C’est toujours comme ça quand je reviens de vacances. Je suis comme en retard, décalé dans mon programme. Je suis décousu. Je regarde passer les tweets, les messages, les fils de presse et j’ai l’impression que vous me parlez dans le futur. Un transfuge au PQ? Ça m’inquiétera sans doute dans une semaine. Pour ma part, j’en suis encore à me demander si j’ai trouvé le Bye Bye drôle.
Ben non, justement. Mais bon, je sais, je suis en retard, donc vous n’en avez rien à foutre. Douze jours à l’heure des nouveaux médias, c’est une éternité. Oui oui, vous avez raison. Les maquillages et les effets spéciaux étaient fantastiques. Mais je ne trouve pas ça drôle. J’ai pourtant le rire assez facile, en général. D’ailleurs, vous me faites rire en ce moment parce que je viens juste de comprendre que vous me trouvez snob de ne pas rire pendant un Bye Bye.
Mais non. Pas snob. Même pas grincheux. Au contraire! Je suis émerveillé par la réalité, par le vrai monde, les vraies affaires. Fasciné même. Et bien souvent, c’est là que je trouve matière à rigoler. C’est sans doute mon problème: l’actualité telle qu’on peut la voir se dérouler en temps réel toute l’année me semble toujours plus drôle que la caricature. Yves-François Blanchet en entrevue à Larocque Lapierre, par exemple, ça c’est de la vraie comédie! Du solide! Du vrai bon burlesque. Le maire Gendron qui fait de la télévision, interviewant n’importe qui? Wow! Ça c’est du Viagra pour la rate. Vous m’en mettrez trois caisses! Lucien Bouchard qui se chamaille avec Amir Khadir à l’Assemblée nationale à propos du «roi Pataud» (sic), c’est du grand art! Mario Dumont qui passe chaque soir les grandes questions du jour, chronomètre en main, ça aussi ça me fait rire. Très fort même.
D’ailleurs, je félicite chaleureusement Mario Dumont pour ce concept du «parler de tout très vite car nous n’avons que 5 minutes». Nous avons maintenant ainsi une preuve empirique. En effet, je me suis toujours demandé combien de niaiseries pouvait dire Gilles Proulx en 5 minutes. Maintenant on le sait: une infinité. J’admire d’ailleurs ce Proulx de démontrer qu’on peut contenir la connerie infinie dans un temps défini, même très court. C’est un problème métaphysique qui me préoccupait depuis longtemps. Voilà un cas de réglé. Merci.
Vous voyez ce que je veux dire, hein? Je suis un peu décousu. Disons que mon tissu social est un peu déchiré. Vous, vous aviez déjà compris tout ça. D’ailleurs, vous n’en parlez plus. Dans le futur d’où vous m’adressez la parole, il y a un transfuge au PQ. L’entraîneur anglophone du Canadien s’est évaporé, lui aussi. Là, c’est le transfuge.
J’aurai une opinion sur lui la semaine prochaine, comme je vous disais, le temps avance moins vite dans la réalité. En tout cas, la mienne. Il me semblait cependant avancer à la bonne vitesse dans la réalité de ce monsieur qu’on voyait cette semaine, dans un reportage de Pierre Duchesne à Radio-Canada à propos de ce transfuge. Dans le comté de La Prairie, un passant, dans sa voiture.
— Ça vous dérange qu’il soit un vire-capot?
— Non. Pas du tout. Moi aussi, je suis vire-capot.
À la bonne vitesse, je vous dis… Tout à fait dans l’air du temps. Ce monsieur dont nous ignorons le nom – appelons-le Tout-le-monde – semblait avoir moins une opinion sur François Rebello que sur lui-même. «Moi aussi, j’ai changé d’avis et j’ai changé de camp.» Loin d’être un cas à part s’il faut en croire les sondages qui n’ont cessé de dire à peu près la même chose en 2011… Eh oui monsieur, je suis en train de changer d’avis.
Ce ne sont pas les membres et députés du PQ qui démissionnent ou quittent le navire. En tout cas, pas exclusivement. Ceux qui sautent dans les chaloupes de sauvetage, d’abord et avant tout, c’est nous. Enfin vous… Moi, je vais prendre ma décision dans une semaine…
Mais promis. Je ne vous parlerai pas de l’entraîneur anglophone du Canadien. Oh punaise! J’ai failli faire une gaffe! J’allais écrire coach… Enfin, bon, je ne vous en parlerai pas, ni dans une semaine, ni dans un mois. J’aurai une opinion linguistique et culturelle sur le hockey lorsque Jean Perron sera polyglotte. Ça, ce serait super. Je trouve d’ailleurs assez injuste que nous soyons les seuls au monde à pouvoir comprendre Jean Perron. Il me semble qu’il y a tout ce qu’il faut chez ce gentleman pour créer un succès international. C’est donc ce que je vous souhaite en 2012… Que Jean Perron devienne polyglotte. Vous voyez, j’ai quand même une opinion sur le sport. Celle-là, je l’avais déjà la semaine dernière.
Allez… Je m’en vais me recoudre. La semaine prochaine, je m’y engage, je cesserai de rire…
…ou pas.
Ne vous recousez pas trop à fils trop serrés, faufilez-vous, c’est bien plus amusant. Ça laisse du « loose », dirait ma mère, moi, je dis, ça laisse de la latitude. Lire le futur à partir de son présent, ça donne une sensation de pouvoir. Profitez-en !
Pour le Bye Bye, je suis pas décousue, je radote carrément. Je l’ai trouvé aussi bon qu’un éditorial caricatural. J’ai pas ri par en-dehors, ni par en-dedans, j’ai souri tellement jaune que mes commissures ont gelées sur place.
J’allais vous écrire quelque chose mais… je vais, tout compte fait, attendre à la semaine prochaine, en espérant que vous serez là.
(À propos de certains «irritants» auxquels vous pourriez fort probablement mettre rapidement fin, notamment un comportant le mot «approbation», pour vous mettre sur la piste…)
Au Québec, le Bye Bye c’est comme la température: « On est jamais content »! Pour tout dire, j’ai trouvé le contenant plus attrayant que le contenu qui bien que ne manquant pas de mordant manquait de piquant. Il y a aussi peut-etre le fait qu’après l’année que nous avons passée, il n’y avait pas de quoi rire à part le rire jaune?