Le film de François Jaros bien reçu à la Semaine de la critique
Le réalisateur François Jaros, notamment connu pour le court métrage Toutes des connes, a présenté dimanche à Cannes à la Semaine de la critique son nouveau film Oh what a wonderful feeling. Nous l’avons joint pour discuter de la très bonne réception du court métrage sur la Croisette.
C’est un cinéaste éclectique, qui refuse de se cantonner à un seul genre. Ce nouveau film, d’ailleurs, surprend par son caractère énigmatique et cauchemardesque, qui tranche avec le ton amusé de Toutes des connes ou la narrativité bienveillante de Maurice. « C’est un film qui, cette fois, cultive l’énigme et qui est sujet à différentes interprétations. Il est de l’ordre du ressenti plutôt que de la compréhension narrative claire. »
On y suit une jeune fille dans un « voyage à travers la nuit ». Capturée par un camion, elle vit une forme de transformation nocturne au fil des kilomètres. « Elle passe de proie à prédatrice, explique Jaros. Mais elle vit aussi une sorte d’épreuve initiatique. Ce n’est pas construit de manière percutante, pas kafkaïen comme transformation, mais quelque chose se passe doucement. C’est un film un peu paranoïde, mais il y a bien sûr aussi une petite dose d’humour. »
Jaros s’est nourri de sa fascination pour les truck stops, ces « immenses lieux déserts en pleine nuit », qui ont un « caractère inquiétant et en même temps apaisant ». « Depuis toujours, dit-il, les dix-roues me font peur. Ils sont imposants et peuvent nous broyer, mais on ne les remarque même plus sur la route. Je me suis amusé à accentuer le contraste entre l’humain, si petit, et la machine, si géante. Je m’intéresse aussi à la vie du camionneur, à sa grande solitude dans les longs trajets. »
Applaudi chaleureusement par le public très démonstratif de la Semaine de la critique lors des deux projections de dimanche, le film semble déjà promis à un bel avenir en festival. Le cinéaste ne peut rien confirmer pour l’instant mais au moins trois festivals importants ont mis le film sur leur radar. « Je sens qu’il y a un fort intérêt. Je m’amuse beaucoup à discuter du film avec les spectateurs. Chaque personne voit le film a sa façon; c’est intéressant de comparer les interprétations. C’est cliché de dire ça, mais la Semaine de la critique c’est particulier; il y a une grande bienveillance à l’égard des films et des cinéastes sélectionnés. Je sens que je viens d’entrer dans la grande famille cannoise. Et le feeling est très bon. »