDÉPENDANT, alors que le Québec est une PROVINCE. Les Français savent qu’ils sont indépendants , les Québécois s’imaginent qu’ils le sont. On peut bien le leur reprocher. Mais alors, pourquoi s’imaginent-ils alors que les Français, eux, savent ? Il faudrait le demander à madame Marois, qui nous trompe à l’os avec sa « gouvernance » souverainiste. On nous prend pour des cons, là haut dans les officines du PQ. Et madame Marois, comme ses acolytes, fait de la politique mensongère à la manière des hommes. Et j’ai bien l’impression que c’est pour ça que le peuple n’en veut pas, pas parce que c’est une femme.
Si les indépendantistes veulent d’un pays à la mesure de leur rêve, qu’ils commencent donc par lui parler honnêtement au peuple. Qu’ils lui disent la vérité comme je le fais, moi, indépendantiste dur depuis 50 ans quand je fréquente mes amis Québécois et Canadiens, ou même Américains. Si tu votes pour moi, OUI, YES, tu votes pour l’indépendance, point final, that’s it, that’s all!!
Et de grâce, cessons d’accuser le peuple, il joue dehors dans l’impossible hiver québécois…
***«Tell me about man’s first sin, when he tasted the forbidden fruit and caused all our troubles, until Jesus came and saved us.»***
Ce texte, écrit en anglais par un grand auteur britannique, John Milton (1608-1674), est tiré de son livre LE PARADIS PERDU (PARADISE LOST). Après, Milton a écrit LE PARADIS RETROUVÉ.
En fait, je pense que les mythologies chrétiennes ont imprégné en profondeur notre univers intellectuel, littéraire et philosophique.
Il existe une mythologie québécoise. Simon Jodoin a tout à fait raison.
Trudeau et ses sbires ont mis au point une mythologie canadienne qui ne diffère pas profondément de la mythologie québécoise. On y reviendra éventuellement.
Le marxisme-léninisme de nombreux Québécois des années 70 et 80 était fondé sur une mythologie rédemptrice. Dans l’idéologie «communiste» d’inspiration marxienne, il y a eu, au début de l’humanité des sociétés paradisiaques, des sociétés sans classes sociales. Puis, le péché a fait irruption dans l’univers sous la forme d’horribles sociétés basées sur les classes sociales.
Si je raccourcis le tout, il y a eu, en Occident, le féodalisme auquel a succédé le capitalisme. Marx, plein de bonne volonté et très brillant, pensait que nous allions retourner vers des sociétés communistes, sans classes sociales. Son raisonnement était logique et fascinant. Il pensait que cette formidable machine à produire qu’est le capitalisme allait ouvrir la porte à des révolutions prolétariennes. En effet, un fabuleux développement économique peut conduire à une juste et équitable répartition «communiste» des biens, produits et services. Le péché, incarné par les classes sociales, sera anéanti et éradiqué.
Pour briser le capitalisme (que Marx et Engels admiraient à de nombreux égards), il fallait une avant-garde révolutionnaire qui éveillerait chez les prolétaires le désir, déjà existant de manière latente, d’un autre monde. Et en bout de ligne l’humanité retournerait au PARADIS PERDU des sociétés sans classes.
Évidemment je schématise et simplifie un tantinet. Mais les mythologies occidentales, se ressemblent très souvent et on retrouve souvent le thème du paradis perdu, de l’eden perdu. Et il y a aussi la présence fréquente du vieux thème de la rédemption.
Regardez bien les films à configuration très hollywoodienne (il n’y a aucun mépris dans cette appellation) et vous constaterez qu’il y a souvent quatre moments:
1) Tout va bien. Les personnages sont heureux. Les familles sont remplies d’amour et de bonheur. Il y a un état d’équilibre et d’harmonie.
2) On voit arriver un mécréant (ou plusieurs mécréants) qui vient briser l’équilibre initial, l’harmonie du bonheur.
3) Un héros (parfois il y en a plusieurs) va intervenir. Il va y avoir plein d’action, de péripéties, de batailles et de tout ce qu’on voudra.
4) À la fin le héros a réussi à rétablir l’équilibre et l’harmonie. C’est le retour du bonheur, du paradis provisoirement perdu, du paradis enfin retrouvé.
Évidemment tous les films ne correspondent pas à ce schéma mais ce schéma est quand même le schéma prédominant.
Je reparlerai probablement, dans un autre texte, de la mythologie « canadian », liée en partie aux «rêves» d’un certain Pierre Trudeau.
JSB, sociologue des médias
UN OUBLI DE MA PART: les marxistes-léninistes-maoÏstes du Québec et d’ailleurs pensaient que deux pays étaient dans l’antichambre du PARADIS RETROUVÉ.
Ces deux pays étaient la Chine de Mao et l’Albanie dirigé par un «bon» communiste, illustre inconnu, appelé Enver Hoxha. La rédemption, pensaient les communistes, ne saurait tarder. L’humanité, grâce aux Chinois, aux Albanais et aux communistes marxistes-léninistes de tous les pays, serait bientôt libérée du mal, incarné par le capitalisme exploiteur et par les classes sociales.
Mais je termine en soulignant, sans entrer dans les détails, qu’à un moment donné les Chinois et les Albanais se sont querellés. Alors, les marxistes-léninistes (les m-l, comme on les appelait) se sont divisés, certains choisissant la Chine comme modèle du paradis bientôt retrouvé, d’autres accordant à l’Albanie le privilège d’être l’avant-garde éclairée et mirobolante de la marche vers la société sans classes.
Je souligne, en passant, que la société albanaise était sous le joug d’une dictature féroce et «dirigiste» qui ne tolérait aucune liberté d’expression. Mais enfin! De nombreux humains croient en la rédemption et en l’instauration du PARADIS RETROUVÉ.
Je me tais après avoir écrit des textes trop longs. Mais je vais néanmoins revenir dans peu de temps.
JSB
JSB
Cher JSB, je vous retrouve bien là, comme je vous avais connu jadis lorsque ce site était configuré « autrement » – comme quoi, il n’y a pas que la politique qui succombe au fameux « autrement » si à la mode en ce moment.
Pour ma part, la question mythologique, lorsqu’on l’applique à l’Amérique doit dépasser la thèse désuète et inefficace des deux peuples fondateurs.
Si, pour avoir le plaisir d’avoir l’air intelligent et cultivé en public, on se contente de faire des références à des modèles de comportements strictement importés d’Europe pour expliquer ce qui se passe dans le « Nouveau Monde », on fait fausse route dans sa tentative de néo-évangélisation des masses.
Bref, je suis bien d’accord pour reconnaître une évidence (quand on a étudié l’émergence des mouvements ML au Québec ou au Canada le moindrement) pour identifier une filiation directe entre la religion pratiquée par les curés de paroisses et le maoïsme importé de Chine pour noyauté des places publiques avec un discours eschatologiques décrivant avec force détails les plans d’une fin du monde imminente annexée d’une offre de rédemption marxiste-léniniste (quand elle n’était pas carrément trotzkyste) au public effrayé par le Grand Capital qui mange des enfants dans le Tiers-Monde.
Comme si les usines indiennes et chinoises ne reproduisaient pas la même ostie de misère que l’on voit dans les Tisserands du Pouvoir, lorsque le mouvement migratoire de la première grande diaspora canadienne-française s’est manifestée à la fin du XIXe siècle.
Enfin, tout ça pour dire que les robes noires, les barbus en tous genres (communistes ou catholiques) peuvent déposer le crucifix dans ce lieu étroit par lequel les rayons du soleil ne pénètrent pas quand vient le temps de parler mythologie – nationaliste ou pas.
Je lui préfère infiniment plus le paganisme amérindien ou le polythéisme de la Grèce Antique pour expliquer ce qui se passe en ce moment en Amérique, dans le Nouveau Monde.
D’ailleurs, on dit souvent aux immigrants de ne pas importer leurs problèmes moyen-orientaux sur le Nouveau Continent lorsqu’ils déménagent.
Et pourtant, quand il s’agit de les intégrer à notre merveilleux dialogue collectif, on les enferme dans les limites d’une mythologie européenne inadéquate à traduire le néo-nomadisme en cours et le néo-colonialisme toujours effectif de l’Empire Américain en déclin d’aujourd’hui… Face au dragon chinois, s’entend.
Trudeau s’entendait bien avec Mao et Castro, lui aussi. Pas étonnant que le PLC a accouché d’un joyeux Livre Rouge pour faire élire et réélire un bon Chrétien qui n’a, comme tous ces prédécesseurs, jamais reconnu l’importance des Premières Nations sur le territoire américain au grand complet.
En un mot comme en cent, ce n’est pas celui qui invente la poudre qui sait se battre ou débattre le mieux sur la place publique. C’est celui qui sait fumer le calumet de la paix au bon moment.
Le général Benjamin Franklin avait bien compris cette leçon lorsqu’est venu le moment de fonder sa propre union nationale, les États-UNIS d’Amérique.
au plaisir!
Vive nos chaînes! Le Canada a toujours voulu notre bien… et il l’a. Nous n’avons jamais été victimes de racisme, d’ostracisme, la conquête nous a apporté la démocratie, l’anglais, la democracy et le thé vert, les Québécois sont des adeptes d’Hitler et de Pétain, et quoi encore?
Je ne sais pas pourquoi ce journal se nomme Voir, ça devrait plutôt s’appeler « aveugles »… quelles niaiseries!
Moi, j’y vois une dichotomie très manichéenne, c’est ainsi : si vous n’êtes pas pour l’indépendance du peuple québécois, alors vous êtes pour sa dépendance. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Car pendant que nous perdons nos repères, notre langue, nos ressources, notre État, nos droits collectifs, l’ennemi canadian avance, bombarde, massacre, à droite toute!!
Maudite belle collection de pleutres, d’ignorants, d’aveugles et de démagogues ici. Moi je suis Québécois et par définition, je ne peux pas être canadian. Je ne suis pas canadian, ne le serai jamais.
Tous les peuples se définissent par ce qu’ils sont, d’abord par rapport à leur langue, ensuite par leur culture et leur territoire. C’est vous, les « Moi, je suis biculturel, bilingue, bicéphale, citoyen-du-monde-entier-sauf-du-Québec-trop-petit,un canadien d’expression francophone… » qui n’êtes pas normaux.
Vivement, notre pays pour qu’on n’aie plus honte d’être nous-même!
Et arrêtez de nous traiter de racistes, de xénophobes, d’arriérés.
« Cessons d’autodafer tout ce qui nous fait honte à leurs yeux de pontifes ».
Et maintenant je voudrais parler de la mythologie «canadian», de la mythologie d’un magnifique et merveilleux peuple canadien (ou d’une merveilleuse «nation» canadienne FROM COAST TO COAST).
Nombreux ont été ceux qui ont célébré ce pays absolument idyllique et mirobolant appelé LE CANADA. Trudeau a probablement été l’un de ceux qui ont le plus développé et peaufiné LE MYTHE.
Le mythe trudeauiste, c’est celui d’un pays de rêve, d’un pays MULTICULTUREL. Quand Trudeau parlait du multiculturalisme, il ne pensait pas seulement aux Français, aux Anglais et aux Autochtones. Il pensait, comme dans le Royaume-Uni, aux droits presque totalitaires de ceux et celles qui venaient s’établir au Canada pour y vivre. Le multiculturalisme trudeauiste avait comme effet, désiré ou non (?!) de faire en sorte que les immigrés venus de la Chine, de la Pologne, du Japon, de l’Iran ou de tout autre pays se devaient d’avoir les mêmes droits et prérogatives que ceux accordés aux Québécois francophones ou aux Canadiens francophones.
Trudeau, ce vieux chafouin, appliquait le vieux principe de la noyade planifiée, la noyade éventuelle de la langue française.
Le multiculturalisme trudeauiste, assaisonné à la sauce britannique, pouvait déranger de nombreux ENGLISH CANADIANS mais il ne tenait aucun compte de l’existence d’une nation québécoise, fondamentalement de langue française.
Alors, LE MYTHE TRUDEAUISTE ET «CANADIAN» était le suivant: il y a, sur cette planète, un pays extraordinaire (le «plus meilleur» pays au monde selon son domestique, Jean Chrétien).
Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où certains FRENCH CANADIANS se sont mis à entrevoir et à envisager sérieusement la possibilité d’un Québec indépendant et souverain, prêt à tendre la main au Canada.
À partir de ce moment «fatidique», Trudeau a «capoté» (l’expression me plaît) et il a décidé que le combat de sa vie serait celui de sauver le Canada et de mettre à leur place les maudits «séparatisses». Avant cela ce grand enfant gâté avait «participé» à certaines luttes syndicales en compagnie de son «ami» d’alors, Michel Chartrand.
En octobre 1970, PET et ses petits amis (Bourassa et Drapeau) ont décidé de profiter du «mouvement terroriste» et de mater définitivement ce «maudit» mouvement de séparatistes. Trudeau a fait voter la loi des mesures de guerre et il a suspendu les libertés civiles. RIEN DE MOINS!
À ce moment-là le poète Gérald Godin a été emprisonné, lui qui, six ans plus tard, en novembre 1976, battait Robert Bourassa dans son comté et devenait ministre dans le gouvernement péquiste (et «séparatisse»).
Alors, voici la mythologie canadienne et trudeauiste:
1) Il existait un merveilleux pays multilingue et multiculturel appelé le Canada.
2) De maudits (Gaulois?) séparatistes ont proposé de se battre pour un Québec indépendant et souverain, brisant ainsi le pays des rêves.
3) Les forces fédéralistes et «fédérantes» sont intervenues avec de la répression et de la propagande pour casser ce mouvement qui était aussi assez lié à des mouvements syndicaux et de gauche.
4) L’équilibre a été plus ou moins rétabli mais les trudeauistes et les fédéralistes se réjouissent de l’actuelle crise au sein du mouvement souverainiste et ils espèrent le retour à l’harmonie «des origines».
C’est là, à mon humble avis, LA MYTHOLOGIE «CANADIAN» qui ne cesse de se heurter, parfois durement, à LA MYTHOLOGIE NATIONALISTE ET SOUVERAINISTE.
Tout cela pour dire que notre société, comme toutes les sociétés humaines, ont leurs mythes et mythologies.
En ce qui concerne l’avenir, je ne suis pas devin et je m’en réjouis.
JSB
Un petit détail que j’ai omis d’inclure dans mon commentaire.
Trudeau et les «trudeauistes», profondément fédéralistes, ont toujours critiqué le nationalisme québécois en insinuant que ce nationalisme est «fasciste», borné et régressif. De toute façon ces trudeauistes considèrent tout nationalisme comme étant basé sur l’étroitesse d’esprit, sur la haine de «l’autre», sur le rejet des «autres» et sur une sorte de «tribalisme» dégoûtant.
L’ironie dans toute cette clownesque et grotesque vision de la réalité canadienne et québécoise, c’est que Trudeau et sa valetaille défendaient, avec une ardeur inquiétante, un nationalisme « canadian », un patriotisme absolutiste.
Si je me permets de prendre un exemple personnel, j’ai «connu» Trudeau, professeur à l’Université de Montréal entre 1963 et 1965. C’est en 1965 que Trudeau s’est lancé en politique fédérale «anti-séparatisse» et c’est en 1968 qu’il est devenu Premier ministre du Canada.
Avant de se lancer en politique Trudeau enseignait, il donnait de grands cours magistraux dans un énorme amphitéhâtre de l’Université de Montréal. Il acceptait sans réchigner les «auditeurs libres», ce qui fait que j’ai suivi plusieurs de ses cours. C’était très talentueux et très magistral. Mais déjà on voyait poindre la haine du «séparatisme» et la valorisation presque mystique du Canada.
Tout cela pour dire que Trudeau était un nationaliste féroce (son nationalisme était «canadian») tout en refusant furieusement de le reconnaître.
Lorsqu’il a rapatrié la Constitution au début des années 80, il aurait pu couper tout lien avec l’empire britannique mais il ne l’a pas fait, ce qui, aujourd’hui, offre l’occasion à Harper d’utiliser la royauté dont il veut faire un facteur de rassemblement et d’unité du peuple canadien (et québécois).
Je m’empresse de me taire.
JSB
@Steve Boudrias,
Je suis ravi de recommencer à vous lire même si vous et moi, il nous arrive assez souvent d’être plus ou moins en désaccord. Mais l’essentiel, c’est le débat, la libre expression et la capacité de développer un argumentaire convaincant, ce que vous savez faire.
@Pascal Audry
Vous auriez intérêt à être moins insultant et moins grossier vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme vous ou semblent ne pas penser comme vous. Vous faites du nationalisme une religion et le débat devient difficile, sinon impossible.
JSB
:-) Joyeuses fêtes!
Cher monsieur, je n’ai manqué de respect personnellement envers quiconque; j’ai lu les commentaires des internautes ici et j’ai répondu de façon aussi grossière que certains. La niaiserie de certains m’a interpellé, moi je trouve ça très insultant de voir à quel point les barreaux sont ancrés très profondément dans quelques cerveaux.
Le sujet de cet article n’était-il pas la mythologie? Et bien moi, j’y associe religion et dogme, et je suis borné, dogmatique sur ce point : les Québécois vivent dans une grosse réserve nommée « Province of Quebec », leur poids démographique s’effrite, et l’État canadian n’est démocratique que de façade. C’est un mince vernis qu’il est facile de gratter pour découvrir la véritable entité « coast to coast ». Seulement, et je pèse mes mots, la vérité est que le nationalisme québécois est constamment en réaction face à la machine bien huilée du nationalisme canadian.
Le débat est certes possible; j’ai des convictions bien solides, voilà tout.
Respectueusement.
Merci de votre réponse, franche et sincère, Pascal Audry!
JSB
@Steve Boudrias,
Je vous souhaite à vous aussi de joyeuses fêtes. Je pense que nous pourrons continuer à discuter et à débattre de manière respectueuse et civilisée. Vos points de vue et angles de vision sont souvent intéressants et stimulants pour la discussion.
JSB
Il y a dans le texte de Simon Jodoin une phrase qui m’inquiète et me heurte. C’est celle-ci:
***«La chasse aux anglophones à laquelle nous prenons part depuis quelques semaines me semble nous fournir une autre occasion de réfléchir sur cette question…»***
J’aimerais que Simon, s’il en a le temps, explicite sa pensée. Dans le quartier où je vis depuis trois ans et demi, il y a plutôt une chasse tamisée, sournoise et hypocrite, laquelle chasse est dirigée contre les FRENCH CANADIANS.
Je vais y revenir lorsque je disposerai de plus de temps.
JSB
On peut voir du religieux partout si c’est comme ça qu’on veut lire les choses. Freud voyait du sexe et de la mort partout, et affirmait que tout vient du sexe et de la mort, au lieu de mettons, dire que le sexe et la mort ont simplement des racines communes avec toutes les autres préoccupations humaines.
Alors on prend une chute, une domination, un idéal, une émancipation, un code de conduite, etc., comme étant des items religieux parce que ça adonne qu’il y a des parties de la bible qui en parlent. Jusqu’à preuve du contraire, ça veut juste dire qu’il y a des préoccupations assez universelles pour se retrouver à la fois dans les discours nationalistes d’aujourd’hui et dans la Bible. Ça veut pas dire que c’est un lien remarquable.
Quant à l’Éden de la Nouvelle-France, c’est pas une conception représentative des nationalistes d’aujourd’hui. C’est une sorte d’homme de paille. C’est plus facile pour Jodoin de taper sur des nationalistes rares ou inexistants que sur ceux qui existent et sont actifs. C’est aussi plus facile de prétendre que les nationalistes cherchent un paradis perdu plutôt que de comprendre leurs motivations.
Mathieu Bouchard, permettez-moi de vous dire, très respectueusement et sans prétention, que réfléchir aux mythes et aux mythologies, ce n’est pas forcément se situer dans le domaine religieux même s’il peut y avoir, dans de nombreux cas, des aspects religieux qui entrent en ligne de compte.
Pour vous donner un exemple, on a publié en 1957, un livre-choc dont on ne cesse de parler. Ce livre, intitulé MYTHOLOGIES, était écrit par un grand penseur français, Roland Barthes. Barthes tentait de cerner les aspects mythiques et mythologiques allant de pair avec des réalités comme le «catch» (la lutte), le strip-tease, les Martiens, le vin et le lait, le cerveau d’Einstein, les jouets, la publicité, et j’en oublie. Et ces analyses ne parlaient absolument pas de la Bible ou de la religion.
Lorsque l’on étudie les mythologies grecques, romaines ou égyptiennes, cela n’a rien à voir avec la Bible.
Alors, il est intéressant d’étudier, quitte à se tromper, la mythologie nationaliste, la mythologie fédéraliste, la mythologie «hollywoodienne», etc.
J’ai cru constater, dans ma pratique de la sociologie depuis plus de 40 ans, que, dans les mythes et mythologies, il y a souvent un récit (ou une histoire) en quatre temps:
1) L’Eden, l’équilibre et l’harmonie. Le mot EDEN est proposé ici dans un sens largement métaphorique.
2) La sortie de l’Eden.
3) Divers gestes sont posés.
4) Enfin le PARADIS RETROUVÉ, le mot «paradis» étant proposé dans un sens plus métaphorique que directement religieux.
Moi, j’aime bien, avec quelques nuances et bémols, l’analyse proposée par Simon Jodoin.
Quoi qu’il en soit, vous avez le droit de penser autrement, ce qui, souvent, fait du bien et force les «théoriciens» à modifier ou à mieux expliciter leur pensée.
JSB
*****LA MYTHOLOGIE HARPERIENNE*****
Comme je me suis permis plusieurs interventions, je vais m’autoriser une autre intervention traitant du «harperisme».
Aux yeux de Harper et de sa clique, le Canada, magnifique pays, est un coin de terre «pourri» et décadent depuis au moins les années 60.
Le problème, c’est que le Canada a été, sauf rares exceptions, gouverné par les libéraux, parfois complices des néodémocrates et des bloquistes. Or ce sont tous là des «socialistes» qui briment la liberté économique et le droit pour les entreprises de faire le plus de profit possible. Ce sont aussi des mécréants et des incroyants qui tolèrent l’homosexualité et l’avortement, qui s’opposent aux armes à feu et à la nécessaire répression, très sévère, des criminels et des délinquants de tout acabit.
La mission de Harper et de ses sbires, c’est de prendre le pouvoir majoritaire pour sauver ce pays à la dérive, ce pays sans foi ni loi, pour remettre en place la vraie morale.
Alors, les «conservateurs» sont les sauveteurs qui vont sortir le pays de l’empire du mal et de l’immoralité.
Une fois majoritaires en termes de siège (mais pas en termes de votes) les «harper-riens» vont attaquer fougueusement les criminels omniprésents. Ils vont accentuer la répression et construire plus de prisons. Ils vont abolir le registre des armes à feu; ils vont même tout détruire et tout «brûler» (comme dans le roman FAHRENHEIT 451 de Ray Bradbury).
Comme Trudeau, le vilain socialiste, a omis de rompre les relations avec la royauté britannique, la reine va devenir (ou redevenir?) un symbole unificateur de la nouvelle nation purgée et purifiée.
Ils vont aussi limiter la liberté d’expression. La vérité se trouve dans les textes sacrés. Ils vont limiter l’autorité du parlement, le vrai pouvoir résidant dans les mains du gouvernement majoritaire.
Ils vont éviter de trop parler aux journalistes pourris qui travaillent pou des médias à la moralité douteuse.
Les arts et la culture devront devenir être plus conformistes. La marginalité et la dissidence seront dévalorisées et ne recevront aucune aide de l’État.
On accordera peu d’importance à la science et aux marchands de malheur qui voient de gros problèmes écologiques et qui prétendent que nous nous dirigeons vers un réchauffement planétaire. De toute façon le mouvement écologiste est socialiste, donc à côté de la vérité.
Il serait possible de continuer longuement.
L’essentiel, c’est de voir qu’il y a encore une fois une perspective mythologique. Il y a un beau et magnifique pays qui a été contaminé par de vilains socialistes et athées. Un parti héroïque et messianique va rétablir cet Éden, ce paradis que doit être ce merveilleux pays appelé le Canada.
On peut trouver ridicules de telles manières de voir la réalité sous un angle mythologique. En ce qui me concerne, ce n’est pas le seul regard possible mais c’est un regard éclairant.
JSB
Merveilleux,ils continuent et bien merci,ca reveille le Quebecois en nous ,mais quoi de plus normal que d avoir sa langue et sa culture pour pouvoir mieux apprecie celles des autres,je ne comprends pas ces bien pensants de VOIR qui parle de mythe,qu y a t il de mal d avoir sa propre identite et d y tenir,pourquoi les Canadians,les Espagnols,les portuguais ne tiennent pas a leur indentite,leur langue,leur culture.Mais je dois vous avouez que je vois dans ce texte du chroniqueur pur provocation ,soit pour se donne de l importance ou il est tout simplement euh……..tout simplement…… euh…..euh….tout simplement pas au courant qu il en a une IDENTITE…………..UNE LANGUE ET UNE CULTURE QUI EST A PROTEGE………………….merci encore et svp au magasyne VOIR continuer ca me fait pense aux YVETTES ……….BONNE SEMAINE………….
Je suppose que ce qui n’est pas judéo-chrétien est rocanadian…donc que la souveraineté du Rocanada n’est pas d’inspiration judéo-chrétienne.
Alors, dites-moi comment la souveraineté du Québec, elle, ne peut être que judéo-chrétienne ? Alléluia ! Un autre libérateur de peuples, voulant libérer les rocanadians et tous les autres peuples souverains de la terre du peuple québécois, nous est né. Amen.
Si je comprends bien les petits chroniqueurs se donnent la main ces termps-ci pour faire des splash dans le petit trou d’eau. Histoire de voir (tien donc!) si ça va faire des bulles ou un gros scandale quie les mettent sur la mappe.
Tantôt c’est l’autre qui dis des n’importe quoi sur le Nationalisme et qui réussit à faire sourciller Lisée. Là un autre qui redit n’importe quoi sur le Nationalisme pour faire sourciller… Hum, quelqu’un va-t-il enfin parler de mon scandale?
Dans le fond mon ti jeune, tu devrais revoir la filmographie de Bernard Blier. au sein de laquelle on trouve un joli petit film tout à fait désoplant intitulé «C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule». Sur que tu aimerais ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/C'est_pas_parce_qu'on_a_rien_%C3%A0_dire_qu'il_faut_fermer_sa_gueule
Ah, cher Simon… Que j’en ai marre de me voir sans cesse traité de paranoïaque et d’intolérant parce que je me soucie du destin de ma nation. Et puisque c’est par toi ici, je prends la peine de te répondre. Remarque, je lis ton texte, et je te retrouve bien là. En fait, toi et pas mal toute notre génération.
Par où commencer ? Par la fin, tiens; par ton petit « aimez-vous les uns les autres » (tant qu’à faire dans les parallèles religieux…). C’est chouette, moderne, allumé et rassembleur. Pas de problème là, on est tous d’accord. Oui, même un souverainiste comme moi (contrairement à l’idée que tu sembles te faire de tes nationalistes de paille). C’est tout le reste de ton texte qui pose problème. Et je dirais même tout ce qui vient avant.
Avant, comme il y a une décennie, lors de ton passage au département d’anthropologie. Je me souviens de discussions où, l’œil allumé, enthousiaste, tu m’expliquais à quel point c’était facile de chier des textes universitaires, voire même tout un mémoire de maîtrise. En à peu près autant de mots, tu m’expliquais qu’il suffit de prendre deux ou trois idées hétéroclites, d’imaginer un lien, et ensuite de déblatérer pendant 100 pages. Et hop, c’est dans la poche ! Je vois que tu n’as pas vraiment changé sur ce point-là.
Moi, à l’époque où tu me contais ça, je commençais plutôt à en avoir soupé de cette forme de gargarisme intellectuel. Soupé d’aller de cours en cours, espérant apprendre quelque chose sur les sociétés et sur l’analyse sociale, pour le plus souvent ressortir la tête pleine de charabia qui ne servait qu’à démontrer l’agilité mentale des profs et de leurs auteurs favoris. Car vois-tu, tu es tombé à la bonne époque pour appliquer ta façon de voir les choses : quand la vague de déconstructionnisme postmoderniste venait tout juste de faire ses ravages. Depuis ce temps, il est de bon ton de démolir tout, pour en venir à chaque fois à la même conclusion : « c’est de la foutaise ». Pour arriver à cette conclusion obligatoire, il faut souvent caricaturer à l’extrême les discours et les objets sur lesquels ils portent. Et ce faisant, on en vient le plus souvent à croire que les objets eux-mêmes n’ont aucune substance. C’est une question de grille d’analyse.
Cette mode a été particulièrement violente en ce qui a trait aux objets sociaux : probablement parce qu’elle répond à un certain malaise occidental associé aux prétendus dangers liés à tout ce qui peut se présenter comme l’ombre d’une pensée de groupe (ou, dieu nous en garde, de nationalisme !). Ainsi, on en est venu à ne plus voir de réelle substance dans les sociétés, les nations, les cultures. Surtout les nôtres en fait. Et on fait alors le court-circuit directement entre l’humanité et les individus : plus rien entre les deux.
Car c’est là que ton texte est le plus faible, et à la fois le plus en accord avec l’éthos actuel : quand tu reprends le refrain de « la chasse aux anglos ». Merde, n’es-tu pas capable de faire la différence entre des questions sociales et individuelles ? Ne vois-tu pas que le fait de se soucier de la pérennité du français et de la nation québécoise n’a rien à voir avec une haine personnelle des anglos et des allos ? Ne vois-tu pas qu’un peuple peut légitimement discuter, et ensuite décider, du futur de son organisation sociale ? Es-tu devenu si libertarien que tu conçois toute contrainte sociale comme en soi diabolique ?…
À ce titre, ce n’est pas anodin que tu fasses d’emblée un lien avec ceux qui expriment une crainte face au retour du religieux dans cette société. Il est impossible pour beaucoup, à cette époque, de concevoir qu’il existe des organisations sociales beaucoup plus contraignantes que celle qu’ils perçoivent, caricaturalement, chez la nôtre. Par exemple, des organisations où l’identité religieuse colore tout, et permet un contrôle social absolument étouffant. Mais ceci nous est devenu invisible, et ne se présente que sous le jour des volontés individuelles : « Pauvre petite Fatima qui porte le voile par choix et qui ne comprend pas toute cette islamophobie ! ». Alors, quand le groupe majoritaire tente de faire valoir que le pacte démocratique ne saurait survivre à ce retour du religieux dans les relations interpersonnelles, cela apparait comme une forme de tyrannie de la majorité. Encore une fois, c’est une question de grille d’analyse.
Mais pour en revenir à cette prétendue chasse aux anglos… J’ai envie de t’inviter à relire Ernest Renan. À considérer que la nation québécoise fait face aux défis de toutes les nations : soit ceux d’assurer un pacte démocratique pour le bien de tous ses membres, et d’assurer la pérennité de ce pacte. Et que pour y parvenir, il faut créer de la convergence, des lieux communs. Or ça, ça passe obligatoirement, à la base, par la possibilité de communiquer entre voisins : d’échanger des banalités, des idées, des sentiments, et de créer ensemble de la culture à partir de tout ça. De considérer peut-être surtout que le laisser-aller individualiste tous azimut n’est en rien la garantie de l’épanouissement personnel : mais plutôt l’assurance d’une communautarisation et d’une ethnicisation de la société en segments étanches. En somme, demander aux anglos d’accepter le fait français, ce n’est pas leur demander de se mouler à un idéal type et d’oublier qui ils sont : c’est leur demander de participer, de se joindre à la gang, plutôt que de se ségréguer et d’ensuite voir s’accumuler les frustrations de tous côtés. Même feu Falardeau, le méchant nationalisse, disait : « Je me crisse de savoir d’où tu viens, si t’es noir, jaune ou carotté : si t’es ici pour faire le pays avec moi, t’es mon frère ! ».
Et pour revenir sur ta fiction historico-religieuse… Oui, en tant que nation, on peut avoir nos récits fondateurs. On peut même en être fier. Je le suis, quand je pense à la Paix des Braves, à la nation Métis, aux explorateurs français qui ont sillonné ce vaste continent à coups de pagaies, à mes ancêtres qui ont résisté aux armées anglaises pendant quelques 150 ans, alors que 2 fois moins nombreux, avec le concours de leurs alliés amérindiens… Oui, je suis un peu triste aussi quand je pense que tout ça s’est terminé par une conquête, l’avilissement et l’exploitation des Canadiens-français. Mais non, je n’en tiens pas rancune aux anglos d’ajourd’hui. Je souhaite seulement que notre histoire perdure, sur le petit bout de terrain qu’on a réussi à conserver. Car, comme les amérindiens le croient d’un territoire, je crois qu’on hérite d’une culture et d’une nation, que l’on doit transmettre. Et j’espère que mon fils pourra hériter à son tour de cette histoire et de cette culture, et qu’il n’aura pas à croire qu’il doive obligatoirement apprendre une langue seconde pour vivre et travailler ici; comme c’était le cas il n’y a pas si longtemps.
Ce sentiment ne m’a pas empêché, comme tu sais, d’aller vivre plusieurs années à l’autre bout du pays; puis ensuite à l’autre bout du monde. Ni d’apprendre trois autres langues que le français, et maintenant une quatrième. Ni de choisir l’ethnologie comme domaine d’étude. Et ça ne m’empêche pas d’avoir de bons amis anglos : même des unilingues. Non, car si je crains l’anglicisation ce n’est pas, comme tu prétends, que je crains les anglais. (Au même titre que je crains les religions, mais pas leurs pratiquants.)
Alors Simon, je te demande à toi si tes craintes sont fondées, ou si elles sont peut-être le fruit de ta propre imagination ?
Ah Yann! Très content de te trouver ici!
Permets-moi d’être bref, me disant que ton intervention mériterait sans doute une conversation d’homme à homme! :-)
Deux points. Tu me demandes : « Ne vois-tu pas que le fait de se soucier de la pérennité du français et de la nation québécoise n’a rien à voir avec une haine personnelle des anglos et des allos ? Ne vois-tu pas qu’un peuple peut légitimement discuter, et ensuite décider, du futur de son organisation sociale ? Es-tu devenu si libertarien que tu conçois toute contrainte sociale comme en soi diabolique ?… »
Libertarien moi? Libéral, sans doute, mais pas libertarien!
Je conçois tout à fait qu’un peuple peut et doit légitimement discuter et décider de son organisation sociale.
Mais à mon humble avis nous n’en sommes justement pas là. En tout cas, pas encore… Ce que je constate c’est que nous ne parvenons justement pas à discuter avec une bonne partie de notre peuple. Pas par haine personnelle -j’ose espérer, je ne vois pas trop d’où le « personnel » peut bien sortir- mais bien à cause de certaines représentations qui nous apparaissent encore comme naturelles, ou « allant de soi » d’où une certaine mythologie que je pointe ici.
Évidemment, tout dépend de ce que l’on entend par peuple (ou par nation, tiens!).
D’autre part, tu écris : « Depuis ce temps, il est de bon ton de démolir tout, pour en venir à chaque fois à la même conclusion : « c’est de la foutaise ». Pour arriver à cette conclusion obligatoire, il faut souvent caricaturer à l’extrême les discours et les objets sur lesquels ils portent. Et ce faisant, on en vient le plus souvent à croire que les objets eux-mêmes n’ont aucune substance. »
Contrairement à toi, je ne crois pas que cette conclusion soit « obligatoire », mais c’est une possibilité. Je crois cependant que ce qu’on nous sert dans le discours ambiant sur la nation québécoise est une caricature. Quelque chose ne colle justement pas. En-deçà des envolées radiophoniques et médiatiques, des sondages qu’on lit comme d’autres lisent les tarots, des craintes qu’on attise pour nous convaincre de telle ou telle option politique, il y a justement des gens en chair en en os, du réel : une société (et sans doute, surtout, une réalité toute municipale), un tissus social qu’il faudra tôt ou tard raccommoder.
Tu me demandes aussi si mes craintes sont fondées où si elle sortent de mon imagination. Je suis assez convaincu depuis belle lurette que le réel et l’imaginaire sont corollaires… Cela dit, un simple regard à l’expérience me suffit pour constater que sur ces questions notre société ne parvient pas à se recoudre et que de recommencer les mêmes méthodes avec les mêmes outils -en réactualisant toujours les mêmes mythes- ne risque pas, je le crains de donner de meilleurs résultats.
Pour finir, tu cites dans ton texte Falardeau : « si t’es ici pour faire le pays avec moi, t’es mon frère »… Je veux bien… Mais si le pays ne se fait pas, on fait quoi en attendant?… Et si je suis ici mais pas trop tenté par ce projet de pays, je suis quoi? Pas ton frère en tout cas… Alors quoi? Voilà un mystère opaque!
…Et si faire « le pays » consiste à dire aux anglos-Québécois qu’ils perdront les droits qu’ils ont au sein du pays actuel, comment les convaincre? C’est perdu d’avance.
Eh oui… Comme tu dis, en-deçà de toutes ces tergiversations intellectuelles, il y a des gens, du réel bien réel! Du solide et ça, non, ce n’est pas de la foutaise justement. C’est peut-être ce qu’il y a de plus important.
Pour ce qui concerne les allophones, c’est un problème plus complexe… Mais mon petit doigt me dit qu’à autoprophétiser sur tous les balcons notre fin imminente (ce dont je doute personnellement au plus haut point), ça ne risque pas de leur donner envie de faire partie de la gang comme tu dis…
J’espère que cette réponse ne te semble pas trop empreinte de déconstructionnisme postmoderniste! ;-) Ah là là… Comme tu y vas avec les qualificatifs!
Pour le reste, peut-être que lire ma chronique suivante pourra étoffer ma réponse à ton commentaire.
@+ et au plaisir!
S.
J’aime bien les leçons d’histoire, la plupart m’ont amené à devenir souverainiste. Mais extrapoler des phantasmes nés des chimères de l’éden pour faire un papier bien construit dans un but purement littéraire en accordant peu ou d’importance à la réalité me fait croire qu’on en est revenu à Balzac. Tout le tagada tsouin tsouin sus mentionné ne tient pas compte de la protection d’une culture minoritaire dans un environnement assimilateur et largement majoritaire, mais bon faut bien payer le loyer. Ici par définition on peut se permettre de faire de la prose anti « pardonnez moi, je prends les moyen pour défendre ma façon de vivre » sans tenir compte ou en ignorant volontairement des réalités observables par l’œil le plus naïf et bien : Au nom de Père… On s’argumente ici à partir de l’éden plutôt que de bêtement lever les yeux de sa lucrative paperasse et constater ne serait-ce que les statistiques ou la dissolution de notre culture par la force d’assimilation de son nombreux ami.