Oscars 2015 : Le triomphe de Birdman
Birdman, d’Alejandro Gonzalez Innaritu, a raflé toutes les statuettes les plus prestigieuses aux Oscars 2015, incluant celle de Meilleur film, lors d’une cérémonie notamment marquée par les discours inspirés de la comédienne Patricia Arquette et du scénariste Graham Moore.
Sur une possibilité de 9 statuettes, Alejandro Gonzalez Innaritu et son équipe en ont remporté 4, et pas les moindres: Meilleur film, Meilleur scénario, Meilleure photographie et Meilleure réalisation. Un cocktail sans fausses notes pour le réalisateur d’origine mexicaine, qui a d’ailleurs donné une coloration politique à son discours final en disant souhaiter un meilleur gouvernement pour son pays et en soulignant le courage des immigrants mexicains aux États-Unis, une « formidable nation immigrante ». Son acteur vedette, Michael Keaton n’a toutefois pas été récompensé de l’Oscar du meilleur acteur.
À relire: la critique de Birdman par notre journaliste Joseph Elfassi
La plupart des prix récompensant le travail plastique ont été remis, sans surprises, à Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson, qui récolte les Oscars des Meilleurs costumes, des Meilleurs maquillages et coiffures, ainsi que le Prix de la direction artistique et de la trame sonore. C’est également une récolte de 4 statuettes sur une possibilité de 9 pour ce long métrage qui a dû renoncer aux statuettes les plus importantes (meilleur film, meilleure réalisation et meilleur scénario) au profit de Birdman.
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D’autres excellents films ont souffert de la domination de Birdman dans les catégories phares: c’est le cas de The imitation game, de Morten Tyldum, qui n’a été lauréat que d’un Oscar malgré ses 8 nominations. Le scénariste Graham Moore, qui a adapté la biographie d’Alan Turing par Andrew Hodges, a été remarqué pour son discours touchant sur le sentiment d’ostracisation qui l’oppressait à l’adolescence, se félicitant d’avoir su un jour apprécier sa ‘bizarrerie » et s’adressant aux jeunes en les exhortant à cultiver leur différence.
Le brillant comédien Benedict Cumberbatch, notamment, n’a pas été récompensé du prix convoité du meilleur acteur, plutôt remis à Eddie Redmayne pour son interprétation de Stephen Hawking dans le film The theory of everything. Le jeune acteur britannique a prononcé un discours enthousiaste et énergique, hautement remarqué.
Boyhood, le film de Richard Linklater hautement plébiscité par une critique dithyrambique à cause de son audacieux tournage étalé sur 12 ans, a également été l’un des grands perdants de la soirée, ne récoltant qu’une statuette malgré ses 6 nominations. Le prix de la meilleure actrice dans un rôle de soutien, remis à Patricia Arquette pour son interprétation remarquable d’une mère de famille souvent au bout du rouleau, a donné lieu à l’un des moments les plus forts de la soirée, alors que la comédienne a prononcé un discours militant appelant à l’égalité des sexes et des salaires. La comédienne Meryl Streep, se levant de son siège d’un bond, lui a lancé des applaudissements nourris.
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Le prix du meilleur acteur dans un rôle de soutien à été attribué à J.K. Simmons pour son interprétation puissante d’un incisif et exigeant professeur de musique dans Whiplash, de Damien Chazelle, qui était également l’un des films favoris de l’Académie avec ses 5 nominations. Le film a également été lauréat de l’Oscar du mixage sonore et du meilleur montage. À relire: notre entrevue avec Damien Chazelle C’est Julianne Moore, sans surprises, qui a récolté l’Oscar de la meilleure actrice pour son touchant rôle de femme combattant l’Alzheimer dans le film Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland. Actrice remarquable, elle remportait ce soir son tout premier Oscar en carrière. L’Oscar du meilleur film en langue étrangère, où étaient nominés de très grands films (notamment Leviathan et Timbuktu), a été décerné au long métrage Ida, du Polonais Pawel Pawlosky. À la barre de la cérémonie, le comédien Neil Patrick Harris a officié de main de maître, usant d’un humour juste assez incisif et se prêtant à quelques sympathiques mises en scène, se retrouvant notamment en sous-vêtements à affirmer, pince-sans-rire, qu' »être acteur est un métier noble ». Son numéro d’ouverture, très théâtral, fut à la hauteur des attentes. Il a par ailleurs osé une blague sur la polémique des derniers jours au sujet de la Cérémonie des Oscars, jugée trop « blanche et homogène » par de nombreux commentateurs. « Aujourd’hui, a-t-il dit, nous honorons le meilleur Hollywood et le plus blanc (« whitest » en anglais). » Il s’est alors repris: « Pardon… le plus brillant (« brightest ») ».
J’ai beaucoup aimé cette soirée, haute en couleur, brillante, festive, avec des commentaires intelligents et engagés de plusieurs des gagnants, et des performances musicales merveilleuses, dont celle de Lady Gaga!