The Residents: Enfin démasqués?
Cinéma

The Residents: Enfin démasqués?

Entretien avec le réalisateur Don Hardy, dont le documentaire Theory of Obscurity: a film about The Residents sera projeté en première montréalaise juste avant le concert du groupe à La Tulipe.

Euh… pardon? Un documentaire sur The Residents? Ces gars qui lancent des disques à la pelletée depuis le début des années 1970 et dont on ne connait pourtant pas l’identité? Hé bien oui… Dès le début du film, une citation de Matt Groening, créateur des Simpsons, qui rédigea la première «histoire» du groupe, en 1979: «There is no true story of The Residents»… Voilà qui donne le ton. L’instant d’après, on nous présente Roland Sheehan, un organiste que l’on imagine mieux en duo avec Norman L’Amour qu’improvisant avec la crème de l’avant-garde états-unienne. Mettons que le doute s’installe… Rejoint à Oakland (Californie), le réalisateur du premier long-métrage consacré au groupe, Don Hardy, ne tient pas à dissiper le mystère: «Je ne veux pas trop élaborer là-dessus, mais je peux te dire qu’en effet, ce gars-là a connu ceux qui allaient devenir les Residents il y a très longtemps en Louisiane, et il y habite toujours.»

Plusieurs intervenants viennent aussi ajouter leur grain de sel et de nombreux exemples illustrent le travail du groupe. Est-ce bien important, après tout, de savoir si ce Sheehan a bien participé aux tout premiers enregistrements du groupe? Est-ce si important de distinguer la légende de la réalité à propos des différents personnages entourant le groupe (comme le mystérieux N. Senada, que Sheehan appelle simplement « Mysterious »)? «C’est précisément cette incertitude autour du groupe que j’ai voulu explorer avec mes confrères», explique Hardy. «Ces gens ont voulu être des créateurs sans se soucier d’une gloire quelconque qui pourrait accompagner leur succès, mais ils ont vraiment eu une influence profonde sur l’art, la musique et… sur nous en tant que cinéastes».

Hardy et ses amis ont quand même eu une sacrée chance que ces célèbres reclus leur ouvrent les portes de leur antre secret… «Je crois que le timing était bon, que nous les avons trouvés à un moment où ils commençaient eux-mêmes à mettre leur passé en perspective.» En effet, on sait que les membres originaux du groupe commencent à le quitter; la tournée Talking Light en 2010 (que j’annonçais ici comme «probablement la dernière»… mea culpa!) était présentée par « Randy, Chuck & Bob », qui pleuraient le départ à la retraite de « Carlos ». Les trois mêmes ont présenté la tournée du 40e anniversaire en 2013. Cette fois, pour la partie finale du triptyque « Randy, Chuck & Bob », c’est « Chuck » (alias Charles Bobuck) qui aurait quitté, pour raisons de santé, et serait remplacé par « Rico »…

«Mon partenaire de production, Josh Keppel, avait déjà collaboré avec les Residents, et quand nous avons rencontré Homer Flynn, de la Cryptic Corporation (gérance des Residents), ça a marché tout de suite. Nous avons lancé une campagne de sociofinancement et les fans des Residents nous ont beaucoup aidés!» Le film a déjà été présenté dans 40 festivals internationaux et il plaira certainement aux fans du groupe, même s’il laisse de côté certains aspects de cette incroyable histoire… sans fin? «En effet, opine Hardy, ils pourraient bien continuer pour toujours, tant que des gens voudront enfiler les costumes.» En attendant, on ira voir les vrais à La Tulipe!

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The Residents présentent Shadowland le 22 avril, 19h à La Tulipe.

La soirée débute avec la projection du film Theory of Obscurity: A film about The Residents.

Portes 18h, début de la projection 19h.

latulipe.ca // residents.com