Expo Québec est mort, vive Humanorium!
Une fête foraine décalée réunissant BGL, Diane Landry, Érick D’Orion et plusieurs autres.
L’étrangeté et l’esthétique vintage inhérente au monde des foires fait corps avec l’art actuel. Un exercice de développement de public tout simplement génial, rêvé puis concrétisé par les commissaires Vincent Roy (EXMURO) et Ève Cadieux.
Imaginez: vous marchez paisiblement sur Grande Allée, sur la portion hors du buffets de discothèques, puis tombez nez à nez avec un enclos rouge et jaune, ses lumières qui scintillent à la nuit tombée et jusqu’à 23h, ses roulottes de gitans, l’odeur des hot dogs, son carrousel central métallique. Immédiatement appâté, et sans trop savoir de quoi il s’agit, vous faites vite de gagner le parc d’attraction, cette version tordue d’un parc éphémère de Beauce Carnaval, mais qui en reprend les mêmes codes esthétiques.
« Quessé ça? »
// À lire aussi: BGL, meilleurs amis pour toujours
D’abord étrenné à Calgary en 2012, Le Carrousel du décadent et Ô combien ludique trio BGL se stationne dans le parc du MNBAQ pour d’innombrables tours de pistes à donner le tournis. Oserez vous déposer votre popotin dans le panier d’épicerie?
Une autre héroïne locale, en la personne de la douce Diane Landry, présente pour sa part une oeuvre mécanico-sonore intitulée Le bouclier magique. L’expérience, à la fois surnaturelle et relaxante, donne l’impression d’aller à la rencontre d’un gentil fantôme.
// À lire aussi: mon entrevue avec Diane Landry lors du Mois Multi 2013
Mais ce qui trouble, ce qui marque le plus, c’est Le Musée de la mort du singulier (vraiment un euphémisme!) photographe torontois Jack Burman. L’artiste canadien articule sa pratique vraiment deep autour d’un genre de dialogue entre le monde des vivants et celui d’outre-tombe. Ses oeuvres, des portraits de gens décédés, glacent le sang tout en nous laissant avec une drôle de sensation d’apaisement au sortir de la caravane. On devine, ça fait drôle de l’écrire, que le croqueur d’images a un profond respect pour ses sujets inertes et souvent démembrés ou décapités.
Je ne me souviens pas d’avoir été aussi dérangée par l’art, chose excessivement rare de nos jours puisque tous les tabous me semblaient transcendés jusqu’ici… D’autant plus qu’après coup, on m’a appris que le type ne retouchait pas ses photos. Ces couleurs surannées, ce sont les vraies!
Vincent Roy et Ève Cadieux ont misé sur la peur, la curiosité, la fascination, pour bâtir ce corpus d’oeuvres (essentiellement des installations) présentées jusqu’à ce dimanche le 7 août sur les Plaines d’Abraham.
Je laisse le mystère planer quant aux autres propositions, toutes plus déconcertantes les unes que les autres, celle de Joan Fontcuberta étant même fortement déconseillées aux jeunes de moins de 18 ans. Je n’ai, moi-même, pas pu y rester longtemps.
Humanorium
Tous les jours de 13h à 23h
255, Grande Allée Ouest
À visiter absolument si: vous avez aimé le Manoir de l’horreur de Nancy Bernier et de Bernard White à Expo Québec en 2013 et 2014 et l’art contemporain en général.