Ce qui se cache sous la terrasse Dufferin
Visite libre

Ce qui se cache sous la terrasse Dufferin

Une crypte archéologique qui donne la chair de poule, le décor parfait pour un thriller policier.

Les touristes la piétinent par milliers, les amuseurs publics l’animent en été. Sise à côté du Château Frontenac, la photogénique terrasse Dufferin a été inaugurée en 1839 sous l’ordre du tristement célèbre Lord Durham, gros méchant par excellence de notre histoire locale.

Chose impensable aujourd’hui: il avait demandé à ses sujets de raser les ruines du Château St-Louis, édifice qui a été la proie des flammes en janvier 1834, pour construire une belle promenade de bois en son honneur, à son nom. À la lecture du rapport qu’il a écrit, on comprend vite que la préservation du patrimoine des « French Canadians » n’était pas au sommet de sa liste de priorité…

On l’a aussi échappé belle dans les années 1940, alors qu’un projet de stationnement sous-terrain (heureusement avorté!) était dans l’air. Néanmoins, on peut aujourd’hui en apprécier quelques vestiges.

Les restes du four à pain du Château St-Louis (Crédit: Catherine Genest)
Les restes du four à pain du Château St-Louis (Crédit: Catherine Genest)

C’est un peu mêlant: le site aujourd’hui préservé par Parcs Canada a été l’hôte de quatre forts et de deux château dont le dernier, le Château St-Louis, a été inauguré en 1723. À une vingtaine de mètres de la lumière du jour, des artéfacts de toutes les époques sont conservés dans des cages de verres, des trophées de chasse (au trésor) pour les archéologues qui ont investi le secteur dans les années 80.

Des objets parfois conservés à la quasi perfection qui témoignent du luxueux mode de vie des nobles de l’époque. Des gouverneurs français puis britanniques qui habitaient l’endroit, qui se sont succédés pendant moult décennies, à commencer par Samuel de Champlain qui y avait fait construire son fort en 1620.

(Crédit: Catherine Genest)
(Crédit: Catherine Genest)

Tout le monde peut visiter le musée souterrain moyennant la très modique somme de 3,90$. Autant dire que vous n’avez pas grand chose à perdre.

Accompagnée de Kimberly Labar du Parcs Canada et de l’érudit archéologue Robert Gauvin, j’ai eu la chance de passer de l’autre côté du mur, dans la section fermée au grand public. Sous les innombrables planches de 2 par 4, on entend les gens parler, distingue les conversations, voit les pièces de monnaie tomber, idem pour les emballages de barres tendres. Cachés, mais si près à la fois, on se sent presque mal à l’aise de s’immiscer de la sorte dans l’intimité des quidams anonymes marchant au-dessus de nos têtes.

Il y a aussi cette lumière qui passe à travers les lattes, les imposantes poutres métalliques, les restes des fortifications originales sous nos pieds, mais c’est le corps de garde qui marque le plus. Une petite habitation pour les soldats anglais d’alors qui a été construite en 1858 et partiellement démolie une vingtaine d’années plus tard.

(Crédit: Catherine Genest)
(Crédit: Catherine Genest)

Une pépite d’or cachée à l’ombre de la frénésie, les restes d’une époque révolue, oubliée qui gisent sous nos pieds.