RVCQ / Premières Nations et Septième Art
Un survol des films présentés aux RVCQ qui traitent de réalités et de problématiques dans les communautés des Premières Nations.
À premier aperçu, j’aurai placé 3 histoires d’Indiens de Robert Morin comme grand gagnant des films mettant en scène des communautés autochtones aux Rendez-Vous du Cinéma Québécois. Au VOIR, on avait déjà raffolé sur ce film, un triptyque en quatre saisons qui suivait trois récits différents: celui d’un bricoleur naïf mais oh combien débrouillard avec son matériel audio-visuel, un jeune homme introverti écoutant de la musique classique sur ses écouteurs, et trois jeunes femmes obsédées par la sainte Kateri Tékakwitha.
Quand on parle de films « atypiques », on fait probablement référence à des films comme celui-là: captivants parce que fondamentalement imprévisibles. Étranges parce qu’ils ne respectent pas les codes cinématographiques auxquels nous sommes habitués à cause des standards redondants de l’industrie. Mais c’est réellement une oeuvre unique, étrange, touchante, qui vaut clairement le détour.
Sauf que ce n’est pas mon grand gagnant personnel d’une catégorie personnelle limitée inventée de toute pièce. Le gagnant de cet honneur prestigieux, qui préside une production de qualité sans la dominer, c’est Sol.
Il s’agit d’un documentaire qui nous place au Nunavut, quelques années après la mort mystérieuse du jeune homme troublé Solomon Tapatiaq Uyarasuk, un artiste qui mourra dans sa cellule après une altercation fraternelle qui l’aura placée, au final, entre les mains de la police. Ce qui est frappant, c’est que la cause officielle du décès, c’est le suicide, bien que plusieurs indices nous laisseraient croire en une potentielle agression policière trop violente.
Bien que le propos du film ne se permette pas d’accuser explicitement le corps policier pour la mort de ce jeune homme, cette accusation est implicite. Mais cela n’empêchera pas les réalisatrices de se pencher sur la problématique du suicide. Non pas le suicide hypothétique de Solomon, mais le taux de suicide bien réel et effarant de la communauté autochtone au Nunavut. Il s’agit d’un fléau statistique qui affecte tout le monde, et la mort de Solomon permettra à ce film de plonger dans la réalité difficile d’une communauté appauvrie et en pleine détresse sociale, qui commence à adresser ce tabou et ce fléau avec de plus en plus de rigueur et d’ouverture.
En termes de films frappants traitant de sujets autochtones aux RVCQ, Portrait Innu m’a vraiment frappé: le film jette un regard intime sur la réalité quotidienne d’une hermite auto-suffisante dont le corps vieillit mais qui est toujours habitée par une vive détermination et une force intérieure plutôt frappante.
Finalement, une oeuvre qui peut créer des rapprochements plutôt que de juste faire le constat nécessaire et troublant des crises ou des situations marquantes de ces communautés: la marche Assi. Un groupe de femmes innue se rend à Montréal à pied à partir du nord du Fleuve Saint-Laurent. Leurs revendications locales se mèleront aux manifestations étudiantes et autres luttes sociales centralisées à Montréal, et il y a quelque chose de réellement inspirant à voir ces femmes fouler le sol pendant si longtemps pour une cause qui compte tant pour elles. C’est un photoreportage avec interventions audio de supporteurs et détracteurs de leur projet, donc on a droit à une variété de points de vues qui enrichit réellement ce documentaire.
Bref, les films, vous pouvez les voir à ces moments:
Sol sera présenté le 28 février à la Salle Fernand Séguin de la Cinémathèque Québécoise, à 16h30, en présence des réalisatrices Susan Avingaq et Marie-Hélène Cousineau. Vas-y!
3 Histoires d’Indiens sera présenté le 24 février à 17h15 à la salle 12 du Cineplex Odeon Quartier Latin ainsi que le 27 février à la Salle Claude Jutra de la Cinémathèque Québécoise
La marche Assi a été présentée le 22 février au Pavillon Judith Jasmin de l’UQAM (meilleure chance la prochaine fois, hélas). Idem pour Portrait Innu.