Leonardo DiCaprio a enfin gagné son Oscar!

Le Dolby Theatre de Los Angeles a déroulé son tapis rouge pour les stars et la soirée fut rythmée mais également très militante. Accusée de proposer un regard « trop blanc » sur l’industrie du cinéma dans les jours qui ont suivi l’annonce des nominations, l’Académie a voulu montrer patte blanche (désolé pour ce jeu de mot facile) en invitant sur scène les personnalités noires les plus prisées d’Hollywood : on y a vu notamment Kevin Hart, Whoopi Goldberg et Louis Gossett Jr.

Le choix de Chris Rock comme animateur de la soirée a aussi permis un numéro d’ouverture rigolo au sujet de cette polémique et de nombreux clins d’oeil sous forme de capsules ironiques. Jusqu’à satiété, presque, mais le tout fut fait avec un humour juste assez incisif, la dérision ne réduisant jamais l’importance de l’enjeu qui a été soulevé par les détracteurs de cette soirée des Oscars qui dénoncent un Hollywood peu représentatif de la société américaine. « Oui, Hollywood est raciste de manière insidieuse », a dit l’animateur, tout de blanc vêtu. «Vous vous rendez compte que s’il y avait eu des nominations pour la présentation, je n’aurais même pas eu ce boulot; vous seriez en train de regarder Neil Patrick Harris en ce moment ».

Le triomphe de Leo

Tout Hollywood attendait ce moment : l’acteur fétiche Leonardo DiCaprio a enfin gagné l’Oscar du meilleur acteur. Sa sixième nomination dans cette catégorie aura finalement été la bonne, pour son rôle physique et intense dans The Revenant, d’Alejandro González Iñárritu. Le réalisateur d’origine mexicaine a aussi raflé la statuette du meilleur réalisateur (pour une deuxième année consécutive), et son grand film de survie fut aussi couronné de l’Oscar de la direction photo. Mais rien d’autre, alors que le film était en lice dans 12 catégories.

Le comédien adulé, fidèle à son habitude, a prononcé un discours militant, sommant le monde entier de prendre au sérieux les changements climatiques. « Ne prenons pas cette planète pour acquise, a-t-il lancé. Comme je ne prends pas cette soirée pour acquise ».

Le prix du meilleur film, que plusieurs imaginaient aussi dans les mains d’Iñárritu pour The Revenant, est plutôt remis à  Spotlight, de Tom McCarthy, un brillant film racontant une célèbre enquête du Boston Globe au sujet des abus sexuels au sein de l’Église catholique. Le film est également lauréat de l’Oscar du meilleur scénario.

C’est Mad Max: Fury Road qui a damé le pion à tout le monde dans les catégories les plus techniques : meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleurs maquillages, meilleur montage, meilleur montage sonore et meilleur mixage sonore. Le film est grand gagnant des Oscars avec ces 6 statuettes. Le prix des effets visuels a toutefois été remis à Ex Machina. Rien pour Star Wars, ce qui est pour le moins inusité.

Autres prix remarqués : Alicia Vikander et Mark Rylance sont les meilleurs acteurs dans un rôle de soutien, respectivement pour leurs rôles dans The danish girl et Bridge of spies. C’est l’actrice Brie Larson qui est couronnée meilleure actrice pour son rôle dans Room, de Lenny Abrahamson. « Elle plonge dans ce rôle corps et âme », écrivait notre collaborateur Nicolas Gendron en novembre dernier. 

L’un des prix les plus mérités de la soirée est certainement l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, remis au troublant et percutant Son of saul, du Hongrois Lazlo Nemes. « Une expérience à tenter absolument pour la suite du monde », écrivait notre collaborateur Jean-Baptiste Hervé en janvier.

La catégorie du meilleur documentaire était corsée, avec notamment l’excellent The look of silence, de Joshua Oppenheimer. Mais c’est Amy, d’Asif Kapadian, qui a reçu les grands honneurs.

The hateful eight, de Tarantino, n’a reçu qu’un Oscar, pour la musique originale d’Ennio Morricone. L’autre grand perdant de la soirée est Brooklyn (tourné à Montréal), que plusieurs auraient aimé voir repartir avec au moins une statuette.

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Voici la liste complète des lauréats:

Meilleur scénario original : Spotlight
Meilleur scénario adapté : The big short
Meilleure actrice dans un rôle de soutien: Alicia Vikander, The danish girl
Meilleurs costumes : Mad Max: Fury Road
Meilleurs décors : Mad Max: Fury Road
Meilleurs maquillages : Mad Max: Fury Road
Meilleure direction photo : Emmanuel Lubezki pour The Revenant
Meilleur montage : Mad Max: Fury Road
Meilleur montage sonore: Mad Max: Fury Road
Meilleur mixage sonore: Mad Max : Fury Road
Meilleurs effets visuels : Ex Machina
Meilleur court métrage d’animation : Bear story, de Gabriel Osorio
Meilleur film d’animation : Inside out, de Pete Doctor et Ronnie del Carmen
Meilleur acteur dans un rôle de soutien : Mark Rylance dans Bridge of spies
Meilleur court métrage documentaire: A girl in the river : the price of forgiveness (ndlr : la réalisatrice Sharmeen Obaid-Chinoy est une canado-pakistanaise)
Meilleur documentaire : Amy, d’Asif Kapadian
Meilleur court métrage: Stutterer, de Benjamin Clery
Meilleur film en langue étrangère: Son of Saul, de Lazlo Nemes (Hongrie)
Meilleure musique originale : Ennio Morricone pour la musique de The hateful eight
Meilleure chanson originale : Sam Smith, Spectre
Meilleur réalisateur : Alejandro González Iñárritu, The Revenant
Meilleure actrice : Brie Larson, Room
Meilleur acteur : Leonardo DiCaprio, The Revenant
Meilleur film : Spotlight, de Tom McCarthy