Dreamland: Rendez-vous au Paradis
Figurines minuscules, instruments de musique nouveau genre et petites sculptures se côtoient sur cette installation à grande échelle du Théâtre Rude Ingénierie. Un « work in progress » fascinant.
Tout l’été, j’ai eu ce remix d’Alain Chamfort dans la tête. Un sacré vers d’oreille, une pièce électro-disco d’une rare poésie qui m’inspire le titre de cette première visite libre de la rentrée.
Parce que, ouais, c’est vraiment ce à quoi le Théâtre Rude Ingénierie nous convie pour la fin septembre.
Avant de gagner la salle principale du Périscope, les concepteurs en sont à peaufiner leur maquette, leur modèle réduit de Coney Island (nous y reviendront) dans le cadre franchement enchanteur des locaux du futur Diamant de Robert Lepage.
Des pièces vides avec des murs déshabillés, enduites d’une poussière presque beige sur lesquelles se reflète la lumière du jour captée par les grandes fenêtre de l’ancien YMCA de Place d’Youville. Un lieu merveilleusement vétuste, mais voué à une destruction imminente, dans lequel Bruno Bouchard, Philippe Lessard Drolet et Pascal Robitaille ont installé leur atelier éphémère.
Leur île-maquette, c’est comme ça qu’ils la surnomme, fait 25 pieds de long et 5 pieds de large. Des projections viendront l’enjoliver, du contenu filmé en direct par 18 caméras à chacune des représentations. C’est dire l’ampleur de cette production qui réunira aussi moult musiciens et deux danseurs chevronnés (Fabien Piché et Josiane Bernier) qui se mouvront dans l’espace. Au total, c’est 9 artistes qui s’exécuteront à chaque soir.
Dreamland, c’est carrément un laboratoire de création pour le Théâtre Rude Ingénierie. C’est une étude autour de la sculpture avec des petites pièces fragiles et un amas de matériaux dépareillés qui forment un tout étonnamment cohérent mais très fragile. À tout moment, les dispositifs risquent de se briser ou, tout simplement, de ne pas s’actionner.
Le public sera, comme moi, amené à tourner autour de l’oeuvre pendant les représentations narrées (je ne l’avais pas encore spécifié) et rythmées par des oeuvres sonores originales. L’expérience sera, promet-on, plus près du vernissage que de la pièce de théâtre conventionnelle. Mal au dos? Rassurez-vous: des chaises seront aussi disponibles pour vous.
Avec sa douzaine de saynètes, Dreamland racontera l’histoire réelle mais aussi imaginaire de Coney Island, la péninsule festive du Sud de Brooklyn, à New York. Un endroit un peu étrange qui semble hanté par son héritage culturel et social complètement surréaliste.
Au début du siècle dernier, les parcs d’attractions Luna, Steeplechase et Dreamland inspiraient les artistes et attiraient les foules par ces bâtiments hautement avant-gardistes, un terrain de jeu formidable pour les architectes émergeants de l’époque comme en témoigne cet ouvrage de Rem Koolhaas.
Si Dreamland a brûlé en 1911, et que Steeplechasse Park a fermé ses portes dans les années 60, Luna Park a été ré-ouvert en 2010, soit plus de six décennies après le feu qui l’avait ravagé. À ce sujet, par ailleurs, je vous conseille chaudement [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=OAitxxmaHh0″]le documentaire homonyme de Ric Burns [/youtube]réalisé en 1991 et disponible sur Youtube. Après, on est davantage capable de mesurer l’ampleur du lieu, son importance patrimoniale pour les new yorkais, mais aussi tous les Américains. C’est, comme dirait l’autre, « fa-sci-nant ».
Dreamland
Du 20 septembre au 8 octobre au Théâtre Périscope