Quand j’étais enfant, tous les étés, je passais quelques semaines au camp de vacances. J’étais fasciné par l’écologie. Enfin, bon… C’était comme ça qu’on appelait ça, mais en gros, ça consistait à ramasser à peu près tout ce qu’on trouvait dans les bois. On rapportait tout ça au frère Desrosiers dans son local rempli d’animaux empaillés. C’était un type au caractère impossible mais assez divertissant. Il nous donnait une liste: feuille de peuplier, épines de pin blanc, écorce de bouleau, ce genre de machins. Nous devions trouver et rapporter tout ça afin de monter un herbier qu’on rapporterait à la maison.
Au détour des sentiers, il y avait parfois des nids de guêpes sur des branches d’arbres. Ça nous faisait un peu peur. Avec mes camarades, c’était toujours la même question.
— Tu crois qu’il y a des guêpes dedans?
— Attends, on va voir, je vais lancer une roche dessus.
Après quelques essais, paf, on frappait le nid en plein milieu. Il en sortait parfois des dizaines. On se regardait toujours en rigolant, satisfaits.
— Tu vois, le nid était plein!
Je repense souvent à ces balades dans les bois. Chaque fois que j’écris une chronique, ça me revient. Il m’arrive d’en parler avec mes collègues et mes amis alors que je n’ai toujours pas planché sur le texte. C’est un peu comme faire mes balades dans les bois sans quitter mon bureau.
— Tu penses vraiment qu’il y a des guêpes dans ce nid?
— On verra bien. Attends, je vais lancer une roche.
Ça ne marche pas à tous les coups. Parfois le nid est vide.
Mais à d’autres occasions, ça marche assez bien.
— Punaise! Tu avais raison, Jodoin! Le nid était plein!
…..
Vous avez été plusieurs à commenter, à m’écrire et à m’apostropher sur les médias sociaux à propos de ma dernière chronique où je vous parlais de mythologie nationaliste. J’ai même eu la chance de me faire accuser de clientélisme par Yves-François Blanchet, péquiste musclé s’il en est un. Mieux encore, Mathieu Bock-Côté m’a reproché mon «multiculturalisme libéral-progressiste urbain-branché». Ça m’a fait sourire et plaisir en même temps. Je lui envie son sens de la formule. Il fut un temps où l’on me traitait simplement de con et je trouvais que ça manquait de poésie.
Plus ésotérique, un autre, monsieur Bigras, m’invitait à comprendre que «langue et nationalisme sont deux faces d’une même réalité de renouvellement, renaissance, éternel retour à soi-même, essentielle condition, d’abord “être” et ensuite être-avec-tous-les-autres, à moins qu’il s’agisse de la même posture de vivre»… Grand concours: mettez ces mots dans l’ordre et fabriquez du sens.
Moins poétique, mais tout aussi inspiré, monsieur Moffat, qui me reproche d’avoir écrit un torchon, m’a lancé pour sa part un cri du cœur: «Jamais je n’accepterai de battre ma femme, de maltraiter mes enfants ou encore d’égorger un agneau afin de paraître pour un homme aux yeux de cultures qui sont étrangères dans mon pays.» Voilà, c’est dit. Je précise que si ce n’était du torchon qu’il me reproche d’avoir écrit, monsieur Moffat et moi pourrions sans doute pratiquer un sport ensemble.
D’autres, assez nombreux, ont voulu être bien clairs: «Sachez, monsieur le chroniqueur, que nous ne sommes pas des racistes.» Cet argument, bien qu’étonnant, mérite d’être bien médité. Alors que vous ne traitez personne de raciste, alors que la notion de race n’intervient à aucun moment dans votre réflexion, certains ressentent le besoin de préciser qu’ils ne sont pas racistes. J’aimerais mentionner au passage que, pour ma part, je ne suis pas végétalien. Prenez-en bonne note!
— Tu penses qu’il y a des guêpes dans le nid?
— Attends, je vais lancer un caillou, on verra bien! S’il en sort des ouaouarons, ça voudra peut-être dire qu’il y a aussi des guêpes.
…..
Allez, je vous l’accorde. Sans rire, en toute humilité, j’avoue. Je suis de mauvaise foi. Ces commentaires sont bien réels (aussi étonnant que ça puisse paraître), mais l’essentiel n’est pas là.
Le problème est ailleurs.
D’une part, vous me reprochez de parler de «chasse» à l’anglais. Le terme serait trop fort. Mathieu Bock-Côté y a vu une référence à une «rafle», ce qui ressemblerait sans doute à un argument reductio ad Hitlerum. Il n’a pas tort. Une rafle, ce n’est pas joli, du tout. Et, de fait, je n’ai pas parlé de rafle. De chasse, oui.
Et je persiste. Je crois effectivement que nous nous adonnons collectivement à une chasse à l’anglais. Qui ça, «nous»? Vous avez raison, j’aurais pu écrire «eux». Mais non, je dis «nous». Je ne vais quand même pas vous abandonner dans un moment difficile. Qu’importe, vous voulez des noms, sinon c’est louche. Je pourrais être accusé d’halluciner.
Allons-y donc. Nommons-les. Pensons ici au Mouvement Québec français qui organise sur son site un «concours citoyen». L’enjeu? Se balader avec un ruban à mesurer et débusquer dans tous les recoins des affiches, des publicités, des pamphlets où, ô malheur, on trouverait de l’anglais et, comble de la perversion, de la même dimension que le français. Une vraie chasse au trésor! Gagnez de nombreux prix. Pensons à Mario Beaulieu, président de la SSJB et porte-parole de toutes ses déclinaisons (dont le Mouvement Québec français fait partie), qui refusait – et refuse toujours – aux Anglo-Québécois de célébrer la nation lors de la Fête nationale en y chantant leurs chansons… Pas le hit-parade américain, leurs chansons, composées ici, au Québec, où ils sont nés comme leurs parents et parfois leurs grands-parents. Pensons à la Société nationale des Québécois qui réitérait cette position il y a quelques semaines à peine. Les Anglo-Québécois sont bienvenus pour célébrer la «nation», mais pas en anglais. Pensons aussi volontiers à Sébastien Ricard, comédien qui joue le rôle de Batlam dans Loco Locass et qui, lors du grand rassemblement bloquiste aux dernières élections fédérales, a cru bon de dénoncer Jack Layton qui «parlait français comme un vendeur de chars usagés». C’est louche, un accent anglophone, vous ne trouvez pas? C’est signe qu’on va se faire fourrer, qu’on va nous vendre une vieille minoune trop cher. Pas à cause de son parti, pas à cause de son programme… À cause de son accent.
…Et il y a nous, qui les laissons parler en trouvant tout cela «naturel», laissant à peu près toutes les mouvances identitaires s’agglutiner sur ce grand jeu de chasse au trésor, les oreilles accrochées au son du populisme radiophonique.
Je sais ce que vous allez me dire. Ce ne sont que des épiphénomènes… Ces gens-là ne représentent personne, sinon eux-mêmes.
…Désolé, mais non. Ces gens-là nous représentent et se font une mission de parler en «notre» nom. Mieux encore, ils ont le mandat politique de nous célébrer et de définir ce qu’est la nation. Tout cela ne se passe pas lors d’une sombre réunion dans le sous-sol de Raymond Villeneuve ou Patrick Bourgeois. Il s’agit d’une certaine «normalité» ici-bas.
Je sais aussi que vous allez me reprocher de manger du souverainiste. Ces gens-là, me direz-vous, ne représentent pas le mouvement et certainement pas la nation québécoise…
Je suis entièrement d’accord… Je signe à deux mains cette affirmation. Mais dites ça à eux. Pas à moi.
Des dinosaures, certes… Mais qui piétinent les fleurs.
…..
Un intervenant me reprochait aussi de ne pas proposer de pistes de solution. Il a raison. Je n’ai pas de solutions. Mais j’ai un rêve que j’ai souvent répété. Allez, je vous le redis ici. Je fais le rêve fou de nous voir entamer un dialogue, de méditer un petit instant la possibilité de dire une chose toute simple: les Anglo-Québécois font partie de la nation québécoise. Mieux! Ils prennent part à ce qui rend notre société si distincte. Je rêve de voir les commissaires scolaires créer des lieux d’échanges et de rencontres, des sorties en commun. Je rêve de voir les écoliers anglophones se rendre au théâtre, au cinéma, aux spectacles de musique avec les francophones.
Je rêve de les voir créer des blogues en commun, des journaux étudiants, des émissions de radio! Je rêve de les voir correspondre, chacun dans sa langue, en souhaitant se connaître. Je rêve même de les voir dans des camps de jour, créant des liens d’amitié durables.
Eh oui, je rêve de nous voir célébrer ensemble le jour de la Fête nationale… Depuis quelques années, je rêve même éveillé car un spectacle de quartier, L’Autre Saint-Jean, invite justement les Anglo-Québécois à y mettre leur grain de sel… Au grand dam des dinosaures, mais au plus grand plaisir de milliers de jeunes Québécois qui ne se reconnaissent plus dans les définitions du lobby du Nous.
Je pourrais même rêver de nous voir, ensemble, discuter de notre place dans le Canada… Et pourquoi pas d’indépendance si le cœur vous en dit…
Une chose est certaine… Sans ce dialogue essentiel, nous ne parlerons de rien.
Mon rêve se réalisera peut-être… Selon un récent sondage Angus Reid, 89% des anglophones et 66% des francophones sont d’avis qu’il faudrait apprendre les deux langues pour faciliter les communications au travail. Eh oui! Avouez que ça vous étonne! 89% des anglophones croient qu’il faut apprendre le français. Eh misère… C’est embarrassant, vous ne trouvez pas?
…Et si je vous soumettais, tout bêtement, qu’il en va peut-être de même pour faciliter les communications au sein de notre nation? Et si j’émettais l’hypothèse farfelue qu’une nation qui ne communique pas en persistant dans la division et les luttes internes est vouée à une mort certaine?
…..
Bon, vous sentez que je vous fais la morale et vous n’aimez pas ça. Allez, je vous laisse méditer tout ca en décorant votre arbre de Noël.
En attendant, je reviens à mes souvenirs d’enfance. Il y en a un que j’hésite à vous raconter. Avec le frère Desrosiers, au camp d’été, lorsque nous étions arrivés à un certain niveau d’expertise, les écorces et les feuilles ne suffisaient plus. Il fallait en faire un peu plus, fouiller plus profondément les mystères de la nature.
C’est ainsi que lors de mon dernier été au camp, il nous a proposé de disséquer une grenouille pour voir comment c’était fait à l’intérieur.
J’étais plutôt contre…
— C’est pas ben fin pour la grenouille, ça, frère Desrosiers!
— Peut-être, mais si tu ne le fais pas, tu ne sauras jamais ce qu’est une grenouille…
Je n’ai jamais oublié sa réponse.
Depuis le 2 mai 2011, de nombreux nationalistes et souverainistes ont sombré dans un courroux total qui ne se dément pas, qui ne cesse de s’accentuer et de prendre de l’ampleur.
Toute analyse ou réflexion est suspecte et condamnable. Seule la vieille FOI DU CHARBONNIER est encouragée et autorisée. Si quelqu’un émet des doutes face à la pertinence ou à la «faisabilité» de la souveraineté du Québec, ce quelqu’un devient automatiquement un félon, un poltron, un traître, un colonisé, un abruti, un «fédéraste», et j’en oublie.
Simon, j’ai mieux compris une partie de ton texte sur la mythologie nationaliste lorsque j’ai lu, cette semaine, les propos que voici:
***«Se balader avec un ruban à mesurer et débusquer dans tous les recoins des affiches, des publicités, des pamphlets où, ô malheur, on trouverait de l’anglais et, comble de la perversion, de la même dimension que le français.»***
Il est vrai que le ridicule ne tue pas. Hélas?
Cela ne m’empêche quand même pas de craindre l’anglicisation de Montréal, laquelle anglicisation a peu à voir avec la dimension des affiches. Il est d’ailleurs possible que je participe bientôt à un film sur cette anglicisation, collaborant ainsi avec un bon cinéaste dont je ne peux divulguer l’identité.
Il est probable que de nombreuses insultes vont me tomber dessus à mon tour puisque je suis un souverainiste qui a perdu la foi, ce qui fait de moi un être perfide, capitulard et trouillard.
Mais qu’à cela ne tienne. Je vais suivre le conseil de Jean Cocteau:
***«Qui s’affecte d’une insulte, s’infecte.»***
JSB
Tout le monde souhaite un dialogue civilisé entre indépendantistes, fédéralistes, ceux qui s’en foutent, et les anglais au sujet de la protection du français et de la place à accorder à l’anglais.
Étant moi même résolument indépendantiste, je déplore l’attitude de certains de mes confrères qui considèrent que notre ennemi c’est l’anglophone. Mon ennemi c’est l’état canadian et ses collabos, qu’ils soient francophones ou anglophones.
En ce qui concerne votre rêve, il est bien joli je l’admet. Personne n’est contre la vertu. Cependant vous faites abstraction de la lutte entre les deux nationalismes présents au québec : le nationalisme canadian et le nationalisme québécois. C’est cette lutte qui anime l’action de groupes comme le mouvement montréal français. C’est cette lutte qui fait en sorte que les vendeurs anglophones répugnent parfois à passer au français devant un client francophone, interprétant ce geste comme une soumission (la situation inverse se produit aussi évidemment).
Les francophones se voient comme le peuple majoritaire du Québec et se comportent comme tel. Les anglophones se voient comme le peuple majoritaire du Canada et se comportent comme tel.
On veut tous terminer cet affrontement stérile, fédéralistes comme indépendantistes, votre rêve relève donc du lieu commun. C’est la solution qui est importante, et vous admettez n’en avoir aucune !
Remarque, à bien y penser votre rêve ne relève pas vraiment du lieu commun. Moi aussi je voudrais qu’on trouve une solution à cet affrontement dans la collaboration, le respect, et l’égalité. Pas dans la domination, l’exclusion, et l’assimilation.
Si je suis indépendantiste, c’est parce que je ne crois pas qu’un tel dialogue est possible sans une reconnaissance officielle (et pas de pacotille) de la nation Québécoise et de son droit à protéger sa langue.
En ce qui concerne les fameuses solutions, j’appliquerait le modèle suisse au canada.
Le débat linguistique est bel et bien relancé au Québec. Il n’est pas trop tôt.
Je me demandais jusqu’à quand il était possible de croire que la question de la langue avait été réglée en 1977.
Alors que Simon Jodoin parle de chasse à l’anglais, une pratique que visiblement il condamne, ce que je vois et j’entends le plus depuis que je suis né, est une chasse aux « nationaliste, québécois de souche pure laine fermés d’esprit et on ne peut plus sectaires ». Quand je lis la chronique de Jodoin, je me sens visé puisque je suis un fervent indépendantiste et défenseur de la langue française. Étonnamment, je ne suis pas un anti-anglais, même que je peux dire que j’en suis moi-même un, soit d’un père anglophone (et toute le reste de la famille qui vient avec) et d’une mère italienne dont toute la famille est anglicisée.
J’ai tout de même assez de lucidité pour comprendre que dans une société, il y a des rapports de force. Qu’au-delà des langues et des individus, il y des guerres de pouvoir et des intérêts, et de très très gros intérêts. C’est essentiellement ce que Jodoin ne semble pas comprendre. Et quand il parle de son « rêve » ou anglos et francos dansent dans la pluie en se tenant la main dans les rues de Montréal, il est encore plus naïf que ceux qui idéalisaient l’époque de la Nouvelle-France. Je dis oui au dialogue, oui au rapprochement, mais au Québec les anglophones ont à faire un pas de plus, parce qu’ailleurs au Canada, les francophones se tapent l’entièreté du parcours. Quand on parle de fermeture, je ne peux m’empêcher de regarder du côté de la communauté anglophone montréalaise qui dans une bien trop grande proportion ne connait rien de nous.
Il est temps que nous arrêtions de nous flageller collectivement. Les défenseurs du français ne cherchent qu’à faire une chose et c’est assurer l’avenir de la langue commune au Québec. Rien d’autre. C’est une lutte noble et courageuse.
Alors qu’on souligne ailleurs dans le monde le 50e anniversaire de la mort de Frantz Fanon, c’est le silence complet au Québec. Ce psychiatre et penseur des effets du colonialisme sur la conscience du colonisé a fait le tour du monde, et ce qu’il a évoqué est applicable au Québec. Le colonisé, dans les moments difficile en vient à mépriser les siens. L’article de Jodoin est un bel exemple d’auto-flagellation du colonisé.
« mépriser les siens »… « auto-flagellation du colonisé »
…Évidemment.
S.
« J’ai tout de même assez de lucidité pour comprendre que dans une société, il y a des rapports de force. Qu’au-delà des langues et des individus, il y des guerres de pouvoir et des intérêts, et de très très gros intérêts. C’est essentiellement ce que Jodoin ne semble pas comprendre. »
Voilà ! Tout est dit.
Peut-être suis-je un peu lent mais je saisis mal le sens profond de votre pensée.
Vous avez totalement raison lorsque vous rappelez: «J’ai tout de même assez de lucidité pour comprendre que dans une société, il y a des rapports de force.» Mais quel est le rapport (de force ou non?) avec la pensée de Jodoin. Si vous en disiez un peu plus, peut-être que certaines de mes lumières éteintes pourraient se rallumer.
Respectueusement!
JSB
Je peux préciser ma pensée.
Jodoin critique les démarches des « défenseurs du français ». Ceux que l’on connait, les têtes d’affiche, soit Mario Beaulieu du Mouvment Québec français, Yves-François Blanchet du PQ, Sébastien Ricard de Loco Locass, Patrick Bourgeois et Mathieu Bock Côté. Essentiellement il les étiquette et les met dans un même panier, en les traitant de dinosaures et la dernière chose qu’il souhaite, c’est d’être associé à ces radicaux.
En fait, ce que moi je comprends, c’est qu’il condamne tout individu qui oserait hausser le ton et viendrait briser cette soi-disant paix linguistique qui semble exister depuis quelques années (et que oui nous souhaitons tant).
Cette « chasse à l’anglais » qui sévit présentement est due principalement à une anglicisation de Montréal qui est de plus en plus évidente. C’est un phénomène qui se déploie en ce moment. Malgré ce qu’on puisse en penser, il ne s’agit pas d’une évolution naturelle et inéluctable des choses. Il s’agit d’un phénomène éminemment politique et qui doit être réglé au niveau politique. C’est là que les rapports de forces entrent en jeu. Dieu sait qu’en ce sens l’avantage est à la langue anglaise et à tout ce qu’elle implique, culture, démographie et pouvoir. Et lorsque nous savons qu’historiquement, il y a toujours eu (et il y a toujours) une volonté des autorités britanniques et ensuite fédérales à écraser et à assimiler la minorité francophone, eh bien il faut accepter que la réponse soit musclée. Ceux que l’on voit à la télé et dans les nouvelles qui posent des gestes pour le français, ce sont les seuls à le faire. Il n’y a pas dans les coulis des joueurs puissants qui tirent les ficelles pour faire du Québec un état français et assumé. À l’opposé des acteurs puissants s’assurent que cela n’arrive pas. Les rapports de force sont en fait très inégaux.
M. Jodoin,
On voudrait bien croire à toutes vos belles paroles (farandole naïve et utopique de francophones et d’anglophones, célébrant ensemble, les joies d’une culture sans barrière linguistique dans un esprit de fraternité universelle), mais votre biais anti-nationaliste québécois est tellement flagrant (et votre méconnaissance des intérêts, enjeux, et rapport de force en cause si désarmant) qu’il discrédite celles-ci d’office.
Cela relèverait d’une simple utopie, — peu dommageable par ailleurs — et digne d’un
épisode de Star Trek où tout le monde parle la même langue s’il n’y avait que cela.
Mais il y plus.
Vos exacerbez continuellement, par vos écrits, les sentiments, quolibets et préjugés anti-francophones en pointant du doigt quelques éléments peu représentatifs de la société québécoise en général. Et vous faites cela, sciemment ou non, à un moment de notre histoire ou le français n’a jamais été autant fragilisé dans la grande région de Montréal; ayant comme résultante un sentiment de peur et d’inquiétude chez de nombreux québécois francophones.
Êtes-vous déjà allé au Carrefour Laval récemment ? À la banque « TD Canada Trust » du Centropolis ? Édifiant.
Mais il est vrai qu’il fait « chic » et « branché » de se déclarer d’une ouverture au monde que l’on oppose, avec mauvaise foi, avec l’idée tellement « dépassée » et « rétrograde » d’une défense active de nos droits linguistiques — laissant sous-entendre, en filigrane, que ces deux éléments sont parfaitement antinomiques, alors qu’il n’en est rien.
Libre à vous de réorganiser les mots précédemment énoncés pour tenter de leur insuffler un semblant de sens. Mais je crois que, malheureusement, dans votre cas — tout comme dans celui de ces élites urbaines biens-pensantes abonnées aux idées d’un monde chimérique sans frontière –, cela soit peine perdue.
Le français dégringole particulièrement dans la région de Montréal. Par conséquent, dans des arrondissements anciennement francophones comme LaSalle, il est de plus en plus difficile de se faire servir en français. Malheureusement, 1/3 de mes voisins ne parlent d’ailleurs pas un mot de français… souvent en raison de leur arrivée récente au Québec (ce qui est très compréhensible). Demander au gouvernement, comme le fait le mouvement Montréal français, de mettre en place des mesures pour bien intégrer nos nouveaux arrivants n’est pas un signe de fermeture d’esprit. C’est au contraire un moyen d’inclure ces nouveaux arrivants à notre culture et à notre société en général. C’est aussi un moyen d’assurer la survie de notre culture dans un monde de plus en plus ou américanisé. Et oui, je trouve que la culture québécoise mérite d’être préservée… Alors oui je suis défenseur de la langue française! Car, oui je veux pouvoir communiquer avec tous mes voisins et tous les québécois! Et oui je suis ouvert d’esprit! Enfin, oui j’aime ma culture et ma langue! Et non je ne veux pas vivre dans un monde uniformisé où les cultures nationales disparaissent au profit de quoi? Une culture commerciale mondialisé?
Ta manière de comparer les défenseurs de la langue française à des guêpes est d’ailleurs très méprisante… Pour un individu qui se veut ouvert d’esprit, il est décevant de constater que ton texte est truffé de préjugés. Si tu prenais le temps de bien comprendre les idées défendues par Mario Beaulieu, Mathieu Bock-Coté ou Sébastien Ricard tu comprendrais que leur pensée va bien au delà du stéréotype de ce que tu appelles » la chasse aux anglais ».
En lisant le texte de Simon, j’ai été frappé (très fort) par ce qu’a dit un des membres de LOCO LOCASS:
***«Pensons aussi volontiers à Sébastien Ricard, comédien qui joue le rôle de Batlam dans Loco Locass et qui, lors du grand rassemblement bloquiste aux dernières élections fédérales, a cru bon de dénoncer Jack Layton qui « parlait français comme un vendeur de chars usagés ». C’est louche, un accent anglophone, vous ne trouvez pas? C’est signe qu’on va se faire fourrer, qu’on va nous vendre une vieille minoune trop cher. Pas à cause de son parti, pas à cause de son programme… À cause de son accent.»***
Ce genre de fanatisme et d’insulte envers un homme de grande envergure ne grandit pas la personne qui parle.
Moi, j’ai été séparatiste à partir de 1961 et j’ose dire que je suis un souverainiste las et fatigué. Cela fait-il de moi un félon?
Mais il y a une chose qui toujours me stimulera: la défense de la langue française et de la qualité de cette langue. Cette qualité de la langue, je l’espère d’abord et avant tout de la part de ceux et celles dont la langue française est la langue maternelle!
JSB
2% de francophones en Amérique du Nord, 20, 21% essentiellement par le biais du Québec au Canada. 47% probablement de Montréalais qui parlent français à la maison.
Il y a des idéologues qui ignorent les rapports de force, de doux rêveurs qui parfois (pas ici dans Voir) immigrés dans les terres de la politique sombrent dans l’arbitraire comme le groupe des trois colombes il y a 40 ans et légifèrent alors à ce moment sur des mesures de guerre pour abattre une vingtaine d’individus qui recourent à lutte armée au nom d’un pays libre du Québec. Là le portrait de ces idéalistes abstraits en a pris un dur coup.
Rien de nouveau dans ce type de messages qui rappelle le bilinguisme amical de Pierre Trudeau qui sur fond de statistiques actualisées et à venir verra la langue des Québécois fonde comme neige au soleil. D’autant que la mode étant au refoulement de la question québécoise, la précarisation du français ne s’en trouve que mieux garantie.
Dans ce type de discours, il s’agit toujours de culpabiliser le Québécois à travers un vieux fond catholique pré Vatican deux non sorti du très fond de l’inconscient chez le journaliste pour lui faire comprendre lui le Québécois que c’est un demeuré s’il croit que la vigilance s’impose dans un cadre démographique tel qu’il est pour la maintenance de sa culture. Certains articles de ce type transpirent le plus grand mode évolutif qui puisse apparaître. D’un bord on parlera de laïcité ouverte fort de cette condescendance de l’occidental envers l’immigrant de par cette tolérance adaptée envers ces signes religieux provenant d’une autre époque, de l’autre tous les arguments des vertus seront déployés pour tenter de faire croire l’incroyable que le Québécois moderne a une faculté rigoureuse pour opprimer, se déterminer comme colonialiste envers le champ de tous les autres qui puissent se présenter devant lui. Et ce devant une minorité anglophone attractive à Montréal qui l’est géopolitiquement parce que par rapport à une province francophone sur 10 au Canada le Québec; la vraie minorité au Canada apparaît être celle des Québécois francophones ou celle des Acadiens en dehors du sort d’une autre nature des autochtones au Québec et au Canada.
La majorité écrasante des souverainistes n’a jamais ignoré la culture anglo-américaine se servant même de la république fondatrice américaine depuis 1830 pour trouver légitimité à ses valeurs mais cela ne suffit pas pour certains esprits qui confondent universel et non reconnaissance de soi collective comme d’un état supérieur indescriptible d’être humain vertueux. Or, cet -état supérieur- idyllique et délirant appartient à un vieux fond missionnaire catholique canadien-français qui subsiste chez plusieurs dans le Québec dit moderne contre toute logique qui de Trudeau à Ryan en passant par Gérard Bouchard contribue depuis 40 ans a semer le déclin et la disparition d’une société francophone en Amérique du Nord. Combien d’entre nous n’ont t-ils pas rencontrés ces Québécois qui à toutes les dix phrases sortent une expression anglaise pour se conforter dans leurs identités et qui nous sortent en même temps un catéchisme new age de bonnes intentions et d’idéaux pour rassembler -la terre des hommes- lorsque les enjeux dits internationaux se résument au contrôle mondial par une élite financière parasitaire des ressources des peuples et par l’action militaire d’un OTAN qui est sorti de son mandat en Europe!
Actualité internationale qui ne s’en tient qu’aux pays impériaux tels la Chine et les É.U, l’Europe technocratique et les organisations, le Québécois rêveur compte pour zéro dans cette actualité cynique.
Bref, les deux pieds sur terre c’est savoir concilier universel et réalité nationale autrement c’est se mettre les deux mains dans les yeux!
Soyons réaliste,arretont de »pèleter » des nuages,le français perd de plus ne plus de terrain en particulier dans la région de Montréal et ce depuis un bon bout de temps.En fait, en a-t-il réellement eu autant par le passé qu’on pourrait le croire? Ça fait bientot 30ans que je vis ici a Montréal et quand je suis venu m’installer ici, ce »problème » m’est apparu beaucoup plus clair .La situation n’a pas tellement pas évoluer depuis. Quand on vient d’une région comme le Saguenay-Lac-St-Jean,la question de parler français de se pause meme pas (99% des gens y parlent le français).Comme pour beaucoup d’autres régions a l’extérieur de Montréal.Donc quand on parle de perte c’est pour la région de Montréal ou le multiculturalisme y est une réalité quasiment inexistante ailleur au Québec. Personnellement je suis bien heureux de vivre dans une ville ou ont peut cotoyer des gens d’origines aussi diverses.Ça ouvre et fait voir pleins d’horizons différents.Le problème ne vient pas des autres cultures mais bien de la notre. Nous sommes des gens très acceuillants, accomodants et raisonnables, tellement que pour ne pas déplaire aux autres,on s’oublie pour ne pas froisser personne et tout le monde en particulier.C’est beau tout ça ,mais comme toute médaille a 2 cotés ,cela fait qu’on est en train de perdre tranquillement ce qui fait notre originalité en Amérique du Nord. Etre la seule culture originale francaise en cette terre. Si les choses continuent ainsi,j’ai la mauvaise impression (si n’est déjà fait )que Montréal ne reflètera plus la réalité québécoise mais la seule réalité montréalaise.Tout le reste du Québec va etre français et Montréal anglais avec un soupçon de français pour sauver la face. C’est bien dommage car on peut etre tellement plus intéressant encore en étant plus orgeilleux de notre culture et en plarticulier de notre langue pour la partager d’avantage avec les autres .Car je trouve qu’on en vaut drolement la peine. C’est ce que je nous souhaite pour les années a venir….(J’oserais dire Amen..ha,ha,ha…)
S’il faut lui ouvrir le ventre pour la distinguer du boeuf…
C’est mignon.