Passage Olympia : Initiales SJB
Peu boisé et densément peuplé, le quartier St-Jean-Baptiste crame sous le macadam à chaque journée ensoleillée que la belle saison amène. Le Passage Olympia, tout frais, tout joli, s’impose donc comme un oasis dans une mer d’îlots de chaleur.
Ce n’est pas Paris
Et ce n’est pas Montréal
Ce n’est pas St-Roch
Ni même St-Sauveur
Pas Limoilou
Et il fait si doux
Bienvenue à l’Olympia
On est si bien, et quitte à citer Metronomy via Clara Luciani, le dos appuyé sur le dossier d’une chaise jaune du Passage Olympia. La place éphémère que les habitants quartier St-Jean-Baptiste attendaient, sagement, mais depuis longtemps, enviant secrètement les stationnements pour piétons et autres initiatives des SDC voisines.
Sis face au regretté Commensal, coquet local qu’il nous tarde de voir repris par un commerçant, le Passage Olympia tient son nom du théâtre homonyme ouvert en 1909. Un palace du septième art modelé dans la charpente d’une église protestante construite 33 printemps plus tôt, un bâtiment à la grandiloquence vétuste qui avait été réduit à l’état de cendres en 1946. Depuis l’incendie, rien n’avait été reconstruit sur ce terrain étroit et très long, sinon qu’une petite cabane de bois adossée au mur du salon de beauté adjacent. C’était, depuis fort longtemps déjà, un énième espace de stationnement.
En poste depuis trois lundis, Marie-Noëlle Bellegarde Turgeon (directrice générale de la SDC St-Jean-Baptiste) reprend la balle au bond et met à terme le projet que sa prédécesseure Catherine Laberge avait mené de front avec la Ville de Québec. Officieusement ouvert depuis avant-hier, l’ex étang d’asphalte est déjà le théâtre d’une nouvelle histoire. “Une tabernacle de belle reconversion”, comme dirait l’autre.
La murale, une impression sur toile pensée pour résister aux rudesses de l’hiver, est l’oeuvre de l’illustrateur et trafiquant d’art Fred Jourdain. Une juxtaposition d’images qui évoque le noir et blanc des cinémas d’antan, ses baisers langoureux mais sans langue, ses monstres poussiéreux comme le comte suceur de sang campé par Béla Lugosi dans le Dracula de 1931. Une fresque qui s’harmonise avec le tapis rouge de macadam traversant le parc d’un bout à l’autre.
Une fête, la première d’une série qu’on espère longue et plaisante, sera organisée ce samedi 28 juillet au Passage Olympia. Le multi-instrumentiste Philippe Gagné s’y produira tel un seul homme, muni de son handpan qui intrigue et envoûte les touristes de la cité intra-muros depuis une demi-douzaine d’étés. Une musique aux tonalités universelle quis, avec un peu de chance, saura rallier visiteurs et locaux le temps d’un 5 à 7.
S’il y a un seul quartier qui peut réunir ces deux solitudes, c’est bien St-Jean-Baptiste.
Passage Olympia
865 rue St-Jean (Québec)