Les passages insolites: du street art de luxe
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Les passages insolites: du street art de luxe

La Ville de Québec (c’est tout à son honneur) insuffle un peu de folie à l’un de ses quartiers les plus aseptisés et touristiques: le croissant du Vieux-Port.

Gentrifiés au maximum, les secteurs du Vieux-Port, de Place-Royale et du Petit Champlain n’ont pas un indice bohémien tellement élevé. La raison est simple: les artistes n’ont (c’est presque une généralité) pas les moyens de s’y payer un loyer et, cerise sur le sundae, le service de transport en commun y est franchement défaillant. Rien de très attirant pour la jeune classe créative qui peuple surtout les quartiers de St-Roch, St-Sauveur, Limoilou et, quoi que de moins en moins, de St-Jean-Baptiste.

C’est plate à écrire: mais Québec accuse un retard assez considérable vis-à-vis Montréal en ce qui concerne les graffitis. Si la métropole valorise carrément le médium avec les festivals MURAL et Under Pressure, le règlement municipal de la Vieille Capitale interdit aux graffeurs d’enjoliver la ville. Leur mode d’expression, ici, est illégal. Une mentalité franchement rétrograde que je m’explique mal dans une ville qui investit dans des propositions artistiques ultra baroques comme Où tu vas quand tu dors en marchant.

Néanmoins, nos dirigeants municipaux subventionnent une fois de plus EX MURO pour la création du parcours Les passages insolites. Du « street art organisé », aux oeuvres préalablement approuvées et commissariées le directeur artistique Vincent Roy. Ça manque de spontanéité, c’est indéniable, mais on fait vite d’oublier le propret travail de coulisses au moment d’apprécier les douze oeuvres follement vibrantes.

Des installations à grande échelle comme Sans titre de Elsa Tomkowiak, un tunnel de bandes de plastiques colorées qui abrillent le petit pont voisin d’Espace 400e. Un dégradé de couleurs qui attire l’oeil, rappelle les aurores boréales jadis projetées sur les silos de la Bunge d’à côté. Un tour de force qui, je crois, sera universellement apprécié des passants.

Sans titre, Elsa Tomkowiak (Crédit: Catherine Genest)
Sans titre, Elsa Tomkowiak (Crédit: Catherine Genest)

Rosemarie Faille-Faubert et Victor Gounel jouent eux aussi avec les répétitions, cette idée de motif, et le rôle de la lumière naturelle qui se reflète dans l’oeuvre pour la magnifier. Avec ses couleurs à la frontière du pastel et du fluo, E-den capte l’attention dès le premier coup d’oeil dans cet environnement où brun et beige prédominent normalement: l’Îlot des Palais.

E-den, Rosemarie Faille-Faubert et Victor Gounel (Crédit: Catherine Genest)
E-den, Rosemarie Faille-Faubert et Victor Gounel (Crédit: Catherine Genest)

Les passages insolites sont présentés depuis aujourd’hui et jusqu’au 30 octobre 2016. Comme les cartels n’étaient pas encore inscrits sur place au moment de ma visite, je vous suggère chaudement de sauvegarder le lien suivant sur votre téléphone intelligent. 

Les artistes sélectionnés cette année sont: Giorgia Volpe (un coup de coeur!), Jean-Pierre Morin, Pierre Thibault, Margaux Rodot, Mickaël Martin, Benoît Taster, Charles Fleury et Martin Journot. De talentueux cinéastes locaux, sélectionnés par Spira, proposent aussi quatre oeuvres vidéo enfermées dans d’intrigants dispositifs qui ressemblent à des longues-vues.

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