Catherine Baril: Piquer à travers
Catherine Baril brode des images fortes, des corps en proie à des ébats sulfureux ou des élans de tendresse.
Sa pratique est très rafraîchissante. Elle allie arts visuels, matière qu’elle a par ailleurs étudiée UQAM, et métiers d’arts. D’une manière peu orthodoxe, cependant, une technique un peu yolo qui ne serait pas cautionnée, par exemple, par les fermières du Cercle homonyme. Catherine Baril cultive une certaine imperfection dans son travail et c’est précisément ce qui me charme chez elle.
Les toiles de coton qu’elle utilise ne sont pas apprêtées, une texture rough, inégale, qui crée un contraste intéressant avec ses broderies infiniment délicates. Ses successions de points en apparences fragiles déclinés dans un camaïeu pastel ou noir.
Parfois, elle se risque même à quelques insertions de sequins. Une touche festive, pas prétentieuse pour deux sous.
C’est à l’invitation du Cercle, et plus précisément la directrice artistique Caroline Simonis, qu’elle présente Percer le sublime, sa première exposition en carrière. Un accomplissement peu banal pour cette créatrice multidisciplinaire qui trime dur, qui a été costumière au théâtre puis designer de sa propre ligne sacs à main dans le passé.
L’an dernier, elle lançait Check la fille, une marque indépendante de bijoux sculpturaux à souhait dessinés aux côtés la céramiste Véronique Martel. Des « statement pieces », en bon latin, des colliers colorés et ostentatoires qui viennent dérider n’importe quel t-shirt ou chemisier banal.
Habiller les corps, les accessoiriser, a forcément un impact sur ses œuvres. Fascinée par la danse contemporaine, profondément marqué par le récent passage du Holy Body Tattoo de Dana Gingras au Grand Théâtre comme par les chorégraphies de Marie Chouinard, Catherine Baril impose des mouvements à ses personnages.
Elle accumule aussi des magazines importés (genre : Dazed and Confused) pour ensuite récupérer quelques images finement choisies, les intégrer de façon très libres à son travail. La photographie de mode occupe, pour ainsi dire, une place importante sur son mood board. Un médium souvent snobé et cantonné, à tort, aux séances photos de téléréalités burlesques comme America’s Next Top Model. On tend souvent à oublier Edward Steichen et les autres… Et pourtant!
Percer le sublime
Du 9 novembre au 9 janvier au Cercle (Aquarium)