Librairie St-Jean-Baptiste: Refuge hors du temps
Lenteur et ravissement. La Librairie St-Jean-Baptiste paraît dix fois plus vieille qu’elle ne l’est vraiment. Un lieu sans âge, romantique, photogénique à souhait.
Ce n’est tout à fait un bar, ni vraiment un café, une salle de spectacle ou vraiment une simple bibliothèque. La Librairie St-Jean-Baptiste n’entre dans aucune petite case. C’est un endroit pour bouder, ou siroter un breuvage chaud en tête-à-tête avec son ordinateur portable, un repère pour les habitués, comme celui que tous surnomment Ti-Père (le doyen), qui refont le monde avec désinvolture.
L’ambiance familière rappelle, pour ainsi dire, celle d’une taverne. Sauf qu’ici, en ce moment, les collages sulfureux de Laurent Pagano remplacent le calendrier du Summum et les conversations sur le hockey font placent à des débats décontractés à saveur politique. Des revues de presse quotidiennes, en somme, qui s’entament chaque jour dès 11h06 – l’heure d’ouverture officielle et archi précise de la maison.
Sise dans un local qui aurait servi de point de rencontre pour des francs-maçons, l’énigmatique organisation en proie à des rituels qui le sont tout autant, la librairie est née de la vision d’un certain David Mordret. Un personnage insaisissable bien que fort jovial, un historien de formation fasciné par Les croisades et la Conquête espagnole, un chasseur de thé (du Labrador) qui cueille lui-même ses feuilles dans les bois, un type qui a bifurqué vers des études littéraires mais qui n’écrit pas parce que, de toute façon, « il y a beaucoup trop d’écrivains. »
Au lieu de ça, au lieu de prendre la plume, il agit comme un commissaire de livre. Sa collection célèbre des auteurs aussi variés que Shakespeare, Molière, Nitezsche et Desrochers… comme dans Clémence. Un répertoire qui passe des grands romans aux futures classiques (il cite Milan Kundera et François Blais au passage), des essais philosophiques aux recueils de poésie. Le livre, ici, est traité comme un objet noble pour la « transmission de connaissances ». Quelque chose qu’on peut acheter ou, carrément, clencher sur place en 5 ou 6 heures. Ce n’est pas du tout mal vu.
Un piano et une quarantaine de chaises meublent partiellement la pièce à l’arrière, des objets mis à la disposition des musiciens de passage. Récemment, la harpiste-chanteuse Ada Lea est venue faire son tour, alors que Gab Paquet (ancien barista de la place), Simon Paradis et Jane Ehrhardt comptent parmi les piliers. Moult violonistes, flûtistes et solistes fréquentent aussi l’endroit dans le cadre des Rendez-vous classiques mensuels. Le prochain, avec le Duo Palladium (flûte et piano) aura lieu le 11 décembre prochain.
La Librairie St-Jean-Baptiste est également le théâtre de causeries et conférences à vocation presque communautaire. Cela fera, une discussion sur la culture du viol, s’y tiendra par ailleurs ce dimanche 20 novembre à 19h. Une lueur de lumière dans la torpeur, un peu de réconfort après les récents événements à l’Université Laval.
Librairie St-Jean-Baptiste, 565 rue St-Jean