Voir au Mexique: Une virée au festival international de films de Los Cabos
Dans une charmante petite ville de la Basse-Californie du Sud, au Mexique, se déroule pour une quatrième année consécutive un festival de cinéma qui prend de l’expansion et cherche visiblement à jouer dans la cour des grands. On est sur place cette année pour voir de quel bois se chauffe le festival de Los Cabos, destiné à créer le dialogue entre le cinéma du Mexique, des États-Unis et du Canada.
L’invitation est arrivée il y a quelques semaines, intrigante. Depuis deux ans, le festival international du film de Los Cabos sort l’artillerie lourde pour séduire les journalistes de toute l’Amérique du Nord et faire parler de lui. Ça risque de marcher, car il y a ici, en plus d’un festival mené par une équipe très professionnelle et championne de l’accueil, des éléments de charme indéniables.
Los Cabos, nom donné à un territoire qui englobe en fait les villes de Cabo San Lucas et San José del Cabo, est l’un de ces nombreux petit paradis mexicains pour vacanciers. Le climat sec et chaud de cette région située à la pointe sud de la Basse-Californie du Sud, les vagues de la mer de Cortes et les sommets des montages basses qu’on peut observer partout sur le territoire en font un lieu de beauté indéniable, qui a un petit je-ne-sais-quoi de bien différent des autres destinations soleil du Mexique. Ça ne peut pas être dissuasif pour le cinéphile québécois habité par le spleen en pleine grisaille de novembre.
Mais trève de tourisme, parlons cinéma. On est venus en partie constater la vague d’amour à l’endroit du compatriote Jean-Marc Vallée, qui est l’objet d’un hommage cette année à Los Cabos. En plus de la soirée tapis rouge en ouverture de festival autour de Demolition, nouveau film américain de l’enfant chéri, Los Cabos propose des projections-souvenir de C.R.A.Z.Y et Café de Flore.
Visiblement comblé, Vallée s’est présenté sur la scène du Pabellón Cultural de Cabo San Lucas pour recevoir le prix-hommage des mains du comédien Jared Leto, celui-là tout sourire et vêtu de cuir, venu évoquer quelques souvenirs de tournage de Dallas Buyer’s club. Los Cabos est un festival tout neuf mais déjà, les invités prestigieux ne se font pas prier pour venir y faire un tour. Mettons ça dans la colonne des bonnes nouvelles.
Et le film? Pas une grande primeur pour une partie du public international du festival, qui l’avait vu en septembre au Festival de Toronto. Mais rien de mal à voir une deuxième fois un film réussi. Demolition nous a fait le même effet que lors de sa première mondiale à Toronto: le réalisateur s’y montre en pleine forme dans un film rythmé et introspectif, avec ses flashbacks puissants et hachurés; un film dans lequel il réaffirme d’ailleurs sa complicité avec l’acteur Jake Gyllenhaal, chouchou des réalisateurs québécois à Hollywood. Demolition, comme on vous le disait en septembre, «est aussi une comédie marquée par un humour décalé et subtil, qui transforme la quête du personnage en une aventure ludique, par fins traits d’autodérision et d’esprit». Étrangement, le public de Los Cabos est resté davantage insensible à cet humour qui avait fait rire puissamment le public du TIFF. Question de culture, sans doute.
Le film sort en salle quelque part en 2016, on vous en reparlera de long en large, en entrevue comme en critique.
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Le Québec est aussi fièrement représenté par Anne Emond, venu présenter son nouveau film Les êtres chers. On a hâte de voir comment sera accueilli ce récit familial mettant en vedette le comédien Maxime Gaudette.
Il y aura tout le weekend ici de ces soirées gala avec tapis rouge et paillettes, mais Los Cabos semble souffrir de sa nouveauté dans le circuit des festivals et peine à attirer des premières mondiales pour ses soirées prestigieuses. Ainsi le festival mise gros sur des films qui sont déjà passés par de nombreux autres festivals avant lui et qui, dans certains cas, sont déjà en salle sur plusieurs écrans en Amérique du Nord. C’est le cas de Remember, d’Atom Egoyan, et de Steve Jobs, de Danny Boyle, tous deux toutefois présentés en première mexicaine ou latino-américaine.
Pas grave, on préfère profiter de notre présence ici pour découvrir de jeunes réalisateurs mexicains. Ainsi nous vous reparlerons de Katina Medina Mora, qui présente son deuxième film Sabrás qué hacer conmigo, sur la rencontre improbable de deux âmes perdues dans un corridor d’hôpital. Un film d’amour hors norme, sur fond de drames familiaux. On surveillera aussi Desde Allá, de Lorenzo Vigas et Te Prometo Anarquía, de Julio Hernández Cordón.
On ne se plaindra pas de pouvoir faire le plein de cinéma mexicain, la plupart du temps étonnant dans son réalisme maîtrisé et à fleur de peau. Mais il manque à Los Cabos d’occasions de discussions et de mises en perspective: aucune table ronde ou rencontres avec les cinéastes n’est au programme. L’occasion de discuter des liens thématiques ou esthétiques entre les cinématographies indépendantes du Canada, du Mexique et des États-Unis aurait pourtant été belle.
Notre journaliste est au Mexique à l’invitation du Festival international de films de Los Cabos.